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AN. 1148. buer l'indulgence de la croifade. Nous voulons, ajoute-t-il, que l'évêque de Brague & fes fuffragans obéiffent à l'archevêque de Tolede comme à leur primat, ainsi qu'il a été ordonné par nos predeceffeurs; & l'évêque de Brague eft fufpens pour ce fujet. Et enfuite : Pour marque de nôtre affection, nous vous envoïons par l'évêque de Segovie la rofe d'or, que le pape a coutume de porter tous les ans le quatrieme dimanche de carême, & parce que vous avez voulu que les évêques & les abbez de vôtre roïaume affiftaffent au concile de Reims, nous déchargeons à vôtre priere ceux qui n'y font pas venus, de la fufpenfe prononcée contre eux. La lettre eft datée du vingt-feptiéme d'Avril dans le territoire de Langres. Par une autre lettre il marque, qu'à la priere du même roi, il a accordé à l'archevêque de Compoftelle la prérogative de faire porter la croix devant lui. J'ai déja parlé de la rofe d'or, que le pape beniffoit le quatriéme dimanche de Carême.

epift. 75.

Sup. liv.

LXIV.n.36.

Eug.ep 82.

Bernard archevêque de Tarragone, refusoit auffi de reconnoître la primatie de Tolede, & avoit le même interêt que celui de Brague, fe trouvant dans un autre roïaume, fous Raimon d Berenger qui de comte de Barcelone étoit devenu roi d'Arragon en 1138. Bernard assista au concile de Reims : où le pape voulut l'obliger à reconnoître l'archevêque de Tolede pour fon fuperieur mais Bernard reprefenta, qu'etant nouvellement archevêque, il n'étoit pas encore bien inftruit de fes droits, & promit de pren dre confeil fur cette affaire, quand il feroit retourné à fon églife.

:

L'archevêque de Braque fe foûmit enfin à Raimond archevêque de Tolede, comme il paroît par une autre lettre du pape Eugene;

AN. 1148

mais Raimond qui étoit avancé en âge mourut peu de tems après, favoir le mercredi neuviéme Août 1150. Son fucceffeur fut Jean évêque epift. 81. de Segovie, qui alla trouver le pape Eugene,

& obtint de lui la confirmation de fa primatie par une bulle du treiziéme de Fevrier epift. 72. 1152 où les évêchez fuffragans de Tolede. font ainfi exprimez: Ofma, Segovie, Siguença, Palencia. Le pape ajoûte que les autres qui lui étoient anciennement foumis lui reviendront quand Dieu les aura remis fous la puiffance des Chrétiens. Il lui foûmet auffi les diocefes qui ont perdu leur métropolitains par l'invafion des Sarafins, jufqu'à ce que ces métropoles fe rétabliffent. Le pape écrivit en ep. 80. 79. même tems aux autres évêques d'Espagne en general, & à Bernard de Tarragone en particulier, de reconnoître Jean archevêque de Tolede, pour leur primat: mais il ne paroît pas que ce dernier l'ait jamais reconnu.

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e". 83.

On trouve auffi une lettre du pape Eugene adreffée au clergé & au peuple de Tolede: où il dit avoir apris, que ceux que l'on nommoit Mofarabes, refufoient obéiffance à l'archevêque, recevoient des églifes de la main des laïques, & fuivoient leur ancienne coûtume, differente de l'ufage Romain dans la celebration de la mefle & de l'office divin, dans les habits & la tonfure clericale. C'eft pourquoi le pape ordonne de leur enjoindre expreffément, qu'ils fe conforment au refte de l'églife, & qu'ils obérent à leur prelat s'ils veulent demeurer dans fa province. Ces Mosarabes étoient les anciens Chrétiens, qui étoient demeurez en Espagne fous la domination des Mufulmans; & on voit ici combien ils étoient attachez à leurs ufages, nonobftant ce qui s'é- XII. toit paflé foixante ans auparavant.

Sup. liv.

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n

XXXVII.

tions de

fainte Hildegrade.

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*. conc.

P. 128. ex

Trichem.

Chr. Hif

ar. 1150. Vita S.

Hi deg. lib 1.4. af.Sur 17. Sept.

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Après le concile de Reims, le pape Eugene Revela- vint à Treves avec dix-huit cardinaux, plu→ fieurs évêques & plufieurs abbez: y étant invité par l'archevêque Adalberon, qui défraïa pendant trois mois toute cette compagnie. Le pape y celebra un concile, & Henri archevêque de Mayence jugea à propos d'y venir avec les principaux de fon clergé, pour confulter le pape touchant les revelations d'Hildegarde religieufe de grande reputation. Elle étoit née l'an 1098. de parens nobles & vertueux, qui la dévolierent au fervice de Dieu dès fon enfance: parce que dès qu'elle pût parler elle faifoit entendre, tant par fes difcours que par fignes, qu'elle voïoit des chofes extraordinaires. A l'âge de dix-huit ans elle fut enfermée à Difemberg, c'eft-à-dire au mont faint Difibode avec une vertueufe fille nommée Jutte, qui la forma à l'humilité & à l'innocence, & lui apprit fimplement à fire le pfautier. Hildegarde avançoit en vertu, mais elle fouffroit des maux de tête & d'autres infirmitez prefque continuelles, enforte qu'elle étoit rarement en état de marcher, & toutefois elle vécut quatre-vingt-deux ans.

