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leurs plaintes contre Herman, tous les chanoi- AN. 1106, nes fe déclarerent fes accufateurs, & l'affaire fut remife au jugement du pape. Les parties fe préfenterent donc au concile de Guaftalle, l'évéque d'un côté, de l'autre les députez de fon églife; le legat Richard fit fon rapport de ce qui s'étoit paffe. On réitera l'accufation,& il ne parut point de défenfe legitime: ainfi tous étoient davis qu'Herman devoit être dépofé; il l'eût été, fi Gebehard évêque de Conftance n'eût remontré qu'il étoit plus à propos de le faire dans l'églife même d'Aufbourg, quand le pape y feroit. On prononça feulement une fufpenfe contre l'évêque, & on prefcrivit un terme pour le jugement de fa caufe; mais il eut enfuite l'adreffe de le faire encore differer. En confequence du decret de ce concile, le pape écrivit une lettre adreffée à Gebchard évêque de Conf- Pafe. epift. tance, à Oderic de Paffau, & à toute la nation Teutonique, où il reprend le zele exceffif de ceux qui vouloient quitter le païs pour éviter les excommuniez; & permet de recevoir à la communion de l'églife ceux qui n'ont communiqué avec les excommuniez que malgré eux, par la neceffité du fervice ou de l'habitation commune. Sur quoi il cite la constitution de Gregoire VII.

12.

Sup liv LX1', n.Si◄

LII. Bernard

Parme.
1)r སྤོ 1སཱུ༩C

Ita' Saca

De Guaftalle le pape Pascal vint à Parme, où fuivant la priere que lui en avoient faite les habitans, il dédia l'églife cathedrale en l'honneur évêque de de la fainte Vierge, au lieu de S. Herculan qu'elle avoit pour patron; & il déclara cette églife immediatement foumife au faint ficge. Il y fa- t. 2. p.181, cra évêque le cardinal Bernard, que les Parmefans demandoient alors, après l'avoir refufé avec outrage deux ans auparavant ; & il le déclara fon legat. Bernard étoit noble Florentin de la famille des Uberti, aïant embraffé la vie monaf- Ibid.p.2152 Tom. XIV.

E

1.47.

AN. 1106. tique, il fut le premier abbé de S. Salvi à Florence, puis le feptiéme general de la congregation de Vallombreufe. Le pape Urbain II. le fit prêtre cardinal du titre de S. Chryfogone, & Domnino. l'emploïa en diverfes legations. Le pape Pascal l'envoïa en cette qualité de legat auprès de la comteffe Mathilde pour l'aider de fes confeils; & comme il y étoit, quelques Parmefans catho liques & pieux vinrent le prier de venir chez eux, & de ramener par fes iuftructions les fchifmatiques qui y reftoient depuis l'antipape CaSup. liv dalous, qui en avoit été évêque. Bernard alla donc à Parme en 1104. y étant exhorté par Mathilde même, & le jour de l'Affomption de la fainte Vierge, celebrant la meffe folemnellement dans fon églife, il prêcha felon la coû tume, après l'évangile. Mais comme il parloit affez librement contre l'empereur Henri, le peuple attaché à ce prince, fe jetta fur lui l'épée à la main; on l'arracha de l'autel & on le tira hors de l'églife pour le mettre en prifon; on pilla les vafes facrez qui étoient fur l'autel, & que Mathilde avoit donnez. La princeffe aïant appris ce défordre, vint à Parme avec des troupes; les féditieux effraïcz, laifferent Bernard en liberté, rendirent les vafes facrez; & Mathilde leur pardonna à l'inftante priere du cardinal. Enfin cette année 1106. voïant les affaires changées de face par le decès de l'empereur, ils demanderent d'eux-mêmes Bernard pour évêque.

LIII.

porg.

Les Allemans tenoient pour affuré que Le pape le pape en France. celebreroit à Maïence la fête de Noël avec Ab Ur le nouveau roi & tous les feigneurs du roïaume. Le roi l'ajant attendu quelque tems à Aufbourg & en d'autres lieux de la haute Allemagne, paffa la fête à Ratifbone avec les legats. Mais le pape par le confeil des fiens

Suger.vita
Lud. t. 9.

