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Sup. n. 21,

1.5.6.

remettre au fourreau. Les deux glaives appartiennent à l'églife, le fpirituel & le materiel; mais l'un doit être tiré par la main du prêtre, l'autre par la main du foldat, fuivant le confeil du prêtre & le commandement du prince. Nous avons déja vû cette allegorie des deux glaives; & le meilleur fens qu'on lui puiffe donner, eft que le glaive materiel ne doit être emploïé que par l'ordre du prince, mais que le prince doit confulter le prêtre pour favoir fi la guerre eft jufte, ou même fuivre fes exhortations pour emploïer fa puiffance à proteger la religion.

Saint Bernard dit encore en cet endroit ces paroles remarquables: Tout le zele des ecclefiaftiques ne tend qu'à conferver leur dignité: fi vous voulez dans l'occafion vous abaiffer un peu & vous rendre plus fociable, on dit que vous ne favez pas garder votre rang, ni foutenir vôtre perfonnage. Nous ne voïons point que S. Pierre ait jamais paru en public orné d'or & de pierreries, revêtu de foie, monté fur un cheval blanc environné de foldats & d'officiers marchant à grand bruit. En cela vous n'avez pas fuccedé à S. Pierre, mais à Conftantin. Souffrez-le pour vous accommoder au tems, mais faites votre capital de vos devoirs. Quoique revêtu d'or & de pourpre, vous ne devez pas dédaigner les fonctions de pafteur, ni rougir de l'évangile. S. Bernard ne doutoit non plus de la donnation de Conftantin, que des fauffes décretales.

Il vient enfuite au choix des cardinaux, qu'il 6. 4. dit devoir être pris de tout le monde, puifqu'ils doivent le juger; & les plus parfaits qu'il eft pof fible, parce qu'il eft plus aifé de venir bon à la cour, que d'y devenir bon. Il infifte particulierement fur le choix des legats, en qui il demande particulierement la vic exemplaire & le dès-intereffement; & il raporte des exemples édifians du

c. 5.

cardinal Martin legat en Danemarc, & de Geo-
froi évêque de Chartres. Il fe plaint de ce que
les officiers du pape prétendent avoir rang devant
les prêtres: fous pretexte que dans les ceremonies
ils font plus proches de lui, quoiqu'ils foient
ainfi placez, non pour marque de leur dignité,
mais pour la commodité du fervice. Enfin il con- . 6.
feille au pape de fe décharger entierement fur
quelqu'un de fes domestiques, du foin de fon
temporel, comme indigne d'un prelat, qui fe doit
Tout entier au fervice de l'églife. Il dit à ce fujet :
C'est une chose merveilleufe, que les évêques
trouvent de refte fous leur main des perfonnes à
qui ils confient les ames, & n'en trouvent point
à qui ils puiffent confier leurs biens. Dans le cin-
quiéme livre de la confideration, il traite de ce
qui eft au-deffus de nous ; & donne au pape Eu-
gene des fujets de meditations fublimes, fur les
anges, fur l'effence divine & fur les mysteres de
la Trinité & de l'Incarnation.

LXI.

legat

en

Allemagne

Jourdain des Urfms avoit été envoïé legat en Allemagne vers le roi Conrad en 1151. & depuis Jourdain étoit venu en France & en Normandie, laiffant par tout des traces affreufes de fon paffage. C'est ainfi qu'en parle S. Bernard dans une lettre à Hu- ift. 290, gues cardinal évêque d'Oftie, où il ajoûte : On dit qu'il a commis par tout des actions honteufes, qu'il a emporté les dépouilles des églifes: qu'il a conferé les dignitez ecclefiaftiques à de jeunes garçons bien faits, dans les lieux où il l'a pû, & qu'il l'a voulu faire dans les autres. Plufieurs fe font rachetez de fa vifite, & il a rançonné par fes fubdeleguez, ceux où il n'a pû aller. Il s'eft rendu la fable des écoles, des cours, des carrcfours tous parlent mal de lui, feculiers, reguliers; les pauvres & les riches, les moines & les clercs s'en plaignent. Il eft generalement décrié. Ila'en eft pas ainfi du feigneur Jean Paperon,

LXII.

chez en Ir

lande.

Je.Hagulft

conc. P. 1130. Vara

anriq. lib.

C. 16.

qui a par tout honoré fon miniftere. Lifez cette
lettre au pape c'est à lui à voir ce qu'il faut
faire d'un tel homme : pour moi j'ai acquitté ma
confience. Je dirai toutefois avec ma promptitu
de ordinaire, qu'il eft bon qu'il acquitte auffi la
fienne en purgeant la cour. J'avois refolu de me
taire fur ce fujet : mais le prieur du Mont-dieu
m'a preffé d'écrire ; & fachez que j'en ai moins
dit que
le public. Le Mont-dicu eft une Char-
treufe du diocefe de Reims.

