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AN. 1102. & que les moines n'avoient plus droit de porter témoignage depuis qu'ils avoient renoncé aur monde.

XXII.

Londres.

tcm X

78.ex Eadm.

p.

Le roi encouragé par le difcours des évêques, commença à preffer Anfelme de lui faire hommage, & de facrer ceux à qui il alloit donner des évêchez. Anfelme ne voulant pas démentir ouvertement les évêques, répondit: que pour éviter toute furprife, il étoit d'avis de renvoïer à Rome confulter le pape: que cependant fi le roi donnoit l'inveftiture de quelque églife, il ne le regarderoit point comme excommunié, ni celui qui l'auroit reçûë, mais qu'il ne le facreroit ni ne permettroit de le fa crer. Cette propofition fut approuvée, & lẹ roi pour ufer de fon prétendu droit donna auffi-tôt par la croffe l'inveftiture de deux évê→ chez, à Roger fon chancelier celui de Salisburi, & celui d'Herford à un autre Roger fon lardier: ainfi nommoit-on celui qui gardoit les provifions de bouche.

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En ce tems-là, & à l'occafion de cette affemConc le de blée, Anfelme tint un concile national à Londres dans l'églife de faint Pierre d'Oüeftminfter, par la permiffion du roi, du consentement des évêques, des abbez & des feigneurs de tout le roïaume. Anfelme y prefida, & avec lui s'y trouverent Girard archevêque d'Yorc Maurice évêque de Londres, & onze autres évêques, compris les deux qui venoient de recevoir l'inveftiture. Il y eut auffi plufieurs abbez; & les feigneurs y affifterent fuivant la priere qu'Anfelme en fit au roi: afin d'autorifer par le concours des deux puiffances les decrets du concile. Ce qui étoit neceffaire, parce que depuis plufieurs années, il ne s'étoit point tenu de concile en Angleterre. En celui-ci on commença par condamner la fumonie, & on

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épofa fix abbez qui en furent convaincus, AN. 1101. trois qui avoient reçu la benediction abbatiale, & trois qui ne l'avoient pas encore. On dépofa trois autres abbez pour d'autres causes.

art. 1.

10.

8.

On fit en ce concile plufieurs reglemens dont il ne nous refte que les fommaires en vingtneuf articles. Voici les plus remarquables. Défenfe aux évêques de prendre la charge de tenir les plais pour les affaires temporelles & de s'habiller comme les laïques. Tous les clercs en general doivent porter des habits d'une couleur. C'eft que les laïques les portoient mi-partis ou bigarrez. On ne donnera point à ferme les archidiaconés. Aucun clerc ne fera prevôt อน procureur, c'est-à-dire, intendant d'un laîquè, ni juge de fang. On renouvelle l'ordon- 4. 5. 6. 78 nance de la continence des clercs ; & on déclate que les enfans des prêtres ne leur pourront fucceder en leurs églifes. Défenfe aux abbez 17. de faire des chevaliers : c'est-à-dire de leur donner la benediction folemnelle comme les évêques. Les moines ne donneront la penitence 18. que par la permiffion de leur abbé, qui ne Faccordera que pour ceux dont les ames font à leur charge. Les moines ne tiendront point de 20. fermes, ne recevront des églifes que de la main des évêques ; & laifferont la fubfistance 21. neceffaire aux prêtres qui les deffervent. On de- 22. clare nulle la promefle de mariage faite fans témoins. On défend, méme aux laïques, de laiffer croître leurs cheveux, à caufe des débauches infâmes des jeûnes gens, contre lefquelles on prononce anathême. Défense de rendre à des 284 corps morts, à des fontaines, ou à d'autres chofes, aucun honneur religieux fans l'autorité de l'évêque. Défenfe de vendre les hommes comme des bêtes, ce qui jufques alors s'étoit pratiqué en Angleterre.

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Ces articles furent propofez dans le concile un peu à la hâte, & fans avoir été assez meditcz: c'eft-pourquoi faint Anfelme ne voulut point les envoier aux églifes d'Angleterre qu'il ne les eût écrits à loifir, & communiquez aux évêques à leur premiere affemblée, pour les arrêter de leur commun confentement. C'eft ce qu'il dit lui-même dans une lettre à son archidiacre, à qui il explique quelques-uns de ces reglemens. Cet archidiacre aiant excommunić des prêtres qui avoient repris leurs concubines Anfelme confirma l'excommunication: mais il s'oppofa au roi Henri, qui exigeoit des amendes des prêtres qui n'obfervoient pas le decret du concile; & lui reprefenta refpectueusement que ce n'étoit pas au prince à reprimer ces abus, mais aux évêques, ou à leur défaut, à l'archevêque & au primat.

