Imágenes de páginas
PDF
EPUB

#. 16.

[ocr errors]

Lettres à de Naumbourg.

Valeran

De Azymo

me à la vraie foi, & la faire lire ou chanter dans l'affemblée du peuple pour fon utilité ?

On ne doit pas dire que le Saint-Efprit pro cede principalement du Pere, fi l'on entend par là qu'il procede du Pere plus que du Fils, ou avant que de proceder du Fils: mais on le peutdire, pour fignifier que le Fils tient du Pere cela même, que le Saint-Efprit procede de lui. Enfia on ne peut douter que le Saint-Efprit ne procede du Fils, puifque cette verité eft demontrée par une confequence neceffaire des autres veritez que les Grecs croient comme nous touchant le myftere de la Trinité; & que de leur opinion fuivent des erreurs qui détruifent ces veritez. C'eft la fubftance du traité de faint Anfelme fur la proceffion du Saint-Efprit.

Valeran évêque de Natimbourg en Saxe, vouFant répondre à des Grecs venus en Allemagne, apparemment à la cour de l'empereur Henri auquel cet évêque étoit attaché, confulta Anfelme fur les deux questions, du Saint-Esprit & des azymes. Anfelme lui répondit : Si j'étois cer35. tain que vous ne favorifez point le fucceffeur de ap. Dodech. Neron & de Julien l'apoftat contre le fucceffeur 4. 1094 de faint Pierre, je vous faluërois comme évêque avec refpect & amitié mais parce que nous ne devons manquer à perfonne pour la défenfe de la verité que vous cherchez contre les Grecs, qui font venus chez vous: je vous envoïc l'ou vrage que j'ai publié contre eux fur la proceffion du Saint- Esprit.

:

Il traite enfuite la queftion de l'ufage des azymes au faint Sacrifice; & montre premierement, que la foi n'y eft point intereffée, & que l'effence du facrifice fubfifte également, foit qu'on offre du pain levé ou du pain fans levain: qu'il eft toutefois plus convenable d'ufer du pain fans levain, & qu'en cela nous ne judaïfons point

puifque nous ne le faifons point pour imiter les Juifs; non plus que celui, qui pendant la femaine de Pâques mangeroit dn pain fans levain, parce qu'il l'aimeroit mieux, ou parce qu'il n'en auroit point d'autre.

Valeran écrivit enfuite à faint Anfelme, pour ap. Anfela le confulter fur la diverfité des ceremonies qui P. 137. s'obfervoient en divers licux dans la celebration du faint Sacrifice: particulierement les fignes de croix que l'on fait fur l'hoftie & fur le calice, & l'ufage de couvrir le calice, foit avec le corporal, foit avec un linge plié : ce qu'il prétend n'être pas convenable, parce que JESUS-CHRIST fut expofé nud fur la croix. A la fin de fa lettre il ajoûte: L'églife catholique glorifie Dieu de mon changement: d'adverfaire de l'églife Romaine je fuis devenu très-agréable au pape Pafcal & admis dans fes confeils avec les cardinaux. J'étois toutefois à la cour de l'empereur Henri, comme Joseph à celle de Pharaon, fans participer à fes pechez.

Anfelme dans fa réponse faluë Valeran comme évêque, & le felicite de fa reconciliation avec le pape: puis répondant à fes questions il dit, qu'il feroit bon que l'on celebrât les facreniens d'une maniere uniforme par toute l'églife: mais quand ces diverfitez ne touchent point à la fubftance du facrement, il faut plûtôt les tolerer en paix que les condamner avec fcandale. Et elles font venues des differentes manieres dont les hommes jugent des convenances & des bienséancec. Quant à l'ufage de couvrir le calice, il dit : Quoique JESUS-CHRIST ait été crucifié hors la ville & à découvert, on a toutefois raison d'offrir le faint facrifice fous un toit pour éviter le vent ou la pluie de même quoi qu'il ait été crucifié nud, on fait bien de couvrir le calice, de peur qu'il n'y tombe une mouche ou

BY

AN. 110. quelque ordure. C'eft plûtôt par nôtre vie que par ces fortes de ceremonies, que nous devons imiter la pauvreté de JESUS-CHRIST & les mépris qu'il a foufferts.

XVIII.

Brunon

archevêque de

Treves.

Hift. Tre vir. to. 12 Spicil.

240

XIX. Fin de S. Bruno.

Vita ap.

