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délivrer. Enfin, que vous ordonniez aux évê ques nos confreres d'aider Aimar d'argent & d'autres fecours pour fe défendre contre nôtre prince & le comte d'Angoulefime.

L'évêque de Perigueux prie l'archevêque de Bourges au nom de toute la province, de les affurer qu'il demeure ferme dans l'obéiflance du pape Innocent; & qu'il les protegera pour ce fujet, & leur procurera la protection du roi de France. L'évêque de Poitiers prend le titre d'exilé pour la juftice, & prie l'archevê. que d'excommunier de nouveau Gerard & fes complices. L'archevêque de Bourges écrivit fuivant leur defir, aux quatre évêques d'Agen de Poitiers, de Perigueux & de Saintes : qu avec celui d'Angoulefie, étoient alors tous les fuffragans de Bourdeaux. La lettre eft auffi adref fée au peuple & au clergé de Bourdeaux; & i les exhorte tous à demeurer fermes dans l'obéiffance du pape Innocent, à méprifer les me. naces des princes & la perfecution qu'ils pour ront fouffrir pour une fi jufte caufe & à re fifter de tout leur pouvoir à Gerard d'Angoulef me fchifmatique manifefte. Dans une feconde lettre il leur marque que le pape Innocent ef reconnu par les rois de France, d'Angleterre d'Allemagne, d'Efpagne, de Jerufalem, & prefque par tous les princes du monde ; & que Gerard a été condamné & dépofé au concile de Reims.

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Le duc d'Aquitaine étoit le feul au deçà des Alpes, qui foûtint le parti de l'antipape p. 127. faint Bernard lui écrivit vers le même tems a nom de Hugues duc de Bourgogne fon parent pour l'exhorter à quitter le chifme. Dans cet te lettre il dit entre-autres chofes. parlant de fchifmatiques: Ils ont le duc de Pouille, mai c'eft le feul prince, encore l'a-t-on gagné pa

le ridicule appast d'une couronne ufurpée. Au refte, quelles font les vertus & les bonnes qualitez qu'ils publient de leur prétendu pape, pour Hous exciter à le favorifer fi ce que l'on en dit par tout eft veritable, il n'eft pas digne de gouverner un village: fi ces bruits font faux, il convient toutefois au chef de l'églife d'avoir non-feulement les mœurs bonnes, mais la repu

tation entiere.

Traité d'Arnoul de Sées

contre les fchifmat. rom ∙Spicil. p. 336

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Nous apprenons ce que l'on difoit alors con- XXVIII. tre l'antipape Anaclet, par un traité d'Arnoul archidiacre de Sées & depuis évêque de Lifieux, adreffé à Geoffroi évêque de Chartres & legat du pape Innocent. Arnoul étoit alors en Italie, ou le defir d'apprendre les loix Romaines l'avoit conduit : c'eft pourquoi ne pouvant rendre d'autre fervice à l'églife pendant fon abfence, il écrivit ce traité: où il examine toute l'affaire du fchifme; & parle premierement de Gerard d'Angoulefime, puis de Pierre de Leon, & enfin du pape Innocent. Quant à Gerard, il dit que la baffeffe de fa naiffance & la pauvreté de fes parens, l'obligerent à quitter la Normandie & paffer en un païs étranger, c'est-àdire en Aquitaine ; & qu'il fut élû évêque non par fon merite, mais par hafard: parce que deux partis divifez ne trouverent point d'autre moien de fuir & de faire une élection. Tu fis, lui dit-il, bâtir une églife pour avoir un pretexte d'amaffer de l'argent: tu élevas aux dignitez ecclefiaftiques tes neveux, gens fans lettres & fans merite, & leur confias le gouvernement de l'églife. Tu donnois les autres benefices à ceux qui avoient le plus d'argent, & ne faifois ni dédicaces d'églifes, ni benedictions d'antels, ni ordinations, fans en tirer quelque profit. Il vient enfuite à la legation de Gerard, qui lui donnoit jurifdiction fur

c. Za

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XIX. Fin d'Hil

debert ar

archevêchez. Il convient qu'il avoit de l'habi
leté pour les affaires, de la fience & de l'élo-
quence : mais il prétend qu'il abufa de fon pou-
voir pour contenter fon avarice & fon ambition,
affemblant des conciles fans befoin
pour avoir
le plaifir d'y prefider; & aviliffant la dignité de
de ces faintes affemblées.

