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AN. 1118. naux pour lui aider; il donna la garde de Benevent à Hugues cardinal des faints apôtres: à Nicolas la conduite des chantres: il laiffa la prefecture de Rome à Pierre, qui l'avoit prise ma!gré le pape Pafcal, quoique ce fut un méchant homme: mais il donna l'étendart & la garde de la ville à Eticune le Normand, qui étoit le plus confiderable de fon parti.

ep. 4.

LI.

Tyr.xi.29.

Le pape Gelafe étoit encore à Rome le premier jour de Septembre, comme il paroît par la bulle donnée en faveur de Gautier archevêque de Ravenne : qui aïant été tiré malgré lui d'entre les chanoines reguliers, avoit été élû unanimement pour remplir ce fiege, & facré par le pape. Depuis Guibert cette églife avoit été jufques-là dans le fchifme, occupée par des évêques que l'empereur avoit choifis : c'eftpourquoi les papes avoient fouftrait à la juris diction de Ravenne, les églifes de Plaifance, Parme, Rege, & Bologne. Par cette bulle le pape Gelafe en faveur de la réunion à l'églife Romaine, rend à celle de Ravenne fes droits fur ces quatre églifes, & fur toutes les autres qui y font énoncées, & accorde à Gautier le pallium.

Jerufalem changea cependant de roi & de Baudouin patriarche. Dès l'année precedente le roi BauII. roi de doüin avoit été dangereusement malade ; & fe Jerufalem. croiant prêt à rendre compte à Dieu de fes actions, il renvoia Adelaïde comteffe de Sicile, qu'il avoit fait venir & épousée trois ans Sup. n. 16. auparavant, quoique fa femme legitime qui étoit demeurée à Edeffe, vécût encore. Ce fut par le confeil du patriarche Arnoul, que Baudouin trompa ainfi cette princeffe, & s'attira par là à lui & à fon roïaume, une haine immortelle du comte Roger, depuis roi de Sicile, fils d'Adelaide. L'année fuivante le roi

6.31.

6. 31,

Baudoiiin retomba malade en Egypte, où il AN. 1118, faifoit la guerre, & mourut comme il revenoit en Palestine, la dix-huitième année de fon regne. On rapporta fon corps à Jerufalem, où il arriva le dimanche des Rameaux feptiéme d'Avril 1118. dans le même tems que la proceffion en fortoit, & par le même chemin, qui étoit la vallée de Jofaphat. Il fut enterré près du roi Godefroi fon frere, dons l'églife du faint Sepulcre.

Son fucceffeur fut Baudouin du Bourg fon Id.'ib.xıì. parent, à qui il avoit laiffé le comté d'Edeffe ↳ quand il fut appellé à la couronne. Il étoit François, fils aîné de Hugues comte de Retel, & vint à la croifade avec Godefroi de Bouillon. Après avoir gouverné dix-huit ans la comté d'Edeffe, il voulut aller à Jerufalemn vi- c. 2. fiter les faints lieux, & voir le roi fon parent & fon bienfaicteur. Il apprit en chemin que ce prince étoit mort en Egypte, & ne laissa pas de continuer fon voiage: en forte qu'il arriva à Jerufalein en même tems que le corps du roi y fut apporté. Aufli-tôt qu'il fut enterré, les prélats & les feigneurs délibererent fur le choix d'un fucceffeur. Les uns difoient qu'il c. 3. falloit attendre le comte Euftache frere des deux rois défunts, & fuivre la loi de la fucceffion : les autres reprefentoient que l'état du roïaume ne permettoit pas ce délai, & qu'ils ne pouvoient demeurer fans chef. Alors Jofcelin feigneur de Tiberiade, homme habile & éloquent, & qui avoit une très-grande autorité dans le roïaume, leur dit : Voilà le comte d'Edeffe parent du roi, homme brave & vervous n'en fauriez trouver nulle part un plus digne. Le patriarche Arnoul fut du même avis, & ils y amenerent aifément tous les autres. Ainfi Baudoüin II. fut élû roi de Jerufa

tueux

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AN. 111. lem, & couronné folemnellement le jour de Pâques. Cependant on avoit envoïé des feigneurs à Euftache comte de Boulogne, pour l'inviter à venir prendre la couronne après fes freres ils eurent peine à lui perfuader de partir, & toutefois ils l'amenerent jufques en Poüille, où il apprit que l'on avoit couronné le comte d'Edeffe. Alors il dit: Dieu me garde d'appor ter du trouble dans un roïaume où ma famille a rétabli la paix de JESUS-CHRIST, & pour tranquilité duquel mes freres ont donné leur vie & acquis une gloire immortelle. Aufli tôt, quoi qu'on lui pût dire, il retourna fur ses pas & revint chez lui,

Idexi c.26.

XII. c. 6.

LII.

