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qui nous ramène à notre néant, & qui nous montre fans nous flatter, ce que nous fommes. J'ai trouvé dans tout ce traité de piété des principes de cette humilité chrétienne, que le monde a prefque oubliés, & que des Solitaires comme vous font en droit de lui remontrer. On ne fauroit le faire plus nettement ni plus fortement que par les paroles & les réflexions même de faint Auguftin, qui eft entré si avant dans la connoiffance de la nature corrompue, & de la grâce victorieuse de Jesus-Chrift. Vous nous avez expliqué fes fentimens avec tant de pureté & d'exactitude, MONSIEUR que je puis vous affurer du fruit que votre traduction a déjà fait parmi nous, & vous répondre prefque de celui qu'il fera par-tout. Nous fommes ici dans une région d'orgueil, où les foibleffes des hommes fe cachent fous de vaines apparences de grandeur; & il n'y a rien de fi néceffaire que de faire voir à des gens qui font au-deffus des autres, combien ils font au-deffous de Dieu. Que je voudrois qu'ils vouluffent apprendre dans votre ouvrage la foumiffion & la dépendance qu'ils exigent des autres, & qu'ils reconnuffent leurs befoins spirituels; eux à qui on en représente tous les jours tant de temporels.... Je viens de parler à M. de Montaufier des difficultés qu'on fait à Rome d'expédier les bulles à M. Danet. M. de Pompone s'eft chargé du mémoire, & va écrire à M. l'Ambaffadeur. Je vous demande toujours un peu de part en l'honneur de votre amitié, & fur tout en vos prières; & je puis vous affurer, que perfonne n'a une plus véritable eftime, ni un plus fincère refpect pour vous, que, &c.

A Saint-Germain, ce 16 Décembre 1675.

J'AI

LETTRE VIII.

De civilité à M. Benoit, Auditeur de Rote.

'A1 toujours différé, MONSIEUR, à répondre à l'obligeante lettre que vous eûtes la bonté de m'écrire, il y a près d'un mois, parce que j'efpérois pouvoir vous envoyer l'Oraifon Funèbre que j'ai prononcée en l'honneur de Madame la Ducheffe d'Aiguillon. Mais mes affaires ne m'ayant pas encore donné le temps de la faire imprimer, je ne veux pas attendre plus long-temps à vous rendre de très-humbles actions de grâces de l'honneur de votre fouvenir, & de toutes les bontés que vous me témoignez en toute rencontre. Je

vous affure, MONSIEUR, que je fens comme je dois, cette affection tendre & fincère dont vous m'honorez, & que perfonne auffi n'eft avec plus de zèle & de reconnoiffance que je fuis, &c.

En attendant que je puiffe vous envoyer quelques exemplaires de l'Oraison Funèbre que vous m'avez demandée, je vous envoie une Séance Académique qu'on a fait imprimer depuis peu.

A Verfailles, ce 22 Août 1675.

LETTRE IX.

'De civilité à M. Le Roi, Abbé de Hautefontaine, en lui envoyant une Oraifon Funèbre de fa compofition.

ON nous avoit fait efpérer, MONSIEUR, que nous aurions

l'honneur de vous voir ici en peu de temps, & je me confolois de ce que la Providence me retenoit en ce lieu, lorsque je croyois qu'elle vous y conduifoit. Mais je vois bien qu'il faut que je fois encore privé de l'honneur de vous voir, & que je ne puis ni vous aller chercher où vous êtes, ni vous trouver où je fuis. En attendant que je puiffe avoir l'une ou l'autre confolation, agréez, MONSIEUR, que j'aie au moins celle de vous envoyer cette Oraison Funèbre, & vous demander la continuation de votre bienveillance, & de vous affurer que perfonne ne peut être à vous avec plus de respect, & de paffion que je fuis, &c.

A Saint-Germain, ce 29 Novembre 1675:

LETTRE X.

De civilité à M. Benoît, Auditeur de Rote.

QUOIQUE la voix du peuple, MONSIEUR, foit ici,

foit dans les Provinces, m'ait déjà fait plufieurs fois Evêque, je ne fuis encore qu'Abbé. Je laiffe à la Providence à faire de moi tout ce qu'elle voudra, & dans les temps qu'elle aura marqués. Je fuis pourtant bien aise de voir les fouhaits de mes amis, & la bonne opinion qu'on donne de moi à ceux, dont je n'ai pas l'honneur d'être connu. J'avois deffein d'envoyer à Avignon un paquet de mon dernier livre, pour quelques-uns de nos amis. Mais j'attends qu'on ait ache

vé d'imprimer mes quatre Oraisons Funèbres dans un volume, afin de faire mon préfent complet & tout à la fois. Je vous prie de me conferver toujours l'amitié des perfonnes, qui me font l'honneur de se souvenir de moi, & de croire que je fuis plus que perfonne du monde, MONSIEUR, &c.

A Saint-Germain, ce 21 Décembre, environ 1680.

LETTRE XI.

A M. Benoit, Auditeur de Rote, pour lui donner avis qu'il avoit été nommé Aumônier ordinaire de Madame la

Dauphine.

JE crois, MONSIEUR, que ce font les vœux que vous avez faits pour ma fortune, qui ont déterminé le Roi à me donner depuis deux jours la charge d'Aumônier ordinaire de Madame la Dauphine. C'est une charge très-honorable, de très-grand prix, qui m'attache à la Cour & qui ne m'éloigne d'aucune autre dignité de notre profeffion. Ainfi je m'imagine que comme vous m'avez ardemment fouhaité du bien, vous aurez beaucoup de joie de voir vos fouhaits accomplis. Je fuis perfuadé que tous nos bons amis y prendront quelque part, quand vous leur en donnerez la nouvelle. Dans l'accablement où je fuis de lettres & de vifites, à la veille d'un voyage pour aller au-devant de notre Princeffe, je n'ai que le temps de vous affurer que je fuis de tout mon cœur votre, &c.

