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De civilité à M. Benoît, Auditeur de Rote.

VOUS

Ous me feriez une grande injustice, MONSIEUR, fi vous penfiez que je n'ai pas pour vous tous les fentimens d'eftime & d'amitié que je dois avoir. Si les occupations preffantes que donne un Epifcopat naiffant, & la néceffité d'affermir de nouvelles converfions, m'ont empêché de vous en donner des marques, n'attribuez pas mon filence à mon cœur, qui ne change pas. Je voudrois trouver quelque occafion de vous faire connoître combien je vous fuis obligé de toutes vos bontés, & à quel point je fuis, MONSIEUR, &c. A Laveur, ce 20 Mai, environ 1686.

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JE vous rends grâces de votre fouvenir, MONSIEUR;

& de la part que vous prenez aux affaires de mon Diocèfe. Dès que j'ai été arrivé, j'en ai été faire la vifite, & j'ai trouvé tout le monde bien difpofé, non- feulement à m'écouter, mais encore à me croire. On ne peut té moigner plus de joie & plus de confiance que ces peuples m'en ont témoigné. De fix mille Convertis que j'ai à gouverner, il n'y en a pas quinze qui n'aient confeffé & communié avec les difpofitions, au moins au-dehors, telles que je les pouvois fouhaiter. Je fuis dans un Diocèse agréable, tranquille & abondant, dont je fuis abfolument le maître, foit pour le spirituel, foit pour le temporel. Si je puis un jour vous y recevoir, vous verrez avec quelle paffion je fuis, MONSIEUR, &c.

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A un mari, fur l'heureux accouchement de fon épouse.

J'A1 beaucoup de joie, MONSIEUR, d'apprendre l'heu

reux accouchement de Madame votre femme. Ce font des bénédictions que Dieu donne aux mariages, dont on doit le remercier. Il feroit à fouhaiter qu'il y eût beaucoup de

pères comme vous, capables de bien élever leurs enfans; & de leur laiffer autant de vertu que de bien. Je me réjouirai toujours de tous les avantages qui vous arriveront, & je ferai toute ina vie, &c.

A Lavaur, ce 29 Septembre, environ 1686:

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Humble & pieufe remontrance au Roi, pour refufer l'Evêché de Nîmes.

SIRE,

J'ai reçu, avec toute la reconnoiffance que je dois, la grâce que V. M. m'a faite de me nommer à l'Evêché de Nîmes; & cette marque précieuse de fon fouvenir a renouvelé dans mon cœur tous les fentimens de respect & de vénération pour fon Augufte Perfonne, & toute l'ardeur du zèle que j'ai toujours eu pour fon fervice. Mais, SIRE, V. M. me permettra de lui représenter avec toute la confiance que me donnent fes bontés, que j'ai regardé le premier choix qu'elle a bien voulu faire de moi pour l'Evêché de Lavaur, comme ma première vocation; que j'y ai travaillé, comme n'en devant point fortir, & qu'une marque que Dieu me vouloit en ce lieu, c'eft qu'il y béniffoit mes travaux, & que les peuples m'écoutoient avec plaifir, quand je leur prêchois l'obéiffance qu'ils doivent à Dieu, & la fidélité qu'ils devoient à V. M. J'avoue, SIRE, que jai une grande paffion d'achever l'ouvrage que j'ai commencé, & que ce feroit une grande grâce de me laiffer entretenir & augmenter les bonnes difpofitions où je vois les nouveaux Convertis de mon Diocèfe. Je ne doute pas que le Succeffeur que V. M. m'a deftiné n'ait plus de talens & de capacité que moi; mais l'application que j'ai eu à les inftruire, & la confiance qu'ils ont prife en moi, me donne des facilités qu'on n'a pas dans les commencemens d'un Epifcopat. L'Evêché de Nîmes, SIRE, eft vafte & difficile à gouverner, & je ne me fens ni affez de force, ni assez d'adreffe pour cela. Je fais qu'il est plus riche & plus honorable que le mien; mais V. M. m'a déjà donné tant de bien, que je n'en fouhaite pas davantage; & l'honneur qu'elle m'a fait de me croire capable & digne d'être dans cette place-là,

me vaut mieux que la place même. J'y ferois plus proche de mon pays & de ma famille, mais je ne dois point avoir de plus forte affection que celle de fervir Dieu & V. M. Je crois que je ne lui ferai pas inutile en ce pays-ci. Je me jette donc aux pieds de V. M. pour la supplier de me laiffer dans ce Diocèfe où elle m'a envoyé, & où je puis plus tranquillement prier Dieu qu'il continue à répandre abondamment fes bénédictions fur elle. Je ne l'ai jamais importunée pour lui demander du bien; je crains que je l'importune en lui difant qu'elle m'en fait. C'est une grande preuve de votre bonté, SIRE, que vous me reduifiez à ne vous demander que la diminution de vos bienfaits & de vos grâces. J'attendrai les ordres de V. M. quoiqu'Elle ordonne, & je les exécuterai avec toute la foumiffion & la fidélité que lui doit, SIRE, fon très-humble, &c.

A Lavaur, ce 27 Août 1687.

LETTRE XLII.

De civilité, furfa nomination à l'Evêché de Nimes, à M. Benoît Auditeur de Rote.

