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AN. 1121.

XXVII.

d'Angle

terre.

Novor.

4

tion de rétablir la regle dans un tems plus conve nable. On peut aufli changer par difpenfe les coûtumes des églifes & des monafteres, mais pour établir un plus grand bien au lieu d'un moindre. Celui qui difpenfe autrement n'eft pas vicaire de JESUS-CHRIST, mais un ayeugle qui conduit d'autres aveugles.

En Angleterre dès le mois de Février de la Eglife même année 1121. il y eut une grande affemblée d'évêques & de feigneurs, pour recevoir Edmer. 6. la nouvelle reine Adelaïde fille de Godefroi comte de Louvain. En cette affemblée on parla beaucoup du differend des deux archevêques, Sup. n. 4. Raoul de Cantorberi, & Turftain d'Yorc. Celui-ci aiant été ordonné par le pape Callifte de la maniere qui a été dite, en avoit depuis obtenu des lettres en fa faveur, par les moïens par lefquels on obtenoit tout à Rome. Ces lettres ordonnoient que Turstain fùt mis en poffeffion de fon archevêché, fous peine d'excommunication contre le roi, & de fufpenfe contre l'archevêque de Cantorberi. On lut à cette occafon les privileges des papes donnez en faveur de l'églife de Cantorberi, qui montroient le peu de juftice de cet ordre du pape Callifte: toutefois de peur que fes cenfures ne caufaffent du trouble contre le roi & l'archevêque, l'avis commun fut de permettre à Turstain de revenir en Angleterre, & d'aller droit à Yorc: à condition qu'il ne feroit aucune fonction hors de fon diocefe, jufques à ce qu'il eût fatisfait à l'églife de Cantorberi.

Quelque tems après le pape Callifte aïant établi fon autorité par la prife de Bourdin, commença à l'exercer de tous fes lecôtez par gats entre lefquels il envoïa Pierre moine de Clugni, fils de Pierre de Leon le plus puiffant des Romains, avec la legation de la Gau

mer,

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AN. 1121.

123. Callif. ep.

le, de la grande Bretagne, de l'Irlande, & des ifles Orcades. Nous avons une lettre datée de Benevent le dernier jour de Septembre, par laquelle le pape le recommande au roi de France, pour exercer fa legation dans les terres de l'obéiffance de ce prince. Sa reputation étoit au - deffus de tous les legats precedens; & il avoit envoïé devant en Angleterre, des abbez & d'autres perfonnes confiderables pour annoncer fa venue, dont l'attente tenoit tout le monde en fufpens. Mais le roi d'Angleterre envoïa au-devant de lui Bernard évêque de faint David, & un clerc nommé Jean, fon coufin. Ils avoient charge d'aller trouver le legat deçà la où il attendoit l'ordre du roi ; & de l'amener vers lui, à condition que depuis fon entrée en Angleterre, il ne logeât ni dans les églifes ni dans les monafteres & ne vécût qu'à fes dépens. Le roi le reçut avec honneur: mais quand il eut expofé le fujet de fon voïale roi prit pretexte de la guerre qu'il avoit contre les Galois pour lui dire, qu'il ne = pouvoit alors vaquer à une affaire auffi importante qu'étoit cette legation ; & qu'elle ne pouvoit être autorifée que par le confentement des - évêques, des abbez, des feigneurs, & l'affemblée de tout le roiaume. Il protefta d'ailleurs, qu'il ne fouffriroit point que l'on donnât atteinte de fon vivant aux coûtumes de fes peres, que le pape lui avoit accordées; & dont = une des principales étoit que fon roïaume fût libre de toute jurifdiction de legat. Pierre de Leon vit bien qu'il ne lui convenoit pas de difputer contre le roi, il demeura d'accord de & le roi lui aïant fait des prefens magnifiques, lui promit de travailler de bonne foi à l'accroiffement de fa dignité, & le renvoïa avec honneur hors de l'Angleterre par le même

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tout;

AN. 11216

'XXVIII. Pierre le

abbé de Clugni. Pet. Ve

ner. I mi Tac. c. 12.

chemin qu'il étoit venu, fans avoir fait aucune fonction de legat.

:

Pons abbé de Clugni avoit été élû fort jeuVenerable ne, par l'efperance que donnoit fon beau naturel; & en effet, pendant les premieres années de fon gouvernement il fe conduifit avec beaucoup de fagefle & de moderation : mais dans la fuite du temsil changea & fe laissa emporter à fes paffions. Sa vanité parut au concile de Latran de l'an 1116. où il s'attribua le titre Chr. C d'abbé des abbez fur quoi Jean de Gaëte chancelier de l'églife Romaine, lui demanda file mont-Caflin avoit pris fa regle de Clugni, ou Clugni du mont-Caflin. Pons répondit, que non feulement Clugni, mais tous les mo nafteres de l'églife latine avoient reçu du mont Caffin la regle de faint Benoît; & le chancelier ajoûta: Si donc le mont-Caflin eft la fource de la regle monaftique, c'est avec justice que les papes out accordé cette prérogative à l'abbé du mont-Caffin, de porter feul le titre d'abbé des abbez.