A Saint-Germain, ce 23 Février 1681.

LETTRE XII.

'De civilité & d'amitié chrétienne à Madame fa Sœur, Religieufe de fainte Claire à Béziers.

J'A 'A I été fi long-temps, MA TRÈS-CHÈRE SŒUR, ou dans la fatigue des voyages, ou dans les premiers embarras d'une nouvelle charge, que je n'ai pu vous écrire comme je l'aurois fouhaité, pour me réjouir avec vous de ce qu'on m'a dit, & de ce que vous avez eu la bonté de me mander vousmême du meilleur état de votre fanté. Toutes les profpérités qui me pourroient arriver dans le monde ne me font ni fi confidérables, ni fi fenfibles que cette nouvelle-là. Auffi je prie tous les jours le Seigneur, qui mortifie & qui vivifie,

&

de vous foutenir par fa grâce dans toutes vos infirmités, de vous conferver, non pas pour vous, qui ne tenez presque plus à la terre, mais pour nous qui avons befoin de la confolation que vous nous donnez par votre vertu, & du fecours que nous reçevons de vos prières. Vous jugez-bien, MA CHÈRE SŒUR, qu'elles me font plus néceffaires que jamais, étant engagé préfentement à la Cour par état & par obligation. La charge que le Roi m'a fait la grâce de me donner, m'engage à être toujours auprès de Madame la Dauphine, qui eft une jeune Princeffe très-pieufe. Mes fonctions ne regardent que les foins de la fervir dans fes exercices de piété. Ainfi nous ne tenons à la Cour que par des occupations toutes fpirituelles. Cependant, comme le monde eft un pays de malignité & de contagion, & qu'on y eft fouvent plus attaché qu'on ne penfe, il eft jufte que des ames qui s'en font entièrement éloignées, prennent le foin de prier pour ceux qui font engagés à y demeurer, & qui font en danger de s'y perdre. Je suis bien perfuadé, MA CHÈRE SUR, que vous ne manquez pas d'offrir à Dieu pour moi une partie de vos plus tendres prières, & je vous en fuis infiniment obligé. J'efpère encore que vous me procurerez celles de votre fainte Communauté, en qui j'ai une très-grande confiance, & à qui j'attribue une partie des grâces que Dieu me fait. Si Monfeigneur l'Evêque de Béziers vient ici, je ne manquerai pas de parler quelquefois de vous avec lui, & fur tout de lui recommander toujours les intérêts de votre monaftère. Je vous prie de me mander fouvent de vos nouvelles, d'offrir mes refpects à votre Révérend Père Confeffeur, & à votre Révérende Mère, & de croire que je fuis avec toute l'affection poffible, &c.

A Fontainebleau, ce 27 Mai 1681.

LETTRE XIII.

'Remerciment à M. Benoît, Auditeur de Rote, pour la part qu'il avoit prife à fa nomination à une Abbaye,

JE vous fuis infiniment obligé, MONSIEUR, de la bonté

que vous avez eue de prendre quelque part en l'honneur que le Roi m'a fait de me pourvoir d'une Abbaye. Je n'ai point eu de plus fenfible plaifir dans cette nouvelle acqui

fition, que de voir combien mes amis s'y font intéreffés: Mais, MONSIEUR, la joie que vous avez eu la bonté de m'en témoigner, m'a été d'une fatisfaction extrême. Comme je n'ai point de plus forte paffion que de vous témoigner à quel point je fuis à vous, je n'ai pas auffi de plus grande joie que de favoir que vous m'honorez de votre amitié, & que vous me donnez quelque part à l'honneur de vos bonnes grâces. Continuez-les moi, s'il vous plaît, & foyez perfuadé que perfonne n'eft avec plus de paffion & de zèle que moi, &c.

A Saint-Germain, ce 13 Février, environ 1682.

LETTRE XIV.

De civilité à Madame fa Sœur, Religieufe à Béziers.

JE reçus dernièrement une de vos lettres, MA TRÈS

CHÈRE SOUR, par laquelle vous m'affuriez que vous recommandiez à Dieu une affaire que je vous avois prié de lui recommander dans vos prières. Je vous en fuis très-obligé. L'affaire a réuffi comme nous pouvions le fouhaiter, & j'attribue ce fuccès à la ferveur de vos oraifons, qui ont attiré fur les perfonnes que je vous recommandois, les grâces que Dieu leur a faites. Comme je loue en plufieurs occafions la régularité de votre Monaftère, & que je fais profeffion d'avoir grande confiance en vos prières, une perfonne d'un grand nom, d'une grande qualité, & d'un grand mérite, m'a prié d'obtenir de vous, que vous veuilliez bien prier Dieu pour elle fur un engagement qui doit faire fon bonheur ou fon malheur en cette vie, & même fon falut pour l'autre. Je vous demande cette grâce avec instance, mettez vos faintes Sœurs en prière avez vous. Vous me parliez dans votre lettre de mon frère & de l'embarras où il fe trouve. J'ai fait ce que je pouvois pour le foulager. Je lui ai fait depuis la mort de mon frère une donation entière de tout le bien que j'avois reçu de mon père & de ma grand'mère, & je lui ai remis tout ce que je tenois de la maison. Pour le reste, vous favez l'ufage qu'on eft obligé de faire des biens de l'Eglife. Il me faut réparer une Abbaye ruinée. La place où je fuis m'oblige à plufieurs dépenfes néceffaires. Les pauvres ont droit de demander leur portion. Ainfi je n'ai pas été en état de faire davantage pour lui. Il a du bien raisonnable

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