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Quant à Pierre de Leon, l'auteur dit que le Juif fou aïeul aiant amaffé des richeffes par fes ufures, fe fit chrétien pour devenir plus puiffant; & que Pierre dont il étoit question, por toit encore fur fon visage les de fon marques origine. Il fut, ajoûte-t-il, envoïé en France, pour acquerir la bienveillance de la nation, par la conformité des mœurs & du langage ; & s'étant étrangement décrié pendant fa jeuneffe par fon infolence & fes débauches : il entra à Clugni, pour couvrir l'infamie de fa vie passée, par la reputation de ce monaftere, le plus illuftre des Gaules. Etant devenu cardinal par le credit de fa famille, il fut envoïé en diverfes legations où il ne fongeoit qu'a fatifaire sa cupidité & vivoit avec un luxe fcandaleux : deux grands repas par jour, des viandes exquifes & parfumées, une profufion qui épuifoit les re venus des évêques & des abbez; encore pilloit-il les ornemens des églifes. Enfin on l'accufoit des débauches les plus abominables, d'avoir eu des enfans de fa propre fœur, & de mener avec lui une fille déguifée en homme. Telle étoit la reputation de l'antipape Anaclet..

La lettre de faint Bernard à Hildebert archevêque de Tours ne fut pas fans effet, & ce chevêque prelat demeura attaché au pape Innocent le refte de fa vie, qui ne fut pas long. Car il mourut dans une heureufe vieilleffe le dix-huitiéme de Novembre de l'année 1133. ou de la suivante. Il est celebre par fes écrits, qui font

de Touts. Vita.

fes Lettres au nombre de cent trente, cent qua-
rante fermons, la vie de fainte Radegonde &
celle de faint Hugues de Clugni, quelques trai-
tez moraux & theologiques, & grand nombre
de poëfies. Il avoit aufli commencé un recueil de
canons; & quelques-uns lui attribuent la pré-
qui fe trouve
à la tête de celui d'Ives de

face

Chartres.

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Fouques Rechin comte d'Anjou, aiant fait vou d'aller en pelerinage à S. Jacques, Hildebert lui en écrivit ainfi : Je ne nie pas que ce ne foit un bon deffein, mais quiconque eft lib.iep.152 chargé du gouvernement, eft attaché à un de- al. 59. voir qu'il ne peut quitter que pour quelque chofe de plus grand & de plus utile. Entre les talens que le pere de famille diftribue à fes ferviteurs, aucun docteur ne compte celui de courir par le monde ; & faint Hilarion étant près de Jerufalem, n'y alla qu'une fois, pour ne pas paroître méprifer les lieux faints. Hildebert reprefente enfuite au comte qu'il le met en peril en paffant par les places du duc d'Aquitaine fon ennemi; & que le roi d'Angleterre defaprouve ce voïage. Puis il continue: Vous me direz peut-être : J'ai fait un voa, & je me rends coupaple fi j'y manque. Mais confiderez que c'est vous qui vous êtes engagé à ce vœu, & que c'est Dieu qui vous a impofé une charge: voïez fi le fruit que vous retirerez de ce voïage, recompenfera la perte de l'interruption de vos devoirs. Si ce dernier bien eft fans comparaifon plus grand, comme on ne le peut nier: demeurez dans votre palais, vivez pour vôtre étar, rendez juftice, protegez les pauvres & les églifes.

Dans une autre lettre il parle ainfi au pape Honorius II. Je vous fupplie de ne pas pren- 11. ep. 41. dre en mauvaise part ce que je vous écris par al 814

pure neceffité & pour la juftice. Nous n'avon point appris au deçà des Alpes, & nous ne trou vons point dans les maximes ecclefiaftiques que l'églife Romaine doive recevoir toutes for tes d'appellations indifferemment ; & fi on établit cette nouveauté, l'autorité des évêques perira, & la difcipline de l'églife n'aura plus aucune vigueur. Qui fera le raviffeur, qui étan menacé d'anathême, n'appellera pas auffi-tôt qu'il fera le prêtre, qui ne continuera pas f vie fcandaleufe à l'abri d'un appel frustratoire les facrileges, les pillages, les adulteres inon deront de toutes parts, tandis que les évêques auront la bouche fermée par des appellations fu perfluës. Et enfuite: Je fais & toute l'églife l'enfeigne, que le fecours de l'appellation est dí à ceux qui font blessez par un jugement, qui tiennent leurs juges pour fufpects, ou qui crai gnent la violence d'une multitude emportée; fur quoi il cite une fauffe decretale du pape faint Corneille mais il foûtient qu'il faut rejetter les appellations frivoles, qui ne tendent qu' retarder le jugement.

:

Dans une autre lettre Hildebert blâme un prêtre, qui avoit fait donner la queftion à un homme qu'il foupçonnoit lui avoir pris de l'ar gent apparemment un homme de condition fervile. Il dit que cette procedure convient aux cours feculieres & non à la difcipline de l'église, qu'il ne fied pas à un prêtre d'être bourreau, qu'il doit plûtôt laiffer un coupable impuni, que de faire fouffrir un fuplice certain pour un cri153. al 54. me incertain. Surquoi il cite la lettre de faint Auguftin à Macedonius.

Aug. ep.

Sup.

XXII.n.22.

&

L'évêque de Chartres avoit interdit un prê tre pour avoir tué d'un coup de pierre un voleur qui le vouloit tuer. Après que ce prêtre eut été fept ans feparé du faint autel, l'évêque

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