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manda ensuite la confirmation de la nouvelle A. 139. metropole, dont le pape lui donna auffi-tôt la bulle mais quant au pallium il lui dit : Il faut y obferver plus de ceremonie: quand vousferez en Irlande vous affemblerez un concile general, & d'un commun confentement vous envoïerez demander le pallium, qui vous fera accordé. Enfuite le pape ôta la mitre de fa tête & la mit fur celle de Malachie: il lui donna auffi l'école & le manipule dont il fe fervoit à l'autel; & l'aïant falué par le baifer de paix, il le renvoïa avec fa benediction.

A fon retour il fejourna encore à Clairvaux, bien affligé de n'y pouvoir demeurer : mais il y laiffa quatre de fes difciples pour apprendre l'inftitut de cette maison. On les éprouva, ils furent reçus à la profeffion; & le faint évêque étant retourné en Irlande en envoïa d'autres, qui furent reçus de même, & fi bien inftruits, que deux ans après, c'est-à-dire en 1141. faint Bernard les renvoïa avec quelques-uns des fiens, fonder dans le diocese d'Armac l'abbaie de Mellifont, qui en produifit cinq autres dans la fuite.

Malachie étant arrivé en Irlande, commença à exercer fa legation ; & tint plufieurs conciles en divers lieux, pour ramener les anciennes traditions abolies par la negligence des évêques, & faire de nouveaux reglemens. Tout ce qu'il ordonnoit étoit reçu comme venant du ciel, & on le mettoit par écrit pour en conferver la memoire. C'eft que fes paroles étoient foûtenues de vertus & de miracles. Tout étoit édifiant en fa perfonne : il étoit ferieux fans aufterité, gai fans diffipation, tranquille fans être oifif, ne negligeant rien, quoi qu'il diffimulât plufieurs chofes felon l'occafion. Il n'avoit rien en propre, & rien n'étoit affigné pour la man

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Chr. Berna

an. [I

Bern. epift. 355.

357.

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AN. 1139,

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fe épifcopale; il étoit prefque toûjours en vifite & faifoit fes vifites à pied, même étant legat: il logeoit tant qu'il pouvoit dans les monafteres qu'il avoit établis, & y fuivoit l'obfervance commune fans aucune diftinction. C'eft faint Bernard qui nous apprend ces particulari a c. 20. 21. tez de la vie du faint prelat fon ami; & il raconte auffi en détail grand nombre de fes miracles, des propheties, des revelations, des punitions d'impies, des guerifons & des converfions miraculeufes mais il avoue qu'il s'arrête plus volontiers fur ce qui eft imitable, que fur ce mi, qui n'eft qu'admirable.

LX.

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En Angleterre on tint un concile à Vinche Evêques ftre le vingt-nenviéme d'Août 1139. où fe trouverent prefque tous les évêques du roïaumens avec Thibaud nouvel archevêque de Cantorbeprifonnez. tom. X. ri. Turftain archevêque d'Yorc s'en excufa à caut conc. p. fe de fa maladie, & les autres évêques à cause de la guerre qui étoit dans le païs. Henri évêque de Vincheftre, avoit convoqué ce concile, & y prefida en qualité de legat du faint fiege. Il étoit fils d'Etienne comte de Champagne & frere de Thibaud IV. alors regnant, & d'étienne roi d'Angleterre. Il avoit été moine de Clugni, puis abbé de Glaftemburi; & le roi Henri fon oncle l'avoit fait évêque en 1129. Goduin.de On fit l'ouverture du concile par les lettres du præf. An pape Innocent, qui l'établifloient legat dès le premier jour de Mars; & on loiia la moderation du prelat, d'avoir differé fi long-tems à exercer fes pouvoirs. Il fit enfuite un difcours latin adreffe aux gens lettrez, où il fe plaignit avec indignation, de la prifon des deux évêques Roger de Sarifberi & Alexandre de Lincolne. Ces deux prelats les plus puiffans entre les évêques d'Angleterre, avoient été rendus fufpects au roi à caufe de plufieurs châteaux

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qu'ils avoient fait bâtir ; & à l'occafion d'une AN. 1139. grande cour tenue à Oxfort vers la faint Jean, le roi les fit arrêter fous pretexte d'une querelparticuliere, & fe faifit de leurs châteaux.

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Cette action du roi fut prife diverfement; les uns difoient qu'il avoit bien fait, & qu'il ne convenoit pas à des évêques de bâtir des forterefles pour fervir de retraite aux gens mal intentionnez. C'étoit Hugues archevêque de Rouen, qui prenoit le plus hautement le parti du roi. Henri évêque de Vincheftre, quoique frere du roi, prenoit le parti contraire, & difoit: Si les évêques font en faute, ils doivent être jugez, non par l'autorité du roi, mais selon les canons ; & le roi n'a pû les dépouiller de leurs biens fans un jugement ecclefiaftique. Auffi voit-on bien qu'il ne l'a pas fait par l'amour de la justice, mais par fon interêt: puifqu'il n'a pas rendu ces châteaux aux églifes aufquelles ils appartiennent, aiant été bâtis fur leurs terres & à leurs dépens, mais il les a donnez à des laïques qui ont peu de religion.L'évêque de Vincheftre parloit ainfi en particulier & en public devant le roi fon frere, mais il n'étoit pas écouté; & c'est ce qui le fit refoudre convoquer le concile, où il cita le roi lui

même.

