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Si les crimes de toute espèce dont ces vils fcélérats ne ceffent pas de fe couvrir, lui infpirent de l'horreur & de l'indignation, il ne peut oublier que plufieurs d'entre eux font fes enfans auffi-bien que la plupart des victimes qui tombent fous leurs coups; voilà ce qui déchire fon coeur & fait couler fes larmes. Comme citoyen, il voudroit qu'on pût réussir à exterminer des monftres qui ne fe plaifent que dans le meurtre & le carnage; mais comme père & comme Pasteur, il n'eft rien qu'il ne fût capable d'entreprendre, pour les ramener aux fentimens d'humanité, de religion & d'obéiffance dont ils fe font entièrement dépouillés.

LETTRES nouvellement recouvrées.

Nous garantiffons l'authenticité des trente - fept Lettres comprises fous ce titre, & nous affurons qu'elles ont été copiées fidellement fur les originaux écrits de la propre main de M. FLÉCHIER. Le peu d'ordre & de fuite dans les dates qu'on y remarquera est une preuve de ce fait. Dans l'impoffibilité où nous avons été de corriger ce défaut, qu'on nous reprochera peut-être, nous avons été raffurés contre la crainte d'une cenfure que nous ne méritons pas, en penfant que ce défaut même ferviroit à établir fur cet objet la confiance due à notre fidélité.

EXTRAIT de la relation des Grands Jours d'Auvergne, tenus en 1665.

Nous avons dit dans le Difcours préliminaire que vers la fin de 1659, l'Abbé FLÉCHIER quitta la Congrégation de la Doctrine Chrétienne, où il avoit paffé un peu plus de douze ans. Devenu libre & rendu à lui-même, il marcha pendant quelque temps d'un pas incertain & mal affuré à l'entrée de la nouvelle carrière qui s'ouvroit devant lui. Il paffa dans l'obfcurité les premières années qui fuivirent le recouvrement de fa liberté, luttant con

tre la mauvaise fortune & cherchant à se frayer une route convenable à fes talens, comme tous ceux que l'amour des lettres & le défir de la gloire conduifent dans la Capitale, avec l'efpoir d'y trouver l'avancement & la célébrité. Après diverses tentatives qui n'avoient pas rempli fes efpérances, il fut propofé à M. Lefevre de Caumartin, (Louis, petit-fils de celui qui fut Chancelier & Garde des Seaux fous LOUIS XIII en 1622, après la mort de M. de Vie ) pour achever l'éducation de Louis-Urbain, fon fils âgé de douze ans. On connut bientôt dans cette Maifon refpectable tout le mérite de l'Abbé FLÉCHIER, & il y jouit de toute la confidération qui étoit dûe à fes talens, à fon heureux caractère & à fes mœurs. Il y goûtoit depuis quelques années les avantages infiniment précieux de pofféder l'eftime & l'amitié des perfonnes dont on dépend, lorfque M. de Caumartin, alors Maître des Requêtes, fut nommé pour te→ nir les Sceaux aux Grands Jours dont LOUIS XIV ordonna la tenue à Clermont en Auvergne, par fa Dé, claration du 31 Août 1665. L'Élève de l'Abbé FLÉ+ CHIER avoit à cette époque près de dix-fept ans. Ils furent l'un & l'autre du voyage, ce qui rendit l'Abbé FLÉCHIER témoin de tout ce qui arriva d'intéressant pendant la durée des Grands Jours. Perfonne n'ignore que ces commiffions extraordinaires ont pour objet de réprimer la tyrannie que les Seigneurs exercent trop fouvent fur leurs Vaffaux dans les Provinces éloignées, de punir les abus commis par les Officiers des Tribunaux inférieurs, dans l'exercice de leurs fonctions ; d'écouter les plaintes du peuple vexé & tourmenté par une Nobleffe oifive & turbulente qui fe permet tout; en un mot, de rendre aux offenfés & aux offenfeurs la juftice qui leur eft due. Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, la Province d'Auvergne s'étoit remplie de frondeurs, qui avoient pris les armes fous te fpécieux prétexte du

bien public, dont la rebellion fe couvre toujours dans ces temps malheureux. Les Gentilshommes avoient profité de ces fâcheuses circonstances, pour venger leurs injures perfonnelles, attaquer leurs ennemis, & fe livrer à tous les excès de l'emportement & de la cruauté. Les Officiers des Juftices feigneuriales n'étoient que les exécuteurs des volontés tyranniques de ceux qui les avoient mis en place, pour feconder & fervir leurs paffions; les Peuples de la campagne gémiffoient dans l'oppreffion, & vivoient dans de continuelles alarmes pour leurs propriétés & leurs vies. Tant de maux demandoient un remède violent, il falloit intimider les coupables par un appareil formidable, & arrêter les progrès du crime par des exemples de févérité. C'étoit l'intention du Roi & le but de l'autorité confiée aux Commiffaires des Grands Jours. Ils firent l'ouverture du Tribunal redoutable fur lequel ils alloient monter, le 28 Septembre 1665, & continuèrent leurs opérations jufques au mois de Février de l'année fuivante.