avoir changé de deffein, craignant la ferocité AN. 1106. des Allemans qu'il avoit éprouvée à Veronne, dans une fédition qui s'émut lorsqu'il y étoit logé. On lui difoit qu'ils n'étoient pas difpofez à recevoir le decret contre les inveftitures; & que J'efprit fier du jeune roi n'étoit pas encore aflez docile. C'est-à-dire que ce prince voïant fa puiffance affermie par la mort de fon pere, croioit n'avoir plus befoin du pape. Par toutes ces confiderations le pape dit en foûpirant, que la porte ne lui étoit pas encore ouverte en Allemagne, & prit fon chemin par la Bourgogne pour paffer en France. Le fujet de ce voïage étoit pour confulter le prince Louis defigné roi, & l'églife Gallicane, fur quelques difficultez touchant l'inveftiture ecclefiaftique qui lui étoient faites par le roi Henri, prince in humain, qui avoit cruellement perfecuté fon pere; & le tenant en prifon, l'avoit forcé, à ce que l'on difoit, à lui ceder le roïaume & les ornemens imperiaux. Ce font les paroles de l'abbé Suger, auteur du tems. On refolut done à Rome, qu'à caufe de la perfidie des Romains, faciles à corrompre, il étoit plus sûr de déliberer en France fur ces queftions. Ainfi le pape vint à Clugni, accompagné d'évêques, de cardinaux & de nobles Romains, & y celebra la fête de Noël l'an 1106. De-là il passa à la Charité, dont il dedia folemnellemedt l'églife avec une grande affemblée d'archevêques, d'évêques, d'abbez & de moines. Là fe trouverenţ < les plus grands feigneurs du roiaume, entre autres le comte de Rochefort, fenechal du roi de France, envoïé de fa part pour fervir le pape par tout le roiaume comme fon pere fpiritucl.

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Le pape celebra à S. Martin de Tours le dimanche Larare, quatriéme de Carême, qui

AN. 11Q

cette année 1107. fut le vingt-quatriéme de Mars;& il portoit la tiare pontificale fuivant l'ufage de Rome. Enfuite il vint à S.Denis en France, où il fut reçû par l'abbé Adam avec les honneurs convenables. Mais ce qu'il y eut de memorable, ajoûte Suger qui étoit préfent, c'eft que contre la coûtume des Romains, il ne défira ni l'or,ni l'argent, ni les pierreries de ce monaftere, comme on le craignoit : il ne daigna pas même les regarder. Il fe profterna humblement devant les reliques, priant avec larmes, & demanda quelque petite partie des ornemens épiscopaux de S. Denis, teints de fon fang; en disant: Ne faites pas difficulté de nous rendre quelque peu de vêtemens de celui que nous vous avons envoié gratuitement pour apôtre.

A S. Denis, le roi Philippe & le prince Loüis fon fils, vinrent trouver le pape & fe profternerent à fes pieds. Le pape les releva de fa main & confera familierement avec eux des affaires de l'églife; les priant tendrement de la proteger, a l'exemple de Charlemagne & des autres rois fes prédeceffeurs; de refifter hardiment aux tyrans, aux ennemis de l'églife, & en particulier au roi Henri. Les deux rois, car le prince en avoit déja le titre, lui promirent amitié, aide & confeil, & lui offrirent leur roïaume. Et comme il devoit aller à Châlons fur Marne, conferer avec les ambaffadeurs du roi d'Allemagne, ils lui donnerent pour l'accompagner en ce voïage, des archevêques, des évêques & l'abbé de faint Denis avec lequel étoit Suger.

Le pape attendit quelque tems à Châlons les ambassadeurs du roi Henri; qui étant arrivez, furent logez à S. Menge. C'étoit l'archevêque de Tréves, l'évêque d'Halberstat, l'évêque de Munter, plufieurs comtes & le duc

Guelfe, qui faisoit toûjours porter une épée Ax. 1107 devant lui, étant d'ailleurs terrible par la hauteur & la groffeur de fa taille, & le ton élevé de fa voix, tous ces ambassadeurs fembloient être venus plûtôt pour intimider que pour raifonner.

Ils laifferent à leur logis le chancelier Albert en qui l'empereur avoit une entiere confiance, & vinrent à la cour du pape en grande troupe & avec un grand appareil. L'archevêque de Tréves le plus éloquent & le plus poli de tous, & qui parloit bien françois, porta la parole & falua le pape & la cour Romaine avec offres de fervices de la part de l'empereur, fauf le droit de fa couronne: Puis il ajoûta: Telle eft la cause de l'empereur nôtre maître pour laquelle nous fommes envoiez. Dès le tems de nos prédeceffeurs, hommes faints & apoftoliques, de S. Gregoire le grand & des autres, le droit de J'empereur eft qu'avant que l'élection d'un évêque foit publiée, elle doit êrre portée à fa connoiffance; fi la perfonne eft convenable,il y donne fon confentement; puis l'élection faite par le clergé fur la demande du peuple eft renduë publique; & l'élu étant facré librement & sans simonie revient à l'empereur pour recevoir l'inveftiture des regales par la croffe & l'anneau, & lui porte foi & hommage. Et il ne faut pas s'en étonner, car il ne doit point poffeder autrement les villes, les châteaux, les peages & les autres droits qui appartiennent à la dignité imperiale. Si le pape le fouffre, l'état & l'églife demeureront heureusement unis pour la gloire de Dieu. Ce que l'on nomme ici regales font les biens temporels & les droits que l'églife poffede par conceffion des fouverains.

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Après que l'archevêque de Tréves eut ain

LIV Conferen

ce de Chalons

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