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indifférente, & qui n'a été refufée que parce qu'on l'ajugée inutile. Je conviens avec vous que cet article de la Communion fous les deux espèces n'a rien qui répugne à la parole de Dieu, ni aux décifions des Conciles, & qu'on a remis au Pape le pouvoir de la permettre felon les befoins. Mais il n'est ni de fa dignité ni de fa fageffe de le faire, s'il n'en prévoit des avantages affurés & confidérables pour la réunion. Plufieurs Princes follicitèrent à Rome & au Concile de Trente, pour obtenir qu'on se relâchât fur ce point; mais le Concile bien informé de l'éloignement où étoient les Proteftans de toute forte d'accommodement, jugea bien qu'après avoir obtenu ce point, ils infifteroient fur d'autres, & qu'il n'étoit pas à propos que l'Eglife changeât ainfi fans aucun fruit fa Difcipline & fes ufages. L'Empereur Maximilien II ayant depuis demandé au Pape la même chofe pour l'Allemagne, 's'en défifta par prudence, & reconnut que c'étoit un piège qu'on lui avoit tendu ; & que les Proteftans ne demandoient qu'on leur accordât l'usage de la Coupe, que pour avoir lieu d'accufer l'Eglife d'avoir erré en le défendant, & de prendre fa condefcendance pour une preuve de fon erreur. Je fai bien, MONSIEUR, que les affaires de la Religion ne font plus dans le même état, que les efprits font autrement difpofés, qu'on fe laffe de cette divifion, & que peut-être il y a parmi vous un petit nombre d'honnêtes gens qui ne feroient pas fàchés d'avoir une ouverture & une raifon apparente de leur conversion. Mais vous jugez bien qu'on n'engagera pas les Puiffances à faire une démarche de cette importance, fi l'on ne voit clairement le grand fuccès qu'elle doit avoir. C'est à vous à prendre vos mefures là-deffus. Le Clergé n'eft pas affemblé pour traiter de ces matières. Pour moi, je fouhaiterois avec paffion de contribuer au falut de tant d'ames, & au deffein que vous avez de les ramener à la Foi de l'Eglife; & je m'eftimerois heureux, fi en procurant la gloire de Dieu, je pouvois vous témoigner que je fuis très-fincèrement, MONSIEUR, votre, &c.

A Saint-Germain-en-Laye, ce 14 Décembre environ 1682,

LETTRE X X.

De civilité, au même, pour s'excufer de ce qu'une des Lettres qu'il lui avoit écrite, avoit été divulguée, & pour lui rendre compte d'une affaire dont il l'avoit chargé pour un ami qui vouloit fe convertir.

JE reçus il y a quelque temps, MONSIEUR, la lettre que

vous avez eu la bonté de m'écrire. Je vous rends d'abord mille grâces des profpérités que vous me souhaitez durant le cours de cette année, & je me juftifie ensuite du soupçon que vous avez eu que j'aie communiqué la lettre que vous me fites l'honneur de m'écrire l'année paffée. Je vous affure que je n'en ai donné aucune copie, & que perfonne n'eft plus perfuadé que moi de cette fidélité & de cette religion du fecret qu'on fe doit les uns aux autres dans le commerce qu'on a par lettres. J'ai long-temps rêvé fur cette aventure, & à moins que quelqu'un l'ait décrite chez M. l'Evêque de Meaux, à qui je la laiffai un jour ou deux par votre ordre, je ne puis m'imaginer par quelle voie elle a couru dans Paris & jufqu'en vos Provinces. Quoi qu'il en foit, je vous prie de croire que je ne l'ai point divulguée. Je fuis bien-aife que vous vous foyez mis au-deffus de la cenfure, & que la foudre n'ait fait que vous menacer... Pour l'affaire que vous m'avez fait la grâce de me confier, & qui regarde la converfion d'un de vos amis, j'ai toujours bien cru que vous étiez affez équitable pour ne pas vous oppofer à ceux, qui étant perfuadés de la vérité, ont réfolu de la fuivre. Vous ne doutez pas que je n'aie eu beaucoup de joie de m'employer, comme vous l'avez fouhaité. J'ai lu votre lettre à M. le Duc de Montaufier, à qui vous m'aviez chargé de la montrer. Nous étions convenus d'en parler à ceux qui ont la direction de ces fortes d'affaires. Je leur ai décrit le Cathécumène avec toute la réputation & toutes les bonnes qualités que vous marquez dans votre lettre. Je leur ai expofé les offres que vous me mandez qu'on lui a faites, & fur cela ils m'ont répondu, que pour la gratification, il n'y auroit pas beaucoup de difficulté ; mais que pour la charge de Confeiller en fon Préfidial, quoique ad honores feulement, ils ne croyoient pas que le Roi le fit; qu'il y avoit bien des exemples de Convertis à qui