Sup. liv

Pons s'attira peu à peu l'averfion de la pluf part de fes moines: qui l'accufoient de fuivre la legereté de fon efprit, fans écouter les confeils des gens fages, & de diffiper les biens du monaftere: ces plaintes devinrent prefque ge nerales dans l'ordre, fans toutefois éclater au dehors qu'au bout d'environ dix ans : mais elles arriverent enfin aux oreilles du pape Caililte. Pons irrité tourna fa colere contre lui-même, vint à Rome avec précipitation, & demanda inftamment au pape de le décharger de l'abbaie. Le pape fit tout fon poffible pour detourner; s ne pouvant lui faire-changer de réfolution, il lui accorda ce qu'il demandoit Pons étant ainfi libre, paffa en poüule par permiffion du pape, & de-là parmer à ferular

l'en

la

:

Chr. Clan

em, où il fe propofoit de demeurer le refte de AN. 25. es jours. Il avoit gourverné treize ans l'abbaïe le Clugni, & ceda vers le mois d'Avril 1122. p. 1616, Le pape manda ce qui s'étoit paffé aux moies de Clugni, & leur ordonna d'élire ce autre bbé ils élurent Hugues prieur de Marcigni, qui accepta avec une extrême repugnance, & tant fort âgé mourut au bout de trois mois le neuviéme de Juillet. Il fallut donc affembler de ouveau le chapitre general, où fe trouverent quelques abbez; & le jour de l'octave de l'Af fomption vingt-deuxième d'Août 1122. on élut abbé de Clugni Pierre Maurice, dont l'élection fut confirmée par le pape, & il reçut la benediction abbatiale de la main de l'archevêque de Belançon. Pierre étoit de la premiere nobleffe d'Auvergne fes parens l'avoient offert à Dieu dès l'enfance, & l'abbé faint Hugues le reçût à profeffion à l'extrémité de fa vie. Il avoit été prieur de Vezelai, & étoit âgé d'environ trente ans quand il fut pourvû de l'abbaïe de Clugni, qu'il gouverua près de trente-cinq ans. Il eft connu fous le nom de Pierre le venerable.

Vers le même tems que Pierre fut élu abbé de Clugni, Alger écrivain fameux s'y rendit moine. Il étoit de Liege, & dés l'enfance il fe donna tout entier à l'étude, fous les grands hommes dont la fience & les mœurs ornoient alors cette églife. Il fervit premierement à S. Barthelemi en qualité de diacre & d'écolâtre : de là l'évêque Orbert le fit paffer à la cathedrale, où il fervit pendant environ vingt ans fous cet évêque & fous Frideric qui lui fucceda en 1118. Durant ce tems il écrivit pour les affaires ecclefiaftiques plufieurs lettres, que l'on confervoit avee grand foin: mais elles ne font pas venuës jufques à nous, non plus que le recueil qu'it avoit fait des antiquitez de l'églife de Liege.

XXIX.

Alger & fes écrits.

Alog. I

Analect t. 303.

Mabill 6. n. 60. praf. fac.

A N.112.

L'ouvrage qui l'a rendu fameux, eft fon traite de l'euchariftie, contre les diverfes erreurs qu s'étoient introduites fur cet augufte facrement Car les uns, dit-il, croient que le pain & le vin ne font point changez non plus que l'eau du baptême d'autres croient l'impanation, & que JESUS-CHRIST eft dans le pain comme le Verbe dans la chair par l'incarnation: d'autres que le pain & le vin font changez en la chair & au fang, non de JESUS-CHRIST, mais de tout homme agreable à Dieu : d'autres que les prêtres indignes ne confacrent point: d'autres que le corps de JESUS-CHRIST ne demeure point en ce facrement pour ceux qui communient indignement d'autres enfin, qu'il eft fujet aux fuites honteufes de la digeftion. Alger refute folidement toutes ces erreurs, & traite à fond toute la matiere de l'eucharistie.

Il avoit composé un autre ouvrage intitulé de la mifericorde & de la justice, où il montroit comment on devoit temperer la rigueur des canons, les expliquant les uns par les autres : foit pour tolerer les méchans, foit pour corriger les pecheurs, foit pour éviter les excommuniez. Cet ouvrage n'eft pas encore imprimé.

Alger avoit été toute fa vie au-deffus de l'ambition & de l'avarice; plufieurs évêques de Saxe & du refte de l'Allemagne, fur la reputation qu'il avoit d'être grand philofophe & grand theolo gien, lui offrirent des revenus & des dignitez confiderables: mais il prefera la vie privée & fa fortune mediocre & toutefois commode. Enfin après la mort de Frideric évêque de Liege arrivée en 1121. il quitta encore cette vie douce & vint fe rendre moine à Clugni. Il y fut d'une grande Petr Clun. édification par fon humilité, la pureté de fa vie & la douceur de ses mœurs; & y mourut faintement la dixième année, c'est-à-dire l'an 131.

all. ep. 2.

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