Jean Paperon cardinal prêtre du titre de faint Archevê- Laurent, fut envoié legat en Irlande par le pape Eugene dès l'année precedente 1151. & vint trou ver le roi d'Angleterre, qui refufa de lui donner d. tom. 2. fauf-conduit, s'il ne lui faifoit ferment de ne rien faire en ce voiage au préjudice de fon roïaume. Le legat indigné retourna vers le pape, & la cour de Rome en fut mauvais gré au roi d'Angleterre. L'année fuivante 1152. Paperon revint & s'adressa à David roi d'Ecoffe, pour lui demander paffage en Irlande. David le reçût avec honneur vers la S. Michel, & ainfi le legat arri va en Irlande accompagné de Christien évêque de Lifmore, dans la même ifle auffi legat. Ils tinrent un concile dans le nouveau monaftere de Mellifont ordre de Cifteaux: où se trouverent les évêques, les abbez, les rois, les ducs, & les anciens de l'Irlande; & de leur confentement on y établit quatre archevêques à Armach, à Dublin, à Caffel & à Touam, & on leur affigna leurs fuffragans. Les quatre premiers archevêques furent Gelafe, autrement, Giolla, Macliah archevêque d'Armach & primat d'Irlande, fucceffeur de S. Malachie. Gregoire ou Greri archevêque de Dublin, Donat ou Domnaldo Lonargam archevêque de Caffel, & Edan ou Aeda Öhoffin archevêque de Toüam. On voit par cet exemple comment les Irlandois latini

Sup. liv.

IX.

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foient leurs nonis pour les adoucir. Le legat AN. 1152.
Paperon diftribua aux archevêques quatre pal-
liums qu'il avoit aportez de Rome. Il aflujettit
auffi les Hibernois à la loi des mariages, à la-
quelle ils n'étoient pas accoûtumez, & corri-
gea chez eux plufieurs abus. Il quitta l'irlande
après Pâques l'année fuivante 1153. & retourna
par l'Ecoile par où il étoit venu.

LXIII.

Alain évêque d'Au

xerre.

Hift Anil гo. 1. Bibl. Lab.

P. 465.
Mabill

al saift.
Bern. 180

En France le fiege d'Auxerre vaqua environ quinze mois, après la mort de Hugues, que S. Bernard qualifie de faint évêque. Il avoit été moine de Cifteaux & premier abbé de Pontigni, & mourut le dixiéme d'Octobre 1151. Comme on vouloit proceder à l'élection felon la coûtume, il furvint un jeune homme qui interjetta appel, & défendit de paffer outre jufques à ce qu'il cût été à Rome & en fut revenu : mais voïant qu'on méprifoit fon appel, trois jours après l'élection faite par les autres, il assembla ceux qu'il pût & fit une autre élection. L'affaire aïant été portée au pape, il ordonna encore une nouvelle élection, & commit pour y prefider trois perfonnes, dont S. Bernard étoit un : il s'accorda avec un des deux autres, mais le troifiéme reclama. S. Bernard s'adreffa au pape, qui confirma l'élection faite de la perfonne d'Alain Flamand de nation, qui après avoir été élevé dès J'enfance dans l'églife de Lifle, fe rendit moine à Clairvaux fous S. Bernard, & fut enfuite le premier abbé de Larivoir au diocese de Troyes, & gouverna douze ans ce monaftere. On fit entendre au roi Louis, que la premiere élection qu'il avoit permife n'aïant pas eu lieu, on n'avoit pû en faire une autre fans une nouvelle per- ep. 2822, miffion: mais S. Bernard lui reprefenta, que le premier confentement fuffifoit, & qu'il n'étoit

pas

neceffaire de recourir au roi toutes les fois que le clergé fe trouvoit partagé fur ce fujet

AN. 1152.

LXIV. Henti at.

Alain tint le fiege d'Auxerre treize ans, après lefquels il le quitta par permiffion du pape, & retourna finir fes jours à Clairvaux.

Le

pape Eugene envoïa deux legats en Allechevêque magne, Bernard prêtre cardinal du titre de S. de Mayen Clement, auparavant prieur des chanoines rece dépofé. guliers de S. Jean de Latran, & Gregoire diacre cardinal du titre de S. Ange. C'étoit pour juger

Frid. c, 9.

la caufe de Henri archevêque de Mayence, qui étoit accufé depuis long-tems, de diffiper Otto. les biens de fon églife, & avoit reçû plufieurs reprimandes fans fe corriger. Les deux legats fe trouverent avec le roi Frideric à Bamberg où il celebra la fête de Pâques, qui cette année 115 3. fut le dix-neuviéme d'Avril. S. Bernard p. 302 aïant apris que l'archevêque de Mayence avoit été cité devant les legats, leur écrivit en fa faveur : les priant autant que la juftice le permettoit de ne pas pouffer à bout ce malheureux prélat ; & d'avoir égard à sa simplicité, dont on difoit que de faux freres avoient abufé pour le furprendre. Toutefois il fut dépofé, à la cour que le roi tint à Vormes à la Pentecôte de la même année; & le roi fit mettre à fa place dans le fiege de Mayence Arnold fon chancelier, par l'élection de quelques deputez du clergé & du peuple, qui étoient venus à cette cour. Les legats y depoferent auffi, par la permiffion du roi, Bouchard évêque d'Eichftet accablé de vieilleffe, comme incapable d'agir: mais lorsqu'ils vouloient porter auffi leur jugement contre l'archevêque de Magdebourg & quelques autres, le roi les en empêcha & les renvoïa chez eux. Ser.lib.v. Henri dépofé de Mayence fe retira en Saxe dans p. 817. un monaftere de Cifteaux où il mourut pieufement le premier jour de Septembre de la même année.

LXV. Mort d'Eu

Le pape Eugene III. mourut auffi la même

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