Ce fut fans doute pour fon propre amusement que M. FLÉCHIER entreprit d'écrire la Relation détaillée de fon voyage d'Auvergne, & de tous les événemens dont il fut témoin pendant fon féjour. Nous penfons que s'il fe fût propofé de le rendre public, dans la majorité de l'âge, & lorfque fon goût eût été perfectionné par un long exercice, il y auroit fait des changemens confidérables pour le fond & pour la forme. En effet, tout annonce que cet ouvrage a été fait à la hâte & au milieu des diftractions que les circonftances faifoient naître à chaque inftant. Le style en eft extrêmement négligé ; la narration fouvent interrompue, fans qu'on voie pourquoi, n'eft pas liée avec foin dans fes diverfes parties. Les épisodes & les détails n'ont pas un rapport fenfible avec ce qui précède & ce qui fuit; ce font d'ailleurs des aventures & des intrigues communes, pour ne pas dire

triviales, dont le peu d'intérêt n'eft pas compenfé par le caractère ou la qualité des personnages qu'on y voit agir. De plus, on y trouve beaucoup de détails minutieux & qui ne méritoient pas la peine de les écrire. Tout cela nous perfuade que ceux qui ont parlé de cet ouvrage, comme d'une production du meilleur goût, & une efpèce de chef-d'œuvre, ne le connoiffoient pas, ou du moins ou du moins, qu'ils ne l'avoient jamais lu avec quelque attention. Cependant nous ne disconvenons pas qu'il ne contienne des anecdotes curieufes des réflexions folides, des plaifanteries fines, des descriptions charmantes, & des portraits d'une touche légère & délicate, où l'on reconnoît la main de celui qui a fi bien fu peindre les personnes illuftres de fon temps dans toutes les conjonctures de la vie, & dans tous les rangs de la fociété.

C'est auffi d'après ces confidérations réunies, que nous nous fommes déterminés, non à imprimer cette Relation dans l'état où l'illuftre Auteur l'a laiffée mais à configner les endroits qui nous ont paru mériter d'être confervés, dans un Extrait affez étendu pour donner une jufte idée de tout l'ouvrage & de la manière dont il eft exécuté. Le mémoire qui précède cet Extrait, eft comme nous l'avons déjà dit une espèce d'introduction qui nous a paru nécessaire, pour faire connoître à plusieurs, l'histoire, la nature, & la deftination de ces tribunaux extraordinaires auxquels on a donné le nom de Grands Jours.

AVIS DE L'IMPRIMEUR.

EN livrant ce Tome dixième & dernier de la Collection complète des Œuvres de M. FLÉCHIER, nous croyons devoir rendre compte à MM. nos Soufcripteurs, & au Public, du retard involontaire que nous leur avons fait éprouver pour la livraifon de ce volume; & de la fuppreffion de deux Pièces annonnoncées dans notre premier Prospectus, qu'on ne trouvera point dans ce même volume.

La première de ces Pièces, eft l'Extrait de la correspondance de M. Fléchier avec M. de Bafville, que l'Editeur avoit annoncé inconfidérément, & que des raifons fupérieures n'ont pas permis d'y faire entrer.

La feconde Pièce, eft une Table générale des Matières, pareiltement annoncée par l'Editeur, fans en avoir prévu les difficultés, & même l'inutilité; nous difons l'inutilité, parce que les différens Ouvrages qui compofent la Collection complète des Euvres de M. Fléchier, ont fi peu de rapport par les Matières qui y' font traitées, qu'une Table générale des Matières feroit d'une difparité choquante. Comment faire entrer en effet dans une même Table, la partie Hiftorique des Ouvrages de notre Prélat,'à côté de fes vers Latins & François, de fes Sermons, de fes Mandemens? Plufieurs même de ces Pièces font fi courtes, telles que fes Harangues, Complimens, Lettres familières, &c. qu'elles ne font pas fufceptibles d'une Table Analytique, qui deviendroit plus longue que les Pièces qu'elle indiqueroit.

Enfin les Oraifons Funèbres, les Panégyriques, les Sermons 'de Morale, &c. ont été analyfés par l'Editeur, & ces Analyfes feront plus utiles au Lecteur qu'une Table, qui ne pourroit être qu'une répétition inutile de ces mémes Analyfes, & groffiroit par-là très-inutilement la Collection. D'ailleurs il n'en eft pas dune Oraifon Funèbre, ni d'un Sermon, comme d'un Ouvrage Hiftorique; on eft dans le cas de confulter l'un pour certains faits; mais il faut lire l'autre en entier, & fon peu d'étendue n'exige jamais une Table pour faciliter cette lecture.

D'après ces confidérations, nous nous fommes décidés à mettre une Table Alphabétique des Matières à la fin de chaque volume Hiftorique; & une Table des Pièces nous a paru fuffifante à la fin des autres volumes: celle de ce Tome dixième & dernier peut être re

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