l'on avoit fait donner pour peu de chofe des Charges qui étoient vacantes aux Parties Cafuelles, dont le Roi difpofoit; mais qu'il n'y en avoit point de Charges créées ainsi. Ils m'ont pourtant chargé de favoir de quelle part on avoit offert à cet honnête homme les deux conditions que vous me propofez dans votre lettre. Peut-être que ceux qui les ont offertes peuvent les faire réuffir, ou du moins nous y fervir. Voilà, MONSIEUR, les commencemens de ma nêgociation. Faites-moi la grâce de me mander fi c'est quelque perfonne d'autorité qui air fait ces propositions à votre ami, & qui c'eft, afin que nous puiffions nous en prévaloir. Je ne vous demande pas le nom du Cathécumène, ni fa profeffion : Vous avez vos raifons pour ne pas le découvrir encore, & je ne veux pénétrer du mystère, qu'autant que vous voudrez m'en révéler. Je vous prie toujours, Monsieur, d'être perfuadé que je m'employerai avec joie, non-feulement à des chofes de cette importance, mais encore à toutes celles qui pourront regarder votre service ou votre fatisfaction; étant comme je fuis, entièrement à vous.

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De civilité, au même, fur la même affaire.

LE voyage que la Cour a fait à Compiegne au commen

cement du Carême, & les divers embarras qui nous font arrivés depuis jufqu'après les Fêtes, m'ont empêché MONSIEUR, de vous écrire plus diligemment fur le fujet de votre dernière lettre ; je n'ai pas pourtant manqué de voir les perfonnes qui peuvent nous fervir pour l'affaire de votre ami, & de leur faire les propofitions que vous me faites. Pour la gratification, on m'a toujours fait entendre, qu'il n'y auroit point de difficulté. Pour la Charge de Préfident à la Prévôté d'Angoulème, je croyois qu'étant telle que vous me l'aviez décrite, il ne feroit pas difficile de l'obtenir; mais M. Colbert, à qui il a fallu s'adreffer, ne convient pas tout-à-fait que cette Charge foit fi peu confidérable, & veut s'éclaircir là-deffus. Il faudra lui en parler encore, & je vous marquerai ce qu'il aura répondu. S'il fe trouve des obftacles fur ces fortes d'intérêts, votre ami doit fe mettre au-deffus de ces confidérations, qui, quoi

que raisonnables, ne doivent pas retarder une réfolution que la connoiffance de la vérité & le défir de fon falut lui ont fans doute fait prendre. Je vous affure, MONSIEUR, que je n'oublierai pourtant rien pour faire réuffir cette affaire, & pour vous témoigner avec quelle eftime je fuis, MONSIEUR, Votre, &c.

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De civilité, au même, pour juftifier fa conduite au fujet d'un procès auquel il prenoit intérêt en faveur de fa partie.