Egilbert archevêque de Treves mourut dans le fchifme le cinquiéme de Septembre 1101. aprés avoir tenu ce fiege vingt-deux ans huit mois & trois jours, & il y eut près de quatre mois de vacance. Entre plufieurs fujets dignes de remplir cette place, qui fe trouvoient dans le clergé de Treves, le plus diftingué étoit Brunon, né en Franconie de la premiere noblesse & tellement aimé des feigneurs, qu'on l'avoit fait prevôt de Treves, de Spire, de faint Florent à Coblens & archidiacre. L'empereur Henri étant venu tenir fa cour à Mayence à la fête de Noël de la même année 1101. les citoïens de Treves vinrent lui demander Brunon pour archevêque: les feigneurs joignirent leurs prieres, & l'empereur lui donna l'inveftiture par l'anneau & la croffe, & ordonna qu'il fut facré. Il le fut à Mayence même, le treiziéme de Janvier 1102. par Adalberon de Mets, Jean de Spire & Richer de Verdun, en prefence de Ruthard archevêque de Mayence, Frideric de Cologne, & plufieurs autres évêques, qui tous par confequent reconnoiffoient Henri pour empereur, & communiquoient avec lui. Brunon fit fon entrée à Treves le jour de la Purification

L'année precedente 1101. faint Bruno le fondateur des Chartreux, mourut dans fon monaftere de Squillace en Calabre. Se fentant près Sur.6.04. de fa fin, il affembla sa communauté, & leur raconta toute la fuite de fa vie depuis fon enfance par forme de confeffion generale. Enfuite il expofa par un long difcours fa foi fur la Trinité, & conclut ainfi : Je crois auffi les facremens que l'églife croit & honore; & nommé

Ibid.

ment que le pain & le vin, confacrés fur l'autel, AN. 1101 font le vrai corps de Nôtre-Seigneur JEsusCHRIST, savraïe chair & fon vrai fang, que nous recevons pour la remiffion de nos pechez, & dans l'efperance du falut éternel. Il mourut enfuite le dimanche fixiéme jour d'Octobre, & fut enterré derriere le grand autel de l'églife de ce monaftere dedié à faint Etienne. Les Chartreux envoierent, felon la coûtume, des lettres en diverfes provinces, & jufques en Angleterre, pour donner avis de fa mort & demander des prieres pour fon ame. On a confervé plufieurs réponses des églifes, qui contiennent des éloges de faint Bruno, la plupart en vers, où l'on avoue qu'il a moins befoin des prieres des autres, qu'ils n'ont befoin des fiennes. En ces réponfes l'églife de Reims le reconnoît pour fon éleve, & témoigne qu'il a quitté le monde dans le tems de fa plus grande profperité, lorfqu'il étoit comblé d'honneur & de richeffes. L'églife de Paris le nomme la gloire des docteurs, & celle d'Angers le nomme leur maître ; & dit qu'il falloit être habile pour profiter de fes leCons: prefque toutes relevent sa doctrine.

Sur. liv.

LXI. F. N.

Comme depuis fa retraite il n'avoit fongé qu'à fe cacher & avoit infpiré à fes difciples le même amour de l'obfcurité & du filence, perfonne n'écrivit alors fa vie ni l'hiftoire de fon ordre, & ce grand faint ne fut canonifé que plus de quatre cens ans après par le pape Leon X. J'ai rapporté ce que dit de lui Guibert abbé de Nogent auteur du tems; & j'ajoûterai ici ce qu'en dit Pierre le venerable abbé de Clugni dans un ouvrage compofé environ cinquante c. 28. ans après. Il y a, dit-il, dans la Bourgogne un ordre monaftique plus faint & plus exact que beaucoup d'autres, inftitué de notre tems par quelques peres doctes & faints, favoir maître

50.
11. Mirac

:

Bruno de Cologne, maître Lendum Italien, &
quelques autres, hommes veritablement grands
& craignans Dieu. Inftruits par la negligence
& la tiedeur de quelques anciens moines, ils
ont pris de plus grandes précautions pour eux
& pour leurs fectateurs contre tous les artifi-
ces du démon. Contre l'orgueil & la vaine
gloire, ils ont pris des habits plus pauvres &
plus méprifables que ceux de tous les autres re-
ligieux enforte qu'ils font horreur à voir
tant ils font courts; étroits, heriffez & fales.
Pour couper la racine à l'avarice, ils ont borné
autour de leurs cellules une certaine étendue
de terre plus ou moins grande, felon la fertilité
ou la fterilité des lieux; & hors cet efpace ils
ne prendroient pas un pied de terre, quand on
leur offriroit tout le monde. Par la même rai-
fon ils ont reglé la quantité de leurs beftiaux
bœufs, ânes, moutons ou chevres.
Et pour
n'avoir point befoin d'augmenter leur terre ou
leur bétail, ils ont ordonné que dans chacun
de leurs monafteres il n'y auroit à perpetuité
que douze moines avec le prieur qui feroit le
treiziéme, dix-huit freres converts & quelque
de ferviteurs à gages.
peu

[ocr errors]

Pour dompter leurs corps ils portent toû jours de rudes cilices fur la chair, & leurs jeunes font prefque continuels. Ils mangent toûjours du pain de fon, & trempent fi fort leur vin qu'il n'en a prefque pas le goût. Ils ne mangent jamais de viande, ni fains ni malades. Its n'achettent jamais de poiffon, mais fi on leur en donne par charité ils le reçoivent. Ils peuvent manger du fromage ou des œufs le dimanche & le jeudi feulement le mardi & le famedi ils mangent des legumes ou des herbes cuites: le lundi, le mercredi & le vendredi ils fe contentent de pain & d'eau. Ils ne mangent qu'une

:

[ocr errors][ocr errors][merged small]
« AnteriorContinuar »