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Alberic. chon. an.

1129. Do

pour être examinée par le cardinal Matthieu fon AN. 119. legat en France. Celui-ci tint pour cet effet un concile à Châlons à la Purification de NotreDame, l'an 1129. où fe trouva l'archevêque de Reims & plufieurs autres évêques, des abbez, dech, cod, entre lefquels étoit S. Bernard, & d'autres hommes favans & picux. L'évêque de Verdun y étoit auffi avec fes accufateurs. Il demanda confeil à S. Bernard, qui lui reprefenta combien il étoit fâcheux de gouverner ceux qui ne le vouloient point pour prélat. C'eft-pourquoi il lui confeilla de renoncer à l'évêché, plutôt que de s'expofer à l'affront d'être accufé publiquement en prefence d'une fi celebre affemblée. Henri fuivit ce fage confeil; & S. Bernard portant la papour lui, il déclara en plein concile, que puifque fon peuple & fon clergé fe plaignoient de lui, & principalement ceux qu'il avoit le plus élévez dans l'églife, il ne vouloit point leur commander malgré eux, ni faire durer plus longtems ce scandale. Il renonça donc à l'évêché, & rendit la croffe la treizième année depuis qu'il l'eut reçue de la main de l'empereur. Pour le confoler, les principaux du concile, à la per fuafion de l'abbé Laurent, firent une contribu tion de dix marcs d'argent pour païer les dettes qu'il avoit contractées dans la ville, & retirer fes gages. On élut auffi-tôt pour lui fucceder Urfion abbé de S. Denis de Reims; qui tint l'évêché de Verdun pendant deux ans.

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AN. 1130.

܀܀

1.

Mort d'Hono

rius II. Innocent

11. pape. Anaclet antipape. Sugir vita

ibid. Chr. Maurin. tom. 4. Duch.

Ap. Barer.

4N, IO.

Sup. liv.

1.1.7.

*********** ** ******** LIVRE SOIXANT E-HUITI E'M E.

H

pas

Onorius II. étant tombé malade au palais de Latran, se fit porter au monaftere de S. André, où il mou→ rut le quatorziéme jour de Fevrier 1130. & ne laifla d'être enterré dans l'églife de Latran. Il avoit tenu le faint fiege cinq ans & deux mois. Les premiers & les plus fages de l'églife Romaine le voïant à la mort pour prévenir le tumulte qui pourroit arriver à l'élection de fon fucceffeur,convinrent de la faire à S. Marc, & tous enfemble felon la coûtume. Mais les cardinaux qui avoient été les plus fami liers d'Honorius, & qui avoient été affidus auprès de lui pendant fa maladie,avec le chancelier Aimeri, craignant le tumulte des Romains s'ils alloient à S. Marc, fe prefferent de faire une élection avant que la mort du pape fût publiée. Ils élurent donc Gregoire cardinal de S. Ange, le nommerent Innocent II. & le revêtirent des ornemens pontificaux. Les autres aiant sû la mort du pape,s'affemblerent le même jour à l'heure de Tierce à S. Marc comme, on étoit convenu; & élûrent Pierre de Leon prêtre cardinal de fainte Marie Trastevere, comme les autres avoient prévû; car c'étoit pour l'éviter qu'ils s'étoient preffez d'élire Gregoire. Pierre fut nommé Ana, clet II. par ceux qui l'élûrent; & ainfi il y eut fchifme dans l'églife Romaine.

Gregoire avoit été moine à S. Jean de Latran, puis abbé du monaftere de faint Nicolas & faint Primitif, hors de Rome. Il fut fait cardinal diacre par le pape Urbain II. & envoïé legat en France avec Pierre de Leon, par Callifte II. en 1124. Pierre étoit petit-fils de Leon Juif

converti & baptifé par le pape Leon IX. qui lui AN. 13° donna lon nom. Ce Leon étoit trés-favant & devint puiffant à la cour de Rome par fes grandes richeffes, mais fon fils Pierre de Leon cut encore plus de pouvoir & de reputation que lui. Il fervit fi utilement l'églife Romaine dans la querelle des inveftitures, par fes armes & par fes confeils, que le pape lui donna le gouvernement de la tour de Crescence, c'est-à-dire du château faint Ange, & le tenoit pour fon principal confident: ce qui lui donna occafion d'augmenter tous les jours en biens & en dignitez. Il eut plufieurs enfans de l'un & de l'autre fexe, catre lefquels étoit le cardinal dont nous parlons, que l'on nommoit proprement Pierre de Pierre de Leon; car le nom du perc fervoit alors ordinairement de furnom chez toutes les nations. Pierre aiant été destiné aux lettres vint en France & étudia à Paris. En retournant à Rome il s'arrêta à Clugni où il prit l'habit; & après qu'il y cut appris quelque tems les obfervances monaftiques, le pape Pafcal II. à la priere de fon pere le rappella a la cour de Rome, & le ft cardinal. Du tems du pape Callifte, il fut envoié legat en France avec Gregoire, & tint des conciles à Chartres & à Beauvais. Tels étoient les deux concurrens.

