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de l'églife. Les chemins étoient libres pour al

pape,

lui

Malbesh.

XXIV. '

Liberté de

l'églife de

Sens.

to. x conc

ler à Rome, & perfonne n'infultoit aux étran- v. reg. po gers quand ils y étoient arrivez. Les offrandes 169. de faint Pierre étoient auparavant pillées impunement par les Romains les plus puiffans, devant lefquels les papes precedens n'ofoient ou vrir la bouche: mais Callifte fit revenir ces offrandes à fa difpofition, pour les emploïer à l'utilité de l'églife. Ce n'eft pas qu'il fut interef fé au contraire, il confeilloit aux Anglois d'aller au pelerinage à faint Jacques plûtôt qu'à Rome, à caufe de la longueur du chemin; & donnoit la même indulgence à ceux qui y alloient deux fois, que s'ils avoient été à Rome. Le roi de France aïant reçû une lettre du où il lui mandoit la prife de Bourdin, en fit fes complimens par une lettre, où il ajoûte: En relâchant la fentence que vous avez prononcée contre l'archevêque de Sens, vous 87}« nous avez un peu appaifé: mais nous fommes en peine de ce que vous ne l'avez relâchée que =pour un tems. Car il femble que l'archevêque de Lion ait encore quelque efperance d'obtenir la foûmiffion qu'il demande : mais pour dire la verité, je fouffrirois plûtôt que tout mon roïaume fût en feu & ma vie en peril, que d'endurer cet opprobre. Il lui reprefente enfuite les bons offices que la France a rendus à l'églife Romaine, & l'honneur qu'il a fait lui-même au pape d'aller au concile de Reims tout malade qu'il étoit, puis il continue: Nous vous prions donc que l'églife de Sens conferve la liberté dont elle a joiï jusques à prefent; & qu'elle ne reçoive pas de préjudice par cette fujetion, qui

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lui

a été impofée nouvellement & imprudemment. Car on dit. que cette entreprife a été faite en cachette & comme à la derobée, à l'infu du clergé de Sens, des évêques de la province

N w

XXV.

de Virs-
bourg.
b. Ursp.
43, 112.1. j

& du Roy, qui font tous confervateurs de la dignité d'une églife. Cette dignité appartient à l'églife & non à la perfonne; & par confequent fi cet archevêque a difpofé feul de ce qui ne lui appartenoit pas, & promis ce qu'il ne devoit pas promettre l'églife de Sens n'a pas pour cela perdu fon droit, ni fon ancienne liberté. Prenez donc garde, faint pere, que la ville de Lion qui eft d'un autre roïaume ne s'augmente de nôtre perte; & qu'en me voulant foumettre à un prince ami, vous ne nous rendiez ennemis. Si un roi de France fe fent méprifé dans une affaire fi facile, il n'efperera pas d'y reüffir en de plus grandes; & ne s'expofera plus à la honte d'un refus au préjudice de fa dignité. La ville de Lion étoit alors de l'obéïffance de l'empereur à caufe du roïaume de Bourgogne. :

En Allemagne l'empereur Henri refolu de reAffemblée duire Maïence revoltée contre lui, envoïa fes ordres de toutes parts pour en faire le fiege: l'archevêque Albert de fon côté remua toute la Saxe où il s'étoit retiré; & comme il étoit depuis long-tems legat du pape, il emploïa fon autorité pour affembler fouvent les évêques & les feigneurs de la province; & fe fervit de fon éloquence, pour animer tous les catholiques à la défenfe de Maïence, metropole de toute la Germanie. On pretendoit auffi rétablir dans leurs fieges l'évêque de Spire, l'évêque de Vormes, & les autres, qui en avoient été chaffez parce qu'ils étoient fideles au pape. Vers la fin de Juin les armées étoient en campagne, l'une dans la Saxe, l'autre dans l'Alface: on faifoit dans toutes les églifes, des jeunes, des proceffions & des prieres. Elles furent exaucées : Dieu toucha les cœurs des feigneurs ; & les armées étant déja proches, on envoia de part & d'autre ceux qui avoient le plus de fagefle & de pieté pour trai

ter un accommodement. Its firent tant par leurs AN. 1121.raifons & leurs prieres, que l'empereur confentit de s'en rapporter aux feigneurs: on en nomma douze de chaque côté, & on indiqua une affemblée generale à Virfbourg pour la faint Michel. Après s'être touché dans la main pour affurance de cette convention, ils fe feparerent.

Environ trois mois après on s'affembla à Virsbourg comme on étoit convenu; & on traita de la maniere de finir le fchifme, & de rétablir l'union entre l'empire & le facerdoce. On établit premierement une paix très-ferme pour toute l'Allemagne, fous peine de la vie, avec reftitution de toutes les terres ufurpées fur l'églife, fur le prince, ou fur les particuliers. Quant à l'excommunication, qui étoit la fource de prefque tous les defordres, on s'en remit au juge ment du pape, & on nomma deux deputez; favoir Brunon évêque de Spire & Arnoul abbé de Fulde, pour aller à Rome, & prier fa fainteté d'indiquer un concile generale, où cette grande affaire fût terminée. Cependant on envoïa Otton évêque de Bamberg & le duc Henri aux feigueurs de Baviere, qui n'avoient pú fe trouver à Virsbourg, & qui s'étant affemblez à Ratisbonne au premier de Novembre, approuverent les refolutions communes.