IL

L faur, MONSIEUR, que je vous faffe d'abord bien des excufes d'avoir été fi long-temps à répondre à votre dernière lettre. Quelques embarras d'affaires & de voyage m'ont privé durant quelque temps de toutes fortes de commerce avec mes amis, & je commence à respirer en vous écrivant. La principale chose dont vous vouliez être éclairci, c'est d'un démêlé que j'ai avec M. de Lhermitage. On vous aura fans doute informé, que c'eft fur le fujet d'un Architecte qui s'étoit chargé des réparations de mon Abbaye, & dont M. de Lhermitage s'étoit rendu caution, s'obligeant à le remettre dans les prifons de Marfillac, s'il manquoit à faire fon ouvrage, ou s'il emportoit l'argent; l'un & l'autre eft arrivé, & M. de Lhermitage a négligé de le remettre ; & l'ayant remis quelque temps après, M. Pasquet, fon beaufrère, vint me trouver pour me prier d'arrêter les poursuites que faifoit M. Barré, & de faire élargir ce miférable me donnant fa parole qu'au fortir de la prison il iroit achever fon travail avec quelques-uns de fes parens, & que je ferois fatisfait. Je lui fis toutes les honnêtetés imaginables. J'écrivis à M. Barré de ceffer toutes fes pourfuites, d'élargir le prifonnier, à condition qu'il allât travailler à mon Abbaye. Il fallut ordre fur ordre. J'écrivis prefque mot à mot ce qu'on voulut me dicter, quoiqu'on me mandât que je priffe garde & que je ferois trompé. J'allai fimplement & fans précaution. L'homme étant élargi, je n'ouïs plus parler de lui; mes bâtimens ont demeuré près d'un an en défordre & ruinés, fans que ces Meffieurs aient daigné m'écrire un mot. M. Pafquet à qui j'ai écrit deux fois là-deffus, n'a point voulu me faire réponse. Ils ouvrirent les lettres

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que j'écrivois à M. Barré fort honnêtement pour eux, & les lui firent fignifier par un Sergent. Ils ont produit depuis une de mes lettres, par laquelle ils prouvent que j'ai fait élargir Cazier, & nient que ce foit à leur follicitation & à leur prière. Enfin, MONSIEUR, je vous affure que j'en ai ufé avec toute l'honnêteté imaginable, & ils fe font fort bien moqué de moi quand ils ont eu ce qu'ils demandoient, & qu'ils ont cru pouvoir abufer de ma bonne foi. Voilà MONSIEUR, l'état de l'affaire. Je fuis bien éloigné de faire des procès; mais un procédé fi extraordinaire m'a engagé à celui-ci, & je fuis fâché que vous y preniez la part que vous me dites, je vous aurois volontiers remis mes intérêts. Je vous fupplie, MONSIEUR, de me continuer toujours votre amitié, & de me mander l'état où eft l'ouvrage de votre ami, & de croire que je fuis avec beaucoup d'eftime & d'attachement, MONSIEUR, votre, &c.

A Verfailles, ce 20 Juin 1683.

LETTRE XXII I.

De civilité, au même, fur l'affaire de la converfion de fon ami.

J'ESPÉROIS, MONSIEUR, pouvoir aller paffer quelques

jours à Angoulème, & vous étiez un des premiers fujets de mon voyage. J'avois à vous rendre compte de la négociation dont vous m'aviez chargé pour votre ami, & vous dire que nous avions parlé de la Charge que vous nous demandiez en faveur de fa converfion. M. Colbert a enfin dit, qu'il ne s'oppoferoit pas fi le Roi l'accordoit, & M. le Duc de Montaufier m'a promis qu'il en parleroit au Roi pendant le voyage. Je vous en écrirai au plutôt. Mes affaires ne me permettent pas de fortir d'ici de huit jours, & m'obligent à partir incontinent après. Agréez au moins, MONSIEUR, que je vous affure qu'ici & ailleurs, je fuis également à vous, &c.

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De civilité à Madame de Richemont.

JE n'ofai interrompre votre repos avant-hier, MADAME,

& je crus qu'il valoit mieux me priver de la fatisfaction de vous voir, que de nuire à votre fanté en troublant votre

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