JE fuis bien-aife, MONSIEUR, de voir par votre lettre la

joie que vous me témoignez de ma nomination à l'Evêché de Nîmes. Je me trouvois fi bien dans ce Diocèfe que j'avois déjà réglé, & où je commençois à jouir d'un honnête repos, que je ne m'attendois point à le quitter. Ce qui me confole, c'eft la marque d'eftime & de confidération que le Roi me donne, & le plaifir que j'aurai d'être près de vous, & de vous affurer quelquefois que je fuis, &c.

A Lavaur, ce 14 Septembre 1687.

LETTRE XLII L

Compliment à Monfeigneur le Dauphin fur fes Victoires.

MONSEIGNEUR,

Nous avons appris avec une extrême joie, les glorieux fuccès dont Dieu vient de bénir vos premières armes. Perfonne n'en a été plus touché que moi, & n'en a rendu grâ

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ces au Ciel de meilleur cœur. La paix depuis long-temps étoit à charge à votre courage, & vous reteniez à regrer des vertus qui devoient éclater, & vous attirer l'amour & l'admiration de tout le monde. Vous avez commencé, MONSEIGNEUR, comme les autres finiffent : votre propre génie vous a conduit, & votre application vous a tenu lieu d'expérience. Les places que vous avez forcées paroiffent imprenables; les ennemis qui les défendoient fe croyoient invincibles, & vous avez fait voir que rien ne peut vous réfifter, & que vous êtes né pour vaincre. C'eft le destin du Roi & le votre, MONSEIGNEUR; mais quelque gloire que vous ayez acquife par vos exploits militaires, votre vigilance, votre libéralité, votre douceur, votre bonté, votre modeftie, ne vous ont pas moins fait d'honneur que votre intrépidité & votre valeur ; & nous eftimons vos vertus du moins autant que vos victoires. Vous avez pris des Villes, & vous avez gagné des cœurs ; & vous ne voyez au-deffus de vous que celui qui vous a donné le pouvoir & l'exemple de vous faire aimer & craindre de toute la terre. Agréez, MONSEIGNEUR, qu'ayant eu l'honneur de voir croître dès votre enfance tant & de fi grandes qualités, je m'y intéresse plus qu'un autre ; & qu'après avoir fait des vœux pour votre confervation & pour l'accroiffement de votre gloire, je me dife avec un très-profond respect & une foumission entière, MONSEIGNEUR, votre, &c.

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De piété, à Madame de Richemont, fur la maladie de M. fors Epoux.

E comprends, MADAME, par la lettre de M. de Richemont, & par votre filence, que vous n'avez pas reçu deux lettres que je vous ai écrites depuis mon féjour en ce pays-ci. Il m'auroit fait favoir de nos nouvelles, & vous m'en auriez donné vous-même de celles de vos chers enfans, à qui je souhaite tous les jours mille profpérités fpirituelles & temporelles. Peut-être que l'adreffe que j'avois faite à Orléans les a fait égarer, & que je ferai plus heureux depuis que je fai le lieu fixe de votre demeure. Vous ne fauriez croire combien je fuis touché de la maladie de M. de Riche

mont, & combien je fuis édifié des fentimens chrétiens qu'il me témoigne dans fa lettre. Je connois votre cœur, je m'imagine aisément la douleur que vous reffentez à le voir fouffrir fi long-temps, & les foins emprefiés que vous prenez pour le foulager. Il me fait affez connoître que les peines & les inquiétudes qu'il vous donne font la plus fenfible partie de fon mal, & que rien ne l'afflige tant que de vous voir affligée comme vous êtes. il faut que vous vous donniez mutuellement des exemples de force & de patience, & qu'il fouffre patiemment, & que vous l'affiftiez avec constance. Je fouhaite de tout mon cœur que le Seigneur qui mortifie, & qui vivifie, après nous avoir éprouvé par les tribulations qu'il vous a envoyées, vous confole par une parfaite santé dans votre faniille. Vous faurez faire un bon ufage de l'un & de l'autre état : car vous favez que tout doit fe réduire au falut & à la fanctification de l'ame. Je vous prie de me faire fouvent favoir des nouvelles de M. de Richemont, dont je ferai extrêmement en peine, & de me mander les progrès que font M. votre fils & Mefdemoiselles vos filles dans la vertu & dans les lettres. Si je puis quitter pour quelque temps ce pays; c'est-à-dire, fi la néceffité m'oblige d'aller faire un voyage à Paris, je tâcherai de vous aller voir, & de vous témoigner, MADAME, que perfonne ne peut être plus véritablement, ni plus cordialement que je fuis, &c.

votre,

Nifmes, se 15 Octobre, environ 1689.

LETTRE XL V.

De piété, à M. de Richemont, fur fa maladie.

JE viens de recevoir votre lettre, MONSIEUR, quoiqu'elle

foit datée du 23 de Septembre. Que je vous plains, &, quelle fatisfaction feroit-ce pour moi, fi j'étois affez près de vous pour vous aller confoler dans les maux que vous fouffrez depuis fi long-temps! J'en fuis tout-à-fait touché, & je prie Notre-Seigneur qu'il ceffe d'appésantir sa main fur vous, & qu'il ne permette pas que vos fouffrances foient au-deffus de vos forces. Si nous avions la foi bien vive, notre patience feroit auffi bien forte; mais tout eft infirme en nous, & le corps qui fe corrompt affoiblit l'ame: c'eft ce qui me fait compatir encore davantage à votre maladie f

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