On compte du côté d'Innocent dix-neuf cardinaux; entre autres Matthieu évêque d'Albane, Jean de Crême du titre de faint Chryfogone, & le chancelier Aimeri. Si-tôt qu'ils eurent

élû le
nouveau pape ils l'introniferent, le mene-
rent dans les lieux dont il devoit prendre pof-
feffion fuivant la coûtume; & lui rendirent tout
T'honneur qu'ils purent felon la circonstance du
tems, car Pierre de Leon étoit le plus fort à
Rome: en forte qu'Innocent & ceux de fon parti
n'étant pas en sûreté dans leurs propres maifons,

AN. 1130.

II.

demeuroient auprès du palais de Latran: Ils fu rent même obligez de fe retirer dans les maifons des Frangipanes & des Corfes, qui étoient fortifiées,& où ils fe défendirent quelque tems.Piers re de Leon indigné de cette refiftance, marcha à S. Pierre bien accompagné, s'en rendit le maître, en enleva l'argenterie & tout le trefor. Il en fit de même à fainte Marie majeure & aux autres de Rome; & ne trouvant point de chrétiens qui ofaffent brifer les calices & les crucifix d'or, on dit qu'il les fit mettre en pieces par des Juifs.

Lettres de

mesh. I.

hift. nov.

2.

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Il avoit déja de grandes richeffes, tant celles que fon pere lui avoit laiffées, que celles qu'il avoit amaffées lui-même, par les exactions ordinaires dans la cour de Rome, & dans fes lega tions: ainfi il gagna par fes largeffes, le peuple & la plupart des grands; & le pape Innocent fe trouva affiegé de toutes parts avec les fiens à en forte qu'ils n'ofoient fortir, & que perfonne ne pouvoit venir à eux fans expofer fa vic. En cette extremité, le pape Innocent refolut de fortir de Rome & fe retirer en France; & aïant fait preparer fecretement deux galeres, il s'embarqua fur le Tibre avec tous les cardinaux de fon parti: excepté Conrad évêque de Sabine, qu'il laissa à Rome en qualité de fon vicaire ; & par l'embou chure du Tibre aiant gagné la mer, il arriva heureufement au port de Pife.

Cependant Pierre évêque de Porto, chef des l'antipape. cardinaux d'Anaclet, écrivit une lettre aux Ap. Mal- quatre principaux d'Innocent; favoir Guillaume de Prenefte, Matthieu d'Albane, Conrad de Sabine, & Jean d'Oftie, qui lui avoient écrit les premiers. Dans cette réponse il leur dit : Eft-cé ainfi que vous avez appris d'élire un pape? Dans un coin, en cachette, dans les tenebres ? Si vous vouliez qu'il fuccedât au pape mort,

pourquoi difiez-vous qu'il étoit vivant? Vous An. 113 pouvez voir vous-mêmes, que l'on doit compter pour rien ce que vous avez fait contre les canons, fans me confulter moi qui fuis vôtre doien, ni vos anciens, fans nous appeller mi nous attendre, vous qui êtiez nouveaux & ch petit nombre. Dicu nous a bien-tôt fait voir le moien de nous oppofer à vôtre entreprise; puifque vos freres les cardinaux avec tout le clergé, à la priere du peuple & du confentement des perfonnes conftituées en dignité, publiquement & en plein jour, ont élu unanimement le cardinal Pierre pour être le pape Anadet. L'églife le reçoit, les barons le vifitent, nous le vifitons les uns en perfonne, les autres par nos envoïez. Nous ne voïons point cette dépredation & cette cruauté que vous nous oppofez. Tous ceux qui viennent le confulter ou lui propofer leurs affaires, font bien reçus & fe retirent contens. Rentrez enfin en vousmêmes ne faites point de fchifme dans l'églife, & ne vous appuïcz pas fur des menfonges. J'ai été de cet avis, que l'on ne fit mention du fucceffeur, qu'après que le pape feroit en

terré.

:

1

Anaclet lui-même écrivit de tous côtez pour fe faire reconnoître pape. Premierement à Lothaire roi des Romains, qu'il fait fouvenir de famitié qui a duré fong-tems entre ce prince & Pierre de Leon fon pere ; & ajoûte, qu'après avoir été élû canoniquement, il a été facré par Pierre évêque de Porto, devant l'autel de faint Pierre en prefence de plufieurs autres évêques, aux yeux de tous & avec grande folemnité: au lieu que ceux du parti contraite ont été reduits à s'enfuir la nuit de la maifon de Leon Frangipane leur principal protecteur, & fe cacher au-delà du Tibre. Nous avons pour nous,

Cod. Caffin. ap. Baron

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