Je rapporte à ce tems-là & aux preparatifs du concile general, les traitez de Geofroi de Vendôme fur les inveftitures. Il adreffe le premier au cardinal Pierre de Leon, qui l'avoit confulté fur cette matiere, & il dit: En premier lieu il faut croire fermement, que comme le baptême fait un Chrétien, ainfi l'élection & la confecration fait un évêque; l'une & l'autre eft neceffaire pour l'établir vicaire de JESU SCHRIST; & la confecration eft nulle, fi elle n'eft precedée d'une élection canonique : les

XXVI. Ecrits de Geoffroi

de Vendô me fur less inveftiurGaff opufe

res.

2.

clercs font les vicaires de JESUS-CHRIST dans l'élection, les évêques dans la confecration: tous les autres peuvent bien demander un évêque, mais non pas l'élire ou le facrer. Quiconque donc s'attribuë d'une autre maniere le nom d'évêque & la puiffance ecclefiaftique, celuilà n'entre point par la porte, & doit être compté entre les voleurs. Et enfuite: Quelques-uns croïent que tout eft permis à l'églife Romaine, & qu'elle peut faire par difpenfe autrement que l'écriture ne preferit. Cette opinion eft infensée: l'églife Romaine n'a pas plus de pouvoir que faint Pierre, ni quc JESUS-CHRIST même qui n'eft pas venu abolir la loi, mais l'accomplir. Elle doit donc fe fervir de la puiffance que JESUS-CHRIST lui a donnée, non felon fa volonté, mais felon la tradition de JESUS-CHRIST ; & fi le pape eft averti par quelqu'un de fes inferieurs, de corriger ce qu'il a fait excedant les bornes de la juftice: il doit recevoir cet avis comme faint Pierre reçut celui de faint Paul. Ces paroles font d'autant plus remarquables, qu'elles font d'un cardinal écrivant à un cardinal.

Il foûtient enfuite que l'inveftiture, ou plûtôt l'opinion que les laïques la peuvent donner, eft une herefie, comme la fimonie, & encore pire, en ce qu'elle eft toûjours publique, & qu'elle enferme toûjours la fimonie, puifque les princes ne font fi jaloux de ce droit, que pour leur interêt temporel, ou de recevoir de l'argent, ou de s'affujetti les évêques. Or il traite cette opinion d'herefie, parce qu'il prétend que l'anneau & le bâton paftoral font les fignes fenfibles de la puiffance fpirituelle de l'évêque; & par confequent appartiennent au facrement & à l'ordination, qu'un laïque ne peut conferer. Geoffroi foutient la même doctrine dans un

ཟླ

écrit adreflé au pape Callifte: favoir que l'in- Opuf. 3. veftiture eft une herefie , parce que c'est une entreprife des laïques pour conferer un facre

ment.

Toutefois dans un autre écrit, il convient que Opufc. les princes peuvent donner aux évêques l'inveftiture des biens temporels que l'églife poffede: parce qu'elle ne les tient que de leur liberalité & en vertu de leurs loix: ce qu'il confirme par l'autorité de faint Augustin, puis il continue: Les rois peuvent donc après l'élection canonique & la confecration, donner à l'évêque l'inveftiture des biens ecclefiaftiques, en lui promettant leur protection & il n'importe par quel figne ils le faffent. JESUS-CHRISTA voulu que le glaive fpirituel & le materiel fuf fent emplorez à la défenfe de l'églife: que fi l'un émouffe l'autre, c'eft contre fon intention. C'est ce qui ôte la juftice de l'état & la paix de l'églife: ce qui caufe les fcandales & les fchifmes, la perte des corps & des ames. Et enfui te: Que l'églife conferve fa liberté, mais qu'elle fe donne bien de garde d'exceder dans l'ufage des cenfures, & de rompre le vafe dont elle veut ôter la rouille. Sur quoi il raporte le fameux paffage de faint Auguftin contre Parmenien, pour montrer qu'il ne faut point excommunier celui qui a la multitude e fon côté. Cet écrit eft le premier où j'aye obfervé l'allegorie des deux glaives, pour marquer les deux puiffances, la fpirituelle & la temporelle. Dans Opufe un dernier écrit adreffé au pape Callifte, Geof froi donne ces regles fur les difpenfes. Il faut i quelquefois accorder des difpenfes dans l'églife, non par interêt ou par faveur, mais par une pieufe condefcendance: en permettant pour un tems quelque chofe de moins parfait, phr. que de mettre la foi en peril avec inten

tôt

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