Mort de

l'empereur Alexis Comnene

Le patriarche Arnoul mourut dans la même année. Dès l'an 115. le pape Pafcal bien informé de fes defordres & de fa vie infâme, envoïa en Syrie l'évêque d'Orange en qualité de legat, qui affembla les évêques de tout le roïaume, obligea Arnoul d'y comparoître, & le dépofa de fon fiege comme il meritoit. Mais Arnoul fe fiant à fes artifices, aufquels prefque perfonne ne refiftoit, paffa la mer, vint à Rome; & par fes flateries & les prefens qu'il ré pandit abondamment, gagna fi bien le pape & tout fon confeil, qu'il fut rétabli dans fon fiege & revint à Jerufalem; où il vêcut avec la même licence qu'auparavant. Enfin il mourut l'an 1118. & eut pour fucceffeur un homme fimple & craignant Dieu nommé Gormond; natif de Piquigny au diocese d'Amiens.

La même année 1118. que les Grecs comptoient 6626. le jeudi quinziéme d'Août, mourut à C. P. l'empereur Alexis Comnene, âgé d'environ foixante & dix ans ; après en avoir Arab regné trente-fept, quatre mois & quelques jours. xv. 5. Nonobftant les differends qu'Alexis eut avec les

Zonar. XVIII.n.29

princes Latins, il paroît avoir toûjours été ca

la

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42.

LXIV, n. 22.

LXVI. 8.15. Chr. Caff v. c. 46. bid e. 17. 27.46.

tholique & en communion avec l'églife Romai- AN. 1118. ne: premierement par les lettres qu'il écrivit au pape Urbain II. & Pascal II. enfuite par les of frandes qu'il envoïa en divers tems au monaftere du mont-Caffin, & même à celui de Clugni, quoique beaucoup plus éloigné De plus: ce prince étoit fort foigneux de favoir fa religion; & quand les affaires publiques lui laiffoient quelque loifir, il l'emploïoit à étudier l'écriture fainte, & en conferer avec des perfonnes doctes, dont il y avoit toûjours grand nombre à C. P. Son but en cette étude étoit principalement de reprimer les herefies qui s'étoient gliffées en differentes parties de l'empire à la faveur des dominations étrangeres; & ce fut dans cette vie qu'il ordonna à Euthymius Zigabene de compofer fa Panoplic.

Pet. 1.ep.

39

Euthym. Zigab Pa nople init

LIII.

convertis

Zonar

Anna

Comn. lib.

14. p. 450.

Sup. liv.

Outre ce que j'ai rapporté de la punition des Bogomiles: l'empereur Alexis s'appliqua enco- Pauliciens re vers la fin de fon regne, à rechercher & à convertir d'autres heretiques femblables. C'étoit les Pauliciens que l'empereur Jean Zimif- XVIII. n. ques avoit autrefois tranfportez d'Afie en Thrace, aux environs de Philippopolis, pour défendre cette frontiere contre les incurfions des Scythes mais ces Manichéens nourris dans l'indépendance, revinrent bien-tôt à leur naturel. LVI. . 24. Ils pervertiffoient les catholiques du pais, les pillant & les tyrannifant; & il s'y mêla encore d'autres heretiques Armeniens & Jacobites. L'empereur Alexis aïant foûmis les Pauliciens partie fans combat, partie de force, entreprit de les convertir. Il conferoit avec cux depuis le matin jufques au foir, & quelquefois bien avant dans la nuit, accompagné d'Euftrate évêque de Nicée,& de celui de Philippopolis: le cefar Nicephore Bryenne gendre de l'empereur, affiftoit à ces difputes. Plufieurs de ces Ma

LIV.

tions d'A

lexis.
Jus Graco
Rom.lib.

11. p. 121.
123.

nichéens fe convertirent & fe firent baptifer: mais leurs trois chefs, Coulcon, Coufin & Pholus ne fe rendoient point, & reprenoient la difpute l'un après l'autre. L'empereur defefperant de les perfuader, les envoïa à C. P. où il les fit enfermer.

Cependant il demeuroit fur les lieux, où il en convertiffoit tantôt cent par jour, tantôt davantage, & enfin des villes & des villages entiers. Il donna aux habitans les plus confiderables, des emplois dans fes troupes, & pour le petit peuple, il le raffembla dans une ville qu'il fonda de nouveau, & leur donna des terres à cultiver. Quand il fut de retour à C. P. il recommença à difputer avec les trois chefs des Paulicicns; Couleon fe convertit, les deux autres demeurerent opiniâtres, & furent condamnez à une prifon perpetuelle.

Nous avons plufieurs conftitutions d'Alexis Conftitu. Comnene touchant les matieres ecclefiaftiques. La premiere du mois de Septembre indiction neuvième, c'est-à-dire de l'an 1086. par laquelle il confirme celle de l'empereur Ifaac Comnene fon oncle, qui regloit le canonique des évêques & les droits d'ordination. On appelloit canonique, l'eftimation des prémices que les laiques doivent à l'évêque chaque année, & elle eft ainfi taxée pour un village de trente feux, une piece d'or & deux d'argent, un mouton, fix boiffeaux d'orge, fix de farine, fix mefures de vin, & trente poules. Pour les villages moindres à proportion. Pour les ordinations l'évêque prenoient fept pieces d'or, une pour faire un homme fimple clerc ou lecteur, trois pour le diaconat, & trois pour la prêtrife. On taxe auffi le droit de l'évêque pour les mariages. Une autre conftitution du mois de Juin indiction p.1:6. feptiéme, l'an 6592. c'eft-à-dire 1084. déclare

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