Il fe plaignit donc de la capture des deux prélats, dont l'un, favoir l'évêque de Sarifberi, avoir été pris chez le roi, l'autre, favoir l'évêque de Lincolne dans fon logis; & l'évêque d'Helic n'avoit évité la prifon que par la fuite. Il fe plaignit de l'injure faite à la religion: en ce que fous pretexte de la faute des évêques, les églifes avoient été dépouillées de leurs biens. Il ajoûta, que le roi aiant été plufieurs fois averti, n'avoit pas refufé la convocation du concile; & conclut en demandant le conseil de

AN, 1139

l'archevêque de Cantorberi & des autres pre-
lats; & promettant d'executer ce qu'ils auroient
refolu, fans aucun égard ni à l'amitié du roiz
fon frere, ni à la perte de fes biens, ou même
au danger de fa vie. Le roi envoïa des com-
tes au concile demander pourquoi il y avoit été
appellé. Le legat répondit : Etant prince chré-
tien, il ne doit pas trouver mauvais d'être ap
pellé par les miniftres de JESUS-CHRIST,
pour rendre compte d'un crime inoiii de nôtre
tems car emprifonner des évêques & les dé-
-pouiller de leurs biens, c'eft agir comme du
tems des païens. Dites donc à mon frere, que
s'il veut croire mon confeil, je le lui donnerai
tel, qu'il ne pourra être defaprouvé, ni pár
l'églife Romaine, ni par la cour du roi de Fran-
.ce, ni par le comte de Champagne nôtre fre-
re. Enfin qu'il eft obligé plus qu'un autre à fa-
vorifer l'églife, qui l'a reçu & élevé au roïau-
me, fans qu'il ait eu befoin d'emploier les

armes.

Les comtes étant fortis revinrent peu de tems après, accompagnés d'Aubri de Ver homme exercé dans les affaires & chargé de la réponfe du roi. Il attaqua principalement Roger évêque de Sarifberi, car Alexandre de Lincolne s'étoit retiré, épargnant toutefois les paroles dures: mais quelques-uns des comtes qui étoient près de lui l'interrompoient fouvent, & difoient des injures à l'évêque. Aubri raffembla toutes les plaintes du roi contre l'évêque Roger; entre autres, que tout le monde difoit, qu'il prendroit le parti de l'imperatrice Mathilde fitôt qu'elle viendroit en Angleterre. Ainfi qu'il avoit été pris non comme évêque, mais comme officier du roi, chargé de fes affaires 1& recevant fes gages L'évêque fe recria contre cette qualité d'officier du roi; & menaça

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que fi on ne lui faifoit justice en ce concile, il AN. 119. la demanderoit à un plus grand tribunal, c'està-dire à celui du pape. Le legat dit avec sa douceur ordinaire : Tout ce que l'on avance con→ tre un évêque, doit être examiné dans un jugement ecclefiaftique. Le roi doit commencer par rétablir les évêques dépouillez : autrement fuivant le droit commun, ils ne plaideront point déflaifis. Le roi fit remettre la cause à deux jours, jufques à l'arrivée de l'archevêque de Roüen: qui étant venu dit, qu'il demeuroit d'accord que les évêques gardaflent leurs châteaux, s'ils pouvoient prouver par les canons, qu'ils euflent droit de les avoir. Puis il ajoûta: Je veux qu'ils en aïent droit, nous fommes dans un tems fufpect, où felon l'ufage de toutes les autres nations, tous les feigneurs doivent donner les clefs de leurs fortereffes au roi, qui fait la guerre pour la fureté commune. L'avocat Aubri ajoûta: Le roi eft averti que les évêques menacent d'envoïcr à Rome contre lui; & il yous fait favoir, que perfonne ne foit affez hardi pour le faire, parce que fi quelqu'un fort d'Angleterre contre fa volonté & contre la dignité du roiaume, il pourra bien n'y pas rentrer aifément. Au contraire le roi fe fentant grevé, vous cite lui-même à Rome. On vit bien a quoi tendoient ces menaces du roi: c'eft pourquoi le concile fe fepara fans rien conclure. Car le roi ne fe voulut point foûmettre au jugement des prelats; & ils ne jugeoient pas à propos d'emploier contre lui les cenfures ccclefiaftiques: tant parce qu'ils croïoient temetaire d'excommunier un prince fans la participation du pape, que parce qu'ils voioient des épées tirées autour d'eux, & que l'affaire devenoit très-ferieufe. Toutefois le legat & l'archevêque de Cantorberi, pour ne pas manquer à

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