Le grand fuccès de la croifade attira une entreprife qui en fut la fuite. Dès la premiere année du regne de Baudouin, c'est-à-dire l'an 1101. de Lombardie partirent environ cinquante mille hommes conduits par Anfelme archevêque de Milan, Albert comte de Blandraz Guibert comte de Parme, & plufieurs autres feigneurs, qui fuivis d'un grand nombre d'Allemans, tra verferent la Hongrie, la Bulgarie & la Thrace; & après Pâques de l'année 1102. arriverent à Nicomedie. Vers le même tems, c'est-à-dire en 1102. partirent de France Guillaume duc d'Aquitaine, Hugues le grand comte de Vermandois, frere du roi Philippe, qui avoit quit té la croifade après la prife d'Antioche. Etienne comte de Chartres & de Blois, qui voulut reparer la faute qu'il avoit faite en fe retirant honteufement à la même occafion, Etienne comte de Bourgogne, & plufieurs autres feigneurs, avec environ trente mille hommes

Ils prirent le même chemin ; & étant arrivez AN, 1105.
à C. P. y trouverent Raimond comte de Tou-
loufe, qui étoit venu demander du fecours à
T'empereur Alexis, pour retourner en Syrie,
où il prétendoit s'établir. Les François le pri-
rent comme pour chef, & aïaut paflé le bras
S. Georges arriverent à Nicée.

L'emperer Alexis qui les avoit bien reçus en apparence, les appellant fes enfans, & leur faifant des prefens: envoïa fecrettement avertir les Turcs de leur paffage, les excitant à s'y oppofer; & les croifez s'étant divisez mal à propos, une partie s'engagea dans des montagnes fteriles & des défilez où ils perirent pour la plupart. Quelques-uns arriverent à Tarfe en Cilicie, ou Hugues le grand mourut le dix-huitiéme d'Octobre 1102. âgé d'environ quarantecinq ans, & fut enterré dans l'églife de faint Paul. Les croifez fe raffemblerent à Antioche, d'où le defir de vifiter les lieux faints les fit partir les uns par terre, les autres par mer pour Jerufalem. Ils prirent en paffant Tortofe ville maritime, que l'on croît être l'ancienne Antarade de Phenicie.

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Cependant le roi Baudouin prit Cefarée de Paleftine, & y établit un archevêque nommé auffi Baudouin, qui étoit venu au premier voïage avec Godefroi de Bouillon. Enfuite il c. 19 alla au-devant des croifez nouvellement arrivez, & les mena à Jerufalem, où ils celebrerent ensemble la fête de Pâques de l'année 1103. & peu de tems après le duc d'Aquitaine revint en France. Ceux qui refterent fe trouverent à une bataille que le roi Baudouin donna imprudemment contre les infideles avec des troupes trop inégales: la plupart y perirent, entre autres Etienne comte de Chartres & Etienne Comte de Bourgogne ; & le roi Baudouin Le

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AN. 1102.

Vita ap

Lauva à grande peine. Ainfi ce fecond voïage eut peu de fuccès. Thiemon archevêque de Tengua Salsbourg étant pris par les Mufulmans, & preffé de renoncer à fa religion, fouffrit la mort conftamment le vingt-huitiéme de Septembre, & cft compté pour martyr.

PA 82.

XXIV.

Donation de Mathil

de

Sup. lit. 11..48.

ap. Baron. an. 1102.

XXV.

S. Otton évêque de Bamberg. P Dudech. Vrsperg Vitaortin. lib. 1. c. 31

Sur la fin de la même année 1102. le com→ teffe Mathilde renouvella la donation qu'elle avoit faite en faveur de l'églife Romaine, par un acte où elle parle ainfi Au tems du pape Gregoire VII. dans la chapelle de fainte Croix au palais de Latran, en prefence de plufieurs nobles Romains, je donnai à l'églife de faint Pierre, le pape acceptant, tous mes biens prefens & à venir, tant deçà que delà les monts ; & j'en fis faire une charte. Mais parce que cette charte ne fe trouve plus, craignant que ma donation ne foit revoquée en doute, je la renouvelle aujourd'hui entre les mains de Bernard cardinal legat, avec les ceremonies ufitées en pareil cas; & me deffaifis de tous mes biens au profit du pape & de l'églife Romaine, fans que moi & mes heritiers puiffions jamais venir à l'encontre fous peine de mille livres d'or & quatre mille livres d'argent. Fait à Canoffe l'an 102. le dix-feptieme de Novembre. Le cardinal Bernard avoit été abbé de Vallombreufe, & depuis fut évêque de Parme.

En Allemagne Rupert évêque de Bamberg étant mort la même année 1102. on porta à la cour, fuivant la coûtume, les marques de l'épifcopat, j'entends la croffe & l'anneau, avec la requête pour avoir un évêque : mais l'empereur Henri prit un délai de fix mois, au bout to.. Canif. defquels il écrivit qu'on lui envoiât des députez, difant qu'il avoit trouvé un digne évêque pour cette églife. C'étoit vers Noël, & les députez étant arrivez à la cour de l'empereur,

P. 3.3.

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