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ment jufqu'à ce que je lui en puiffe faire. Vous pouvez bien juger, MA TRÈS-CHÈRE SŒUR, que je n'ai pas été dans l'opulence, puifque je ne vous ai pas envoyé les ornemens que vous m'aviez demandé. Faites-moi la grâce de m'en envoyer un petit mémoire, & je ferai un fonds pour m'acquitter dès que je le pourrai de cette obligation car je ne fouhaite rien tant que de vous faire connoître & à votre fainte Communauté, avec quel attachement je fuis, MA TRÈS-CHÈRE SŒUR, &c.

A Verfailles, ce 3 Juin, environ 1682.

LETTRE X V.

De civilité, à la même.

JE reçus il y a quelques jours une de vos lettres, MA

TRÈS-CHÈRE SŒUR, par laquelle vous m'affurez de la continuation de vos prières, & de celles de votre fainte Communauté. La bonne opinion que j'ai de votre vertu, & la connoiffance que vous m'avez donnée de la parfaite régularité de vos chères Sœurs, me font croire qu'elles ont beaucoup de crédit auprès de Dieu, & me donnent une trèsgrande confiance. Ainfi, je vous supplie de leur faire bien connoître l'obligation que je leur ai, & d'être bien perfuadée vous-même des fentimens d'eftime que j'ai pour elles, & de l'affection que j'ai pour vous. La perfonne que j'avois recommandée à vos oraifons, m'a chargé de vous remercier. Son affaire va fe conclure, & elle vous prie de redoubler vos prières. Comme je lui ai beaucoup d'obligation, & que je fouhaite de tout mon cœur & fon falut & fon repos, je prends la liberté de vous la recommander encore. J'ai reçu votre mémoire pour la chafu ble, & je ne manquerai pas de m'acquitter de ce petit préfent comme vous le fouhaitez. Je vous prie de faire mille remercîmens de ma part à votre Révérende Mère, & à toute votre Communauté, & de croire que perfonne n'a plus d'attachement au bien, & ne prend plus d'intérêt que moi à tout ce qui regarde votre Monaftère. J'ai eu ordre du Roi de prêcher l'Avent prochain devant lui & devant toute fa Cour, je vous prie de bien recommander à Dieu cette affaire, & de le prier qu'il donne efficace à fa fainte parole, & qu'il daigne fe fervir utilement d'un miniftère auffi foible & auffi

indigne que le mien, pour le falut des ames. Je fuis avec toute l'affection poffible, &c.

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De civilité à M. Viguier, Avocat, pour lui rendre compte d'une affaire qui regardoit la converfion d'un de fes amis.

JE croyois, MONSIEUR, pouvoir paffer par Angoulème

en venant ici; mais mes affaires ont tourné en forte que j'ai pris une autre route. J'avois à conférer avec vous, & je m'en faifois un plaifir; mais il faut attendre que j'aie terminé ma course, & que je puiffe être auprès de vous. Je vous dirai cependant que toutes les Puiffances m'ont déclaré, que c'étoit tout gâter que de propofer quelque accommodement, ou quelque récompenfe pour la converfion; qu'il falloit faire abjuration fans condition, & qu'après cela vous feriez fatisfait. Prenez, s'il vous plaît, vos mefures là-dessus. Faites-moi favoir vos réfolutions. Servez-vous du féjour que je fais en ce pays-ci. Je ferai encore ici trois semaines, & je pafferai chez vous après ce temps-là. Je fuis, MONSIEUR, votre, &c.

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De civilité à M. Benoît, Auditeur de Rote, fur les fouhaits qu'il avoit faits en fa faveur à la naissance de M. le Duc de Bourgogne.

