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fommeil. Il eft permis d'être incivil quand on appréhende d'être incommode. Ce qui me confole, MADAME, c'eft que vous avez fans doute bien deviné ce que j'aurois eu l'honneur de vous dire, & vous n'avez qu'à faire réflexion fur les bontés que vous avez eues pour moi, pour juger des remercîmens que j'avois deffein de vous en faire. Il me refte pourtant je ne fai quel remord de ne vous les avoir pas faits. Je me fens chargé des obligations que je vous ai, & je ne puis porter plus loin ma reconnniffance. Croyez donc, MADAME, qu'on ne peut pas vous honorer plus que je fais. Que je m'eftimerois heureux fi je pouvois vous le témoigner, & qu'il n'y a en tout cela ni compliment ni bienféance mais un fond de vérité & de fincérité tel que vous pouvez le fouhaiter. J'arrivai hier à Eftampes de fi bonne heure, que je fuis tenté de paffer plus loin aujourd'hui. J'ai trouvé mes chevaux de fi bonne volonté, que je fuis venu dîner à Paris où je fuis depuis onze heures du matin. Depuis ce temps je n'ai ouï parler que de la mort de la Reine. Tout le monde eft déchaîné contre les Médecins ; & notre ami M. Fagon triomphe. Le Roi lui a commandé de demeurer auprès de Monfieur le Duc de Bourgogne durant la maladie de M. Petit, & de le venir trouver après cela à Fontainebleau. Je vous prie, MA DAME, de me conferver toujours cette part que vous m'avez promise dans votre amitié. Si vous faviez combien je l'eftime, vous croiriez prefque que je la mérite, &c.

Mille amitiés à M. de Richemont & à toute votre aimable famille. On me mande de mon Abbaye qu'on m'a écrit une lettre de conféquence à Orléans. Je vous prie, MADAME, d'envoyer demander à la Pofte fi elle y eft, & d'avoir là bonté de la faire retirer.

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De civilité à M. Benoît, Auditeur de Rote, fur ce qu'il avoit été mis en poffeffion de cette Charge.

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"'AI appris, MONSIEUR, avec beaucoup de joie, au retour d'un petit voyage que j'avois fait à la Campagne, pour travailler à l'oraison funèbre de la Reine, que le Roi m'a commandé de faire au Val-de-Grace, que votre affaire avoit eu

à Rome tout le fuccès que vous pouviez fouhaiter, & qué vous étiez préfentement en poffeffion de la charge d'Auditeur de Rote. Je n'ai eu qu'un petit déplaisir, qui a tempéré la joie que cette nouvelle m'a donnée, c'est de n'y avoir pu contribuer par mes recommandations, & par mes petits fervices. Le peu d'intelligence qui eft entre la France & Rome m'en avoit ôté les moyens. Mais il ne vous falloit d'autre recommandation que votre capacité & votre mérite. Je fouhaite que vous jouiffiez long-temps de la grâce qu'on vous a faite. Je vous envoyerai par la première commodité les Journaux pour M. le Vicelégat, & je vous manderai quand on envoyera le refte de la penfion de Mademoiselle de Montauri. Je vous remercie de l'avis que vous nous avez donné de fa mort. J'attends d'apprendre l'arrivée de M. de Brodone; j'aurai bien de la joie de l'embraffer. Je vous affure que je fuis bien véritablement, MONSIEUR, Votre, &c. A Verfailles, ce 26 Octobre 1683.

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De civilité & de nouvelles de Religion, à M. Vigier, Avocat.

