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AN. 1105.

mais étant à la charité fur Loire, il apprit que
la comteffe de Blois étoit malade à l'extremité.
C'étoit Adele fœur du roi d'Angleterre, à qui
Anfelme avoit de grandes obligations. Il crut
donc ne pouvoir fe difpenfer d'aller la confo-
ler en cet état: mais étant arrivé à Blois, il la
trouva prefque guerie. Dans le féjour qu'il y
fit, il ne put lui diffimuler le fujet de fon retour
en France; & qu'après avoir fouffert plus de
deux ans, il avoit refolu d'excommunier le roi
d'Angleterre. La princeffe affligée de la con-
damnation de fon frere, entreprit de le recon-
cilier avec le prelat; auquel elle perfuada de
venir à Chartres avec elle. Le roi d'Angleterre
qui étoit alors en Normandie, convint d'une
conference avec Anfelme à l'Aigle entre Sées &
Mortaigne. La comteffe l'y amena ; ils trouve-
rent le roi fort adouci; & après avoir conferé
enfemble, il rendit au prélat ses revenus,
ils fe reconcilierent. Quelques-uns le preffoient
de repaffer auffi-tôt en Angleterre, & le roi y
confentoit: mais à condition qu'Anfelme ne
refuferoit point fa communion à ceux qui
avoient reçu de lui l'inveftiture: ce qu'Anfelme
ne voulut point accorder; & refolut de demeu-
rer jufqu'au retour de ceux qu'ils avoient en-
voiés à Rome, pour cet article & pour d'autres
dont ils n'avoient pû convenir. Ĉet accord fe
fit à l'Aigle le vingt-deuxième Juillet 1105.

&

Le roi en eut d'autant plus de joie, que le bruit s'étoit déja répandu en Angleterre, en France & en Normandie, qu'il alloit être excommunié par Anfelme, & cette opinion encourageoit ceux qui ne l'aimoient pas à remuer contre lui. Ainfi pour témoigner combien il fouhaitoit le retour d'Anfelme en Angleterre, il promit d'envoier fi promptement à Rome, que l'archevêque pourroit affifter à fa cour à Noël

prochain,

prochain; mais il ne tint pas fa parole; & il tarda tant à faire partir les envoïez, que l'on vit bien qu'il ne fouhaitoit pas le retour du prélat. Ainfi fe paffa le refte de cette année; & Anfelme eût tout le tems d'aller à Reims, & de fatisfaire au defir de l'archevêque & de fes chanoines.

AN. 1105.

XXXIX. Olon évêque de Cambrai. |

Nat

2.

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Spicil pag

4:4

So liv.

LXIII

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1100

Manaffés tint cette même année un concile à Reims, où il appella en general tous les abbez de la province, & en particulier Odon abbé de S. Martin de Tournai, qui fut élû évêque de Cambrai, & auffi-tôt facré par l'archevêque & les éveques de la province. C'étoit en execution des ordres du pape Pafcal II. qui étoit indigné de ce que Gaucher dépofé au concile de Clermont par le pape Urbain, dix ans auparavant; LXIV. 1.29. fe maintenoit dans le fiege de Cambrai, par la pretection de l'empereur Henri,& apparemment Pascal voulut profiter de la foibleffe où le trouvoit ce prince depuis la revolte de fon fils. Il Narr. pag. écrivit donc à Manallés archevêque de Reims lui ordonnant d'affembler fes fuffragans, d'élire un évêque de Cambrai, & le facrer fans délai. Mais l'autorité de l'archevêque ne fut pas fuffifante pour mettre Odon en poffeffion; Gaucher se maintint à Cambrai encore un an, c'està-dire, jufques à la mort de l'empereur, & Odon fut renvoïé à fon abbaie de Tournai, exerçant par tout ailleurs qu'à Cambrai, les fonctions épifcopales.

446.

XL. Apologis

du clergé de Liege.

Robert comte de Flandres s'étoit declaré contre les fchifmatiques du diocefe de Cambrai : comme il paroît par une lettre du pape Pafcal, où il l'en remercie, & l'exhorte à faire de même. 7. à l'égard du clergé de Liege excommunié. Il l'excite enfuite contre l'empereur en ces termes: Pourfuivez par tout, felon vos forces Henri chef des heretiques & fes fauteurs. Vous Tome XIV.

D

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tom. I.

conc. p. €30.

p. 634. E.

1. Pet. II.

13

ne pouvez offrir à Dieu de facrifice plus agréa ble, que de combattre celui qui s'eft élevé con tre Dieu, qui s'efforce d'ôter le roïaume à l'églife, qui a élevé l'idole de Simon dans le lieu faint; & qui a été chaffé de l'églife par le jugement du S. Efprit, que le prince des apôtres & leurs vicaires ont prononcé. Nous vous or donnons cette entreprise à vous & à vos vassaux pour la remiffion de vos pechez, & comme un moïen d'arriver à la Jerufalem celefte.

