AN. 1133. hel.com. 4. P. 187. 1bid to. 3. P. 423. Supliv LXiv. n.8. Atta ap. Baren. deb. M. S. par le pape comme celui de Pife. C'est ce qu paroît par la bulle du dix-neuviéme de Mar 1133. Auffi Innocent II. corrigea ce qu'avoi fait Urbain II. en 1092. donnant l'ifle de Corf entiere à la ville de Pife, & foûmettant à fo archevêque tous les évêques de cette ifle : c qui avoit excité une grande jaloufie entre co deux puiffantes villes. Le pape Innocent attendoit à Pife le roi Lo thaire, qui étant arrivé en Tofcane, eut encor une conference avec lui; & ils conviurent c marcher inceffamment à Rome. Le roi al par le grand chemin, le pape le long de côte jufques à Viterbe. Le roi celebra la Pa que à faint Flavien, à douze milles de Rom Chr. Mag C'étoit le vingt-fixiéme de Mars: puis s'étar joint avec le pape, ils pafferent par la Sabine & camperent près l'églife de fainte Agnés, c Thibaud prefet de Rome & d'autres noble vinrent les recevoir. Ils entre rent ainfi dans Ro me le premier jour de Mai. Le pape logca a palais de Latran, & le roi dont l'armée n'éto que de deux mille chevaliers, campa fur mont-Aventin. Cependant les Pifans & les Ge nois vinrent au fecours du pape Innocent ave une armée navale, & lui foûmirent Civita vecchia & toute la côte. Saint Bernard qu étoit avec le pape, écrivit alors au roi d'A gleterre, à qui il marque l'état des chofes pour l'exciter à fecourir le pape qu'il avo reconnu de fi bonne grace. epift. 138. t.2. Spici'. P. 485. Le roi Lothaire écrivit auffi une lettre tous les rois, les évêques, les princes, & g neralement à tous les fideles, où il dit en fu ftance Dieu nous aïant établi défenfeur de fainte églife Romaine, nous fommes allez po la délivrer accompagnez d'évêques, d'abbez de princes & de feigneurs; & allant à Rom ΠΟ nous avons fouvent reçû des députez du schif- AN. 11334. matique Pierre de Leon, qui préten foient qu'on ne devoit pas l'attaquer à main armée, ni lui refufer audience, puifqu'il étoit prêt à comparoître en jugement. Nous l'avons fait favoir aux évêques & aux cardinaux qui étoient avec le pape Innocent; & ils nous ont répondu, comme bien inftruits des canons, que l'églife univerfelle aïant déja prononcé fur ce fujet & condamné Pierre de Leon, aucun particulier ne pouvoit s'en attribuer le jugement. pour Nous avons donc mené glorieusement à Rome le pape Innocent, & l'avons rétabli dans la chaire de Latran. Cependant nous campions fur le mont Aventin, où Pierre de Leon n'à ceffé de nous folliciter, jufques à nous offrir fûreté des fortereffes & des ôtages. Voulant donc rétablir la paix dans l'églife fans effufion de fang, nous avons communiqué ces propofitions à ceux qui étoient avec le pape Innocent, qui de leur côté nous ont offert des otages & des places. Alors l'autre parti voudu tems, nous a amufez quelques jours par de vaines promeffes; mais comme ils ne les accompliffoient point, après les avoir plufieurs fois avertis, ils ont été enfin condamnez comme criminels de leze-majefté divine & humaine par les feigneurs de nôtre cour; favoir Norbert de Magdebourg nôtre chancelier, Adalberon de Brême, & les autres qui fon lant gagner nommez. XXII, Lothaire couronné enipereur. Otto VI. Le pape couronna empereur le roi Lothaire &la reine Richilde fon époufe dans l'églife du Sauveur à Latran, & non dans l'églife de faint Pierre, parce que l'antipape Anaclet en étoit le maître. C'étoit le quatriéme de Juin, Chr. c. 18, troifiéme dimanche d'après la Pentecôte. Avant Couronnement, Lothaire fit ferment au pape Tome XIV. T AN. 1133. Baron. 12. C. 2. cder. lib. $3. p. 8,7. & le pape lui donna l'ufufruit des Domaines de la comteffe Mathilde, pour lui, fa fille & fon Dipl. ap. gendre Henri duc de Baviere; l'acte est daté Vitas.Ber- du huitiéme de Juin. L'antipape cependant se tenoit à couvert dans les hauteurs & les tours, d'où il incommodoit par fes machines les gens de Lothaire, fans permettre aux fiens d'en venir aux mains avec eux. Il refusa opiniâtrement toute conference avec ce prince, & ne voulut écouter aucun confeil fur fon état, ne revoquant point en doute fon droit. Ainfi Lothaire fut contraint de fe retirer après fept femaines de féjour; n'aïant pas affez de forces pour prendre le château faint Ange & les autres fortereffes de l'antipape, bien loin de pouvoir attaquer le roi Roger fon protecteur. Lothaire n'avoit pas même de quoi faire fubfifter sa pe tite armée. Il fut donc réduit à retourner en Allemagne, & celebra à Virfbourg la nativité de la Vierge. Le pape Innocent ne fe trouvant plus en fureté à Rome, après fon départ, revint à Pife. Sur quoi S. Bernard écrivit à cette ville, pour la feliciter du fecours & de la retraite qu'elle donnoit au pape; ce qui l'élevoit en quel, que maniere à la dignité de Rome. epift. 