LE féjour que j'ai fait à la campagne pendant un mois,

MONSIEUR, pour me difpofer à faire une Oraifon funèbre de la Reine, felon l'ordre que j'en avois reçu du Roi, m'a fait différer à répondre à vos lettres toutes obligeantes, & remplies des marques de la bonté que vous avez pour moi. Je vous avoue que je revins de mon Abbaye avec beaucoup de regret de n'avoir pu vous aller voir. J'étois parti dans ce deffein, & je me faifois un plaifir de vous offrir moi-même mes très-humbles fervices; mais je trouvai plus d'affaires à mon Abbaye que je n'avois pensé; & le temps qu'on m'avoit donné étoit fi jufte, que je fus obligé de penser promptement à mon retour, avec la feule confolation de vous avoir affuré par un billet combien je vous honorois. Pour la nouvelle de Brunswick qui regarde la Religion, dont vous fouhaitez d'être éclairci, on l'a débitée ici il y a trois mois. La relation portoit, qu'un Evêque in partibus qui eft vers ces quartiers-là, ayant repréfenté aux Princes de cette Maifon le peu de différence qu'il y avoit dans les fentimens & dans la doctrine des deux communions, & la facilité qu'il y au

roit de fe réunir de bonne foi les uns les autres; & leur ayant montré l'expofition de foi de M. l'Evêque de Meaux, ils avoient ordonné à leurs Miniftres d'entrer en conférence avec ce Prélat in partibus. Que l'Académie Julienne, ainfi appelée, parce qu'elle a été fondée par un Jule Duc de Brunfwick, s'étoit affemblée, & qu'après avoir examiné l'article de l'Expofition qui regarde le Pape, ils avoient conclu qu'il falloit convenir de ce point avec nous, & qu'ils en feroient un acte public, ce que les Princes avoient approuvé. On ajoutoit qu'ils alloient examiner d'autres points de doctrine. Voilà, MONSIEUR, ce que nous avons appris de cette affaire. J'attends avec impatience l'ouvrage que vous me faites espérer : je le lirai avec beaucoup de plaifir. Je vous fuis trèsobligé, MONSIEUR, de l'avis que vous me donnez touchant l'Abbaye de faint Cibard. Ce qui pourroit me la faire fouhaiter, ce feroit le plaifir que j'aurois de pouvoir être quelquefois avec vous, & de vous offrir une petite retraite, quand vous voudriez vous éloigner un peu du bruit du monde ; mais j'ai tant de peine à demander, que j'ai réfolu de laiffer faire à la Providence. Je ne laiffe pas de vous rendre mille grâces de votre avis, & je vous prie, MONSIEUR, d'être perfuadé que perfonne n'eft plus véritablement à vous, que, &c.

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De civilité & d'amitié à Madame sa Sœur, Religieufe à Beziers.

E ne fai par quelle aventure, MA TRÈS CHÈRE SŒUR, je viens de recevoir des mains d'un Eccléfiaftique de Narbonne, une lettre que vous m'écrivez du 14 Septembre, par la voie de M. Tremouille. Cet intervalle de trois mois me faifoit appréhender que votre fanté ne vous permît pas d'écrire, & que votre mal ne fût augmenté. Mais je reçus une lettre de mon Frère, qui me tira d'inquiétude, en m'apprenant que vous étiez un peu moins incommodée que vous ne l'aviez été. Vous pouvez croire qu'étant auffi affectionné que je le fuis pour tout ce qui vous regarde, & que m'intéreffant, comme je fais à votre fanté, j'ai beaucoup d'inquiétude ou de fatisfaction, felon que je fai que vous êtes ou mal ou bien. Je ne doute pas que vous ne foyez parfai

tement réfignée aux ordres de la Providence, & que vous ne faffiez fervir à votre fan&tification toutes les incommodités que Dieu vous envoie ; mais je ne laiffe pas de lui demander qu'il adouciffe par fon amour toutes les croix dont il vous charge. Je fuis très-obligé à M. l'Abbé Esprit de la vifite qu'il a eu la bonté de vous rendre en ma confidération. Je vous prie de me mander s'il eft à Beziers, afin que je l'en remercie. Je n'ai pas oublié que vous ferez bien-aise d'avoir une chafuble rouge, & je n'ai pas perdu le deffein de vous la donner; mais il faut encore attendre quelque temps. Je trouvai mon Abbaye, lorfque j'y fus, fi ruinée, que j'ai été obligé de faire rebâtir l'Eglife & de la fournir entièrement de calices & d'ornemens, ce qui m'a été de la première obligation & d'une très-grande dépense. Je n'en fuis pas encore venu à bout, mais j'espère que j'en ferai bientôt quitte. Après que j'aurai achevé ce qui eft le plus preffé, je fongerai à ce qui eft le plus felon mon inclination. Faites, je vous prie, mille remercîmens à toute votre fainte Communauté des prières qu'on y fait pour moi, & croyez qu'on ne peut être avec plus d'affection, &c.