JE

E vous rends très-humbles grâces, MONSIEUR, de la bonté que vous avez de prendre part à la joie que nous avons eue de la naiffance de Monfeigneur le Duc de Bourgogne. Je n'y ai d'autre intérêt que celui de tout le Royaume, & que fur-tout ceux qui ont l'honneur d'être Officiers de la Maison, y ont, & je n'y dois regarder autre avantage que celui qui en revient à la Famille Royale & à tout l'Etat. Je ne laiffe pas de vous être obligé des bons défirs & des bonnes intentions que vous auriez pour moi en cette occafion. fi vous difpofiez de l'avenir. Nous avons appris les réjouiffances de votre Ville, & M. votre Député a été bien reçu. Le Roi eft parti pour Chambor, & Monseigneur le Dau

phin qui étoit demeuré auprès de Madame la Dauphine partit il y a deux jours pour aller trouver Sa Majesté. Pour nous, nous ferons encore à Versailles jusqu'au dixième du mois prochain. Madame la Dauphine aura eu le temps de fe remettre de fa couche, & ira joindre la Cour à Fontainebleau. Ainfi, je ne pense pas que nous approchions de Lyon. Je ferai à Fontainebleau, où je crois que je commencerai à prêcher mon Avent devant le Roi le jour de la Touffaints. Si nous euffions pouffé jufqu'à Lyon, j'aurois paffé plus avant, & je ferois allé vous affurer que je fuis avec toute la considération & toute l'eftime poffible, MONSIEUR, votre, &c.

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De civilité à Madame fa Sœur, Religieufe à Béziers.

VOTRE dernière lettre me donna beaucoup de joie;

MA TRÈS - CHERE Sœur, elle m'apprit que votre santé étoit bonne, que vous vous fouveniez fouvent de moi devant Dieu, & que j'avois part aux prières de tant de faintes Filles, qui, en votre confidération, me regardent comme fi j'avois l'honneur de leur appartenir. Je ne faurois vous témoigner avec quelle reconnoiffance je reçois les grâces qu'elles me font je leur attribue une partie de celles que Dieu me fait & à mes amis. L'affaire que j'avois pris la liberté de vous recommander, eft faite avec toutes les apparences d'un bon & heureux fuccès. Je vous remercie de la ferveur avec laquelle vous vous y êtes intéreffée dans vos oraisons. Je connois le crédit que votre Communauté a auprès de Dieu. Je vous prie, MA TRÈS-CHÈRE SŒUR, de lui bien demander mon falut, & celui de ceux à qui je dois annoncer fa parole cet Avent prochain. Je partirai au premier jour avec Madame la Dauphine, pour aller à Fontainebleau, où le Roi fera environ un mois. Ce fera là que je prêcherai le jour de la Touffaints devant leurs Majeftés. Priez le Seigneur que je m'acquitte heureufement pour fa gloire de mon miniftère. Faites moi favoir fouvent de vos nouvelles, & foyez perfuadée que je fuis avec toute la tendreffe que je dois, MA TRÈS-CHère Sœur, &c.

A Paris, ce 30 Septembre 1682.

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De controverfe, & des moyens de réunir les deux Communions à M. Vigier, Avocat.