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A l'âge de quarante-deux ans & fept mois, elle vit le ciel s'ouvrir, & un feu très-lumineux qui lui penetra la tête, le cœur & toute la poitrine fans brûler, mais avec une chaleur douce; & auffi-tot elle reçut l'intelligence du plautier, de l'évangile & des autres livres de l'an cien & du nouveau testament,' , enforte qu'elle en expliquoit le féns, quoiqu'elle ne pût expliquer les mots grammaticalement, ne fachant ni latin ni grammaire. Après plufieurs années elle entendit une voix qui lui ordonnoit d'écrire ce qu'elle verroit & ce qu'elle entendroit : mais la pudeur de fon fexe & la crainte des dif

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cours du peuple & des jugemens temeraires la AN. 1148. retenoit. Toutefois fe fentant preffée interieurement d'obéir ; & aïant été long-tems malade; elle découvrit fa peine à un moine qui étoit fon directeur, & par lui à fon abbé. L'abbé aïant pris confeil des plus fages de fa communauté & interrogé Hildegarde, lui ordonna d'écrire: ce qu'elle fit pour la premiere fois; & auffi-tôt elle se trouva guerie & fe leva de fon lit. Cette guerifon parur à l'abbé si miraculeufe, qu'il ne voulut pas s'en tenir à fon jugement: il vint à Mayence faire le raport de ce qu'il avoit appris à l'archevêque & aux principaux de fon clergé, & leur montra les écrits d'Hildegarde.

C'est ce qui donna lieu à l'archevêque de confulter le pape: qui voulant s'informer plus exactement de cette merveille, envoïa au monaftere d'Hildegarde Alberon évêque de Verdun avec Albert fon primicier & d'autres perfonnes capables, pour apprendre d'elle-même ce que c'étoit: fans bruit & fans curiofité. Elle leur répondit avec grande fimplicité; & après que l'évêque en eut fait fon rapport au pape, le pape fe fit encore apporter les écrits d'Hildegarde, & les prenant entre les mains il les lut lui-même publiquement en prefence de l'archevêque, des cardinaux & de tout le clergé : il raconta auffi ce que lui avoient rapporté ceux qu'il y avoit envoiez, & tous les affiftans en rendirent graces à Dieu. S. Bernard étoit prefent, & rendit auffi témoignage de ce qu'il favoit de cette fainte fille. Car il l'avoit vifitée quand il alla à Francfort, & il lui écrivit une lettre: où il la felicite de la grace qu'elle a reçuë, & l'exhorte à y être fidelle. Il pria donc le pape, & tous les affiftans le prierent avec lui de publier une fi grande grace que Dieu avoit faite de fon

C. 4.

epift. 366.

AN. 1148. tems à l'églife, & de la confirmer par fon autorité. Le pape fuivit leur confeil, & écrivit à Hildegarde, lui recommandant de conferver par l'humilité la grace qu'elle avoit reçuë, & de déclarer avec prudence ce qu'elle connoîtroit en efprit. Il lui permet auffi de s'établir avec fes fœurs par la permiffion de son évêque, au lieu qui lui avoit été revelé, & d'y vivre en clôture fuivant la regle de faint Benoît. Ce lieu étoit le mont faint Rupert près de Bingue fur le Rhin, à quatre lieues au deffous de Mayence: ainfi nommé d'un feigneur qui vivoit au neuviéme fiecle, & qui eft honoré comme faint le quinziéme de Mai. Hildegarde paffa en ce licu-là avec dix-huit filles nobles qu'elle avoit attirées par la reputation, & en fut la premiere abbefle.

Bel! to.14. P. 503. Trib. Chr.

Span an.
1:48.

XXXVIII
Le pape à

Ben Lib.

II. c 8. n. se.

:

Le pape Eugene étant de retour en France, Clairvaux. vint à Clairvaux où il édifia toute la commuVita S. nauté par fon humilité & fa regularité. Il portoit fur la chair fa tunique de laine fans ferdeffous, & ne quittoit la coulle ni gette par jour ni nuit. Pour garder la bienféance on lui portoit des carreaux en broderic, & fon lit étoit entouré de pourpre & couvert de riches étoffes mais par deffous il n'étoit garni que de paille battue & de draps de laine. En parlant à Îa communauté, il ne pouvoit retenir ses larmes & fes foupirs: il les exhorta & les confola vivant avec eux en frere plûtôt qu'en maître: mais fa nombreufe fuite ne lui permit pas de faire chez eux un long séjour. Il affifta auffi cette même année au chapitre general des abbez de Cifteaux, non comme pre- . fident ou comme pape, mais comme un d'entre-eux. Enfin il reprit le chemin d'Italie & arriva heureusement à Rome.

lib. xv.c.7. 35. 40.

XXXIX.

S Gilbert de Semi

pringam.

Gilbert de Sempringam vint à ce chapitre,

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