A Saint-Germain, ce 15 Décembre, environ 1683.

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'De civilité à M. Viguier, Avocat, fur quelques ouvrages qu'il lui avoit envoyés.

J'AI

'Ai reçu votre lettre, MONSIEUR, j'ai parcouru les chapitres de l'ouvrage de votre ami. J'ai lu votre traduction du Te Deum, & je vous fuis obligé de tant de plaifirs à la fois. Les témoignages que je reçois de votre amitié me font trop chers pour n'exciter pas toute ma reconnoiffance, & ce qui part de votre efprit eft trop correct & trop poli pour ne pas mériter notre approbation. Votre Traduction eft jufte, fidelle, aifée, tous les fens y font exactement rendus, la verfification en eft facile & claire, & tout y respire la piété & l'action de grâces. Que vous êtes louable, MONSIEUR, de vous occuper auffi agréablement & auffi utilement que vous faites ; & que je regrette de n'avoir pu faire une courfe jufqu'à Angoulème pour vifiter votre cabinet. Je ne manquerai pas à mon premier voyage une fi belle occasion. J'ai lu avec beaucoup de fatisfaction le projet que vous m'a

vez envoyé du Journal pacifique des Controverses. Toutes les matières qui feront traitées dans cet ouvrage font importantes, & peuvent être d'un grand ufage pour porter les efprits à fe réunir. J'ai bien de l'impatience de voir ce Traité, qui vaudra mieux que toutes les méthodes que nous avons vues jufqu'ici. Le mauvais temps a retardé l'impreffion de mon Oraifon funèbre. On l'achève, & je ne manquerai pas de vous en envoyer un exemplaire. Cependant, MONSIEUR, croyez que je fuis avec toute l'eftime & tout l'attachement poffible, votre, &c.

A Versailles, ce 20 Janvier 1684.

LETTRE XXIX.

A Madame de Richemont, en lui envoyant quelques Ouvrages.

SI
Sila

I la faifon avoit été moins rigoureufe, & que les Ouvriers euffent pu travailler à l'impreffion, il y a long-temps, MADAME, que vous auriez reçu le paquet que je vous envoie par le Meffager. Je n'ai pas voulu vous l'envoyer fans y joindre quelques exemplaires de l'Oraifon funèbre de la Reine, que j'ai prononcée il y a près de deux mois. Ce n'eft pas que je croie que le préfent foit confidérable par lui-même; je fai que le plaifir que j'ose espérer que vous aurez à le recevoir, viendra tout entier de la bonté que vous avez pour moi, & qu'en lifant ce petit ouvrage, vous exercerez votre patience & non pas votre jugement; mais quand je devrois perdre un peu de la bonne opinion qu'on vous en a donnée, j'y gagnerai toujours la fatisfaction de vous l'avoir préfenté, & de m'être acquitté d'un devoir très-jufte & très-agréable. J'ai fait mettre dans le paquet quelques exemplaires pour M. Fromentin, & pour le Révérend Père Quefnel, pour M. l'Intendant, s'il n'en avoit pas encore reçu ; vous voudrez bien, MADAME, leur faire favoir combien je les honore. Vous trouverez deux Dictionnaires, dont l'un eft Latin & fait par Racines, dont on s'eft fervi pour faire apprendre les mots Latins à Monfeigneur le Dauphin; & l'autre eft François-Latin, imprimé depuis peu & eftimé, qui fert à la compofition. Je m'imagine que M. votre fils eft déjà au-deffus de ces Livres-là. S'ils peuvent pourtant lui être de quelque usage, j'en ferai ravi. Que je ferois heureux fi je pouvois contribuer à son éducation, & feconder les foins

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