IL

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L y auroit long-temps', MONSIEUR, que j'aurois répondu à la lettre que vous eutes la bonté de m'écrire il y a près de fix mois. Mais l'absence de M. de Condom, à qui vous m'aviez chargé de la communiquer, la réfolution que j'avois prise d'aller à mon Abbaye, où j'aurois eu peut-être occafion de conférer avec vous, le voyage de Strasbourg que je fus obligé de faire fubitement, & le défir que j'avois de favoir fi dans l'Affemblée du Clergé on traiteroit des affaires dont vous fouhaitiez d'être éclairci, m'ont empêché ou m'ont fait différer de vous écrire jufqu'ici. Je ne faurois affez louer l'amour que vous faites paroître pour la paix de l'Eglife, & le deffein que vous avez de chercher les moyens les plus faciles & les plus efficaces pour réunir les efprits que la différence de Religion a divifés, & que les préventions des uns, & peut-être le zèle inconsidéré des autres aigriffent encore tous les jours. J'avoue que la violence & l'oppreffion ne font pas les voies que l'Evangile nous a marquées, & dont Jefus-Chrift s'eft fervi pour gagner les ames & pour établir fa Foi. Nous favons que la Religion fe perfuade & qu'elle ne fe commande point; qu'il faut gagner le cœur par le cœur, & que rien ne conduit fi naturellement à la vérité que la charité. Nous fommes affurés que le Roi ne prétend faire aucune peine à fes Sujets ; & que fi fa piété lui fait fouhaiter avec paffion de les ramener à la pureté & à l'unité de la Religion, fa bonté lui fera toujours prendre les moyens les plus doux & les plus juftes pour y réuffir. Ainfi, MONSIEUR, quand vous auriez raifon de vous plaindre des févérités indifcrètes qu'on a exercées contre vous, vous avez lieu d'efpérer que Sa Majefté les fera ceffer dès qu'elles lui feront connues, & j'apprens même qu'il y a déjà de grands adouciffemens là-deffus. Vous pourrez donc travailler avec plus de repos à l'ouvrage que vous méditez; & comme vous n'avez que des pensées de paix, & que vous n'agiffez que par des motifs de charité, & par un défir fincère du falut commun, comme vous le témoignez dans votre lettre, il eft à croire que vous recueillerez le fruit

de

P

de votre travail & que vous ferez utile à vos frères. Il est vrai que ce n'eft pas un deffein facile à exécuter. La préoccupation, la coutume, l'intérêt, la paffion, la piété même, quand elle eft animée d'un zèle amer, ou qui n'est pas felon la fcience, font des obftacles prefque infurmontables dans les réunions. L'efprit humain ne se plaît pas à céder, & il n'avoue pas volontiers qu'il s'eft trompé. Auffi nous avons vu jufqu'ici le peu de fuccès qu'ont eu toutes ces méthodes de réconciliation qu'on a expofées, qui n'ont fervi qu'à faire voir qu'il y a peu de gens équitables, & que l'amour du parti prévaut prefque toujours à celui de la vérité. Mais, MONSIEUR, puifqu'un homme fage comme vous, & reconnu tel, prend la peine d'examiner ce qu'il y a eu de défectueux dans des moyens qu'on a propofés inutilement, & d'en chercher de plus faciles & de plus juftes, vos bonnes intentions, votre bonne foi, avec les lumières que vous avez, pourront beaucoup contribuer à faire revenir les perfonnes pacifiques & raisonnables. Si vous faites voir dans la réponse que vous faites à M. Arnaud, que votre Morale eft entièrement conforme à la nôtre; ce fera déjà une grande avance. Il n'eft pas probable que vous autorifiez les chofes que nous condamnons dans la pratique; mais il est dangereux de pofer des principes dont on peut tirer des conféquences auffi dures que celles qu'on a tirées des vôtres, fur le fujet de la justification. Pour ce qui regarde les dogmes & la police de l'Eglife, il feroit à fouhaiter que vous euffiez trouvé ce tempérament raisonnable que l'une & l'autre communion pût approuver. Je m'affure qu'on vous tendra les mains pour vous recevoir, dès que vous vous approcherez de nous fincèrement; & que vous trouverez toutes les difpofitions que vous pouvez attendre de la charité, quand nous pourrons connoître que vous êtes difpofé à fuivre la vérité. Vous ne demandez, MONSIEUR, qu'une démarche à l'Eglife Romaine, c'eft qu'elle remette l'usage du calice au peuple, & vous efpérez que la divifion ceffera, & qu'il n'y aura plus qu'un troupeau. S'il ne tenoit qu'à ce feul point, la paix feroit bientôt conclue. Je ne crois pas que les honnêtes gens de votre parti, après avoir franchi toutes les autres difficultés, vouluffent s'arrêter à celle-ci qui n'est pas fi effentielle, & je fuis perfuadé que le Pape accorderoit volontiers une chofe que nous eftimons Tome V. Seconde Partie.

C

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