Le clergé de Liege répondit à cette lettre par un long écrit, adreflé à tous les hommes de bonne volonté, qui eft l'apologie de tous ceux qui reconnoiffoient Henri le pere pour empereur legitime. Dès le titre ils fe declarerent catholiques, & attachez inviolablement à l'unité de l'églife; & ils le monrtent encore mieux dans le corps de la piece, où ils nomment f'églife Romaine leur mere, le pape Pascal leur perc, l'apoftolique, l'évêque des évêques, l'ange & l'oint du Seigneur, à qui appartient la follicitude de toutes les églifes. Ils reconnoiffent auffi pour vrai pape, Hildebrand ou Gregoire VII. & déclarent qu'ils n'adhererent jamais à aucun antipape : ainfiil n'y a aucun fujet de les traiter de fchifmatiques.

Au fonds ils foûtiennent qu'ils ne doivent point êtte reputez excommuniez, pour rendre à Cefar ce qui eft à Cefar, fuivant l'évangile contre les nouvelles traditions. Ils rapportent les Rom. 13, 19 de S. Pierre & de S. Paul touchant preceptes l'obéiffance due aux fouverains: puis ils concluent: C'eft donc parce que nous honorons le roi, parce que nous fervons nos maitres, nonfeulement fous leurs yeux, mais en fimplicité de cœur c'eft pour cela qu'on nous traite d'excomp. 636, muniez. Ils infiftent fur la validité du ferment que les évêques comme les autres ont fait aux

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princes depuis un tems immemorial, en recevant d'eux les regales; c'est-à-dire, les domaines dépendans de leur couronne. Ils foûtiennent que c'eft une très-ancienne coûtume, fous laquelle font morts plufieurs faints évêques; & que ce ferment étant legitime, ne peut être violé fans parjure. Ils ajoûtent que la prétention de difpenfer de ces fermens eft une nouveauté introduite Hildebrand.

par

Ils difent enfuite: Si on lit avec l'efprit de P. 637. L. Dieu les faintes écritures & les hiftoires, on trouvera que les rois & les empereurs ne peuvent point ou difficilement être excommunicz; & la question eft encore indécife: quoiqu'ils puiffent être avertis & repris avec discretion. Et encore: Il ne faut pas trop s'allarmer de ce p. 638. Ba qu'on nous traite d'excommuniez. Nous croïons que Rome même nous exceptera de l'excommunication. Le pape Hildebrand qui eft l'auteur de ce nouveau fchifme, qui le premier a levé la lance facerdotale contre le diadême, excommunia d'abord indifferemment tous ceux qui favorifoient Henri: mais enfuite corrigeant cet excès, il excepta de l'excommunication ceux qui étoient attachez à l'empereur par devoir & par neceffité, non pour executer volontairement fes ordres, ou lui donner de mauvais conseils; LXI... & il en fit un decret.

Sur ce que le pape Pafcal traitoit l'empereur Henri d'heretique, ils répondent: S'il l'eft, nous en fommes affligez pour lui & pour nous. Nous ne difons rien maintenant pour fa défenfe, nous difons feulement que quand il feroit tel, nous ne laifferions pas de fouffrir qu'il nous commandât, parce que nous croirions meriter, par nos pechez, d'avoir un tel maître; & nous ne devrions pas même en ce cas, chercher à nous en délivrer en prenant

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Sup. I'v

6:6 A

Fom. 1. 2.

les armes contre lui, mais en adreffant à Dieu pour lui nos prieres. Les rois pour qui faint Paul conjuroit les fideles de prier n'étoient pas chrétiens; & il dit pourquoi on doit prier pour les mauvais princes; afin que nous menions une vie tranquille. Ce feroit une conduite apoftolique d'imiter l'apôtre; mais pour nos pechez, l'apoftolique, le pape au lieu de prier pour le roi pecheur, excite la guerre contre lui, & empêche que nôtre vie ne foit tranquille. D'où vient cette autorité au pape de tirer un glaive meurtrier outre le glaive fpirituel Le pape Gregoire premier dit, que s'il Sup. liv. eût voulu fe mêler de faire mourir des Lom→ XXVI.. 4 bards, ils n'euffent plus eu ni roi, ni ducs. Mais, ajoûte-t-il, parce que je crains Dicu, je ne veux participer à la mort d'aucun homme, quel qu'il foit. A cet exemple tous les papes fuivans fe contentoient du glaive fpirituel jufques au dernier Gregoire, c'est-à-dire, Hildebrand, qui le premier s'eft armé contre l'empereur du glaive militaire, & en a armé les autres papes par fon exemple.

S

epift. i.

Sur la derniere claufe de la lettre, où le раpe ordonne au comte de Flandres de faire la guerre à l'empereur pour la remiffion de fes pep. 641. F. chez, le défenfeur de l'églife de Liege dit : j'ai

P. 642.

beau feuilleter toute l'écriture & tous les interpretes, je n'y trouve aucun exemple d'un tel commandement. Hildebrand est le seul qui mettant la derniere main aux faints canons, a enjoint à la comteffe Mathilde, pour la remiffion de fes pechez, de faire la guerre à l'empe reur Henri. Or nous avons appris, qu'on ne peut lier ni délier perfonne fans examen. C'eft la regle qu'avoit fuivie jufques à present l'églife Romaine. D'où vient donc cette nouvelle maxime, fuivant laquelle on accorde aux cou

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