130. vita ap. S. Norbert qui fuivoit l'empereur, étant re Boll. c. 18. venu à Magdebourg, tomba malade peu de tems après. Son corps étoit depuis long-tems affoibli par les aufteritez de la penitence; mais il acheva de fuccomber à la fatigue du voiage, au changement d'air, & au mouvement continuel. It fut quatre mois malade, & mourut le mercredi de la Pentecôte fixiéme de Juin 1134. aïant gouverné l'églife de Magdebourg pendant huit ans, & en aiant vêcu environ cinquante. L'églife honnore fa memoire le jour de fa mais il n'a été canonifé qu'en 1581. par le pape Gregoire XIII. mort , XXIII. de S. Vic tor tué. 8. 8950 En France le couronnement du jeune roi AN. 1133. Louis avoit irrité quelques feigneurs, qui prétendoient augmenter leur pouvoir après la mort du pere; & quelques prélats, qui vouloient s'attribuer l'élection & le couronnement du roi. Louis le gros voïant ces entreprises, qui tendoient à ôter la couronne de fa famille, en voulut prendre vangeance; & l'on attribua à fon indignation deux meurtres fameux, qui furent commis affez près l'un de l'autre. Jean III. évêque d'Orleans, qui étoit fort âgé, aïant quitté fon évêché, Hugues doïen de la même églife fut élu pour lui fucceder: mais comme il revenoit de la cour du roi, il fut tué en chemin, & le fiege d'Orleans demeura long-tems fans évêque. Etienne évêque de Paris étoit allé à Chelles du confentement du roi, & même à fa priere, pour corriger & regler les religieufes. Il avoit pris avec lui l'abbé de S. Victor, celui de S. Magloire, le foû-prieur de S. Martin, & plufieurs autres, moines, chanoines & clercs. En revenant, comme ils paffoient près du château de Gournai, ils furent attaquez par les neveux de Thibaud archidiacre de Paris, vaffaux du feigueur de Gournai, qui avoient dreffé à l'évêque une embuscade fur le chemin. Ils vinrent fondre l'épée à la main fur cette troupe défarmée; &fans refpecter ni la fainteté du jour qui étoit un dimanche, ni la qualité des perfonnes confacrées à Dieu; ils maffacrerent Thomas prieur de faint Victor entre les mains de l'évêque, le menaçant lui-même de mort s'il ne fe retiroit promptement. Mais il fe jetta courageufement au milieu de leurs épées, & retira de leurs mains le prieur demi mort, & horriblement déchiré l'exhortant à fe confeffer & à pardonner à fes meurtriers. Il le fit de epift. in not. ffer al ep. 158. S. Bern. to.x. conc. p. 975. AN. 1133. bon cœur demanda la rémiffion de fes pechez avec grande componction, reçut le via tique, protefta devant tout le monde qu'il mouroit pour la juftice, & rendit ainfi l'efprit. Ce meurtre fut commis le vingtiéme d'Aoust 1133. L'évêque de Paris publia un mandement adreffé à fes archiprêtres, par lequel il excommunia les auteurs de ce meurtre, leurs complices, ceux. qui leur donneroient retraite, ou qui communi queroient avec eux; s'en refervant à lui feul l'abfolution. Enfuite frappé de l'horreur de cet attentat, & ne fe croiant pas lui-même en fûreté, il fe retira à Clairvaux, d'où il écrivit à Geoffroi évêque de Chartres, legat du faint fiege, une lettre où il lui raconte ce funefte acci dent, le priant de fe rendre à Clairvaux, pour déliberer enfemble fur les moïens d'en prévenir les fuites. Geoffroi vint à Clairvaux fuivant cette lettre; & par fon autorité de legat, manda aux archevêques de Reims, de Rouci, de Tours & de Sens, & à leurs fuffragans, de fe rendre à Jouarre dans le diocefe de Meaux, pour y renir un concile. Comme les prelats y étoient affemblez, ils reçurent une lettre de Hugues évêque de Grenoble, fucceffeur de faint Hugues & de Guigue prieur de la Chartreufe, qui les exhortoient à faire juftice du meurtre de Thomas; ce qu'ils firent, & frapperent d'excommunica tion les coupables. S. Bernard étoit alors à Clairvaux au retour d'Allemagne, où il étoit allé faire la paix entre l'empereur Lothaire & les neveux de fon predeceffeur, Conrad & Frederic. Comme ont eu avis que l'archidiacre de Paris s'étoit adreffé au pift. 158. pape, prétendant se justifier de ce meurtre; le S. Abbé lui écrivit, de peur qu'il ne fe laiffat furprendre. Et parce que l'archidiacre difoit |