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bre de troupes par fon crédit & fes amis: vint rejoindre Sylla, & partagea depuis avec lui tous les périls & toute la gloire de cette guerre. Mais de tous les fecours que reçut Sylla en entrant en Italie, aucun ne lui fit tant de plaifir que celui Vell. Pat. que lui amena Cn. Pompeius connu 62. c. 18. fous le nom du Grand Pompée. II n'avoit pas encore vingt-trois ans : cependant fans aucune autorité publique, il leva une armée dans *Marche le Picenum, où fon * pere avoit un d'Ancone. grand nombre de Cliens & d'amis, & fit déclarer la plupart des villes de ce canton en faveur de Sylla. Son armée étoit compofée de trois Plut. in Legions; Brutus un des Chefs du Pompeio. parti contraire, fe trouva à fon paffage : les deux armées en vinrent aux mains: la Cavalerie de Brutus compofée de Gaulois, chargea la premiere. Pompée lui oppofa la fienne, & s'avançant lui-même à la tête de fon efcadron, il tua d'un coup de javelot le Gaulois qui commandoit cette Cavalerie étrangere. Il fe jetta enfuite l'épée à la main dans ces efcadrons étonnez de la mort de leur Chef, & qui fe

renverferent fur leur Infanterie. Ils y porterent leur propre crainte & le défordre; ce fut moins dans la fuite un combat qu'une déroute: il fut impoffible à Brutus, quelqu'effort qu'il fit, de les rallier ; & Pompée après en avoir taillé en pieces une partie, & diffipé l'autre, s'ouvrit un paffage, & joignit enfin Sylla malgré deux autres corps qui prétendoient s'y oppofer.

Ce General voyant arriver ce jeune Romain à la tête d'une armée victorieufe defcendit de cheval pour lui faire plus d'honneur, & l'embraffa tendrement. On fut furpris que Sylla le plus fier des Romains donnât à ce jeune homme qui n'avoit point encore d'entrée dans le Senat, le titre d'Imperator, Empereur. dont on honoroit en ces temps-là les Generaux de la République, après qu'ils avoient remporté une victoire. Mais Sylla fans s'embarraffer ni des loix, ni des regles de la difcipline militaire, crut que dans la conjoncture où il fe trouvoit, c'étoit acheter encore à bon marché un homme de cette importance, & qui ne lui coutoit pour

hommes.

ainfi dire qu'un vain titre d'honneur; en effet, jamais fecours ne lui avoit été plus neceffaire. Il n'avoit pas ramené de l'Afie plus de trente mille hommes, & fes enne200000 mis avoient * 450 enseignes de gens de pied diftribuez en differens corps d'armées, fans compter la Cavalerie ; tout cela commandé par quinze Officiers Generaux, à la tête defquels étoient L. Cornelius Scipion, & C. Junius Norbanus qui avoient la principale autorité en qualité de Confuls de cette An de Ro- année..Čes armées même groffifme 670. foient à tous momens par la crainte qu'on avoit du reffentiment de Sylla. On ne doutoit point qu'il ne fe vengeât cruellement, & qu'il ne répandît beaucoup de fang, s'il pouvoit fe rendre maître de Rome, Quoiqu'il y eût toujours deux partis dans la ville, celui du Senat & le parti du peuple, la crainte du dehors & un interêt commun qui eft le plus für lien de la concorde, les uniffoit alors tous contre une puiffance redoutable. Il en faut excepter les amis & les partifans de Sylla, qui pour éviter la cruauté

du jeune Marius, cherchoient un azile dans le camp de fon ennemi.

Sylla auffi habile dans l'intrigue & dans les négotiations fecrettes, que grand Capitaine, fe voyant environné de tant de corps differens, joignit la ruse à la valeur. L. Scipion l'un des Confuls étoit campé affez près de lui, il lui fit parler d'accommodement, & pour l'y déterminer, fes Agens lui reprefenterent avec beaucoup d'art, que Sylla étoit fenfiblement touché des malheurs aufquels la République alloit être expofée par une guerre civile, quelque en fût le fuccès pour l'un ou pour l'autre parti, & qu'il demandoit feulement pour pouvoir mettre les armes bas avec honneur, qu'on lui rendît fes biens & le titre des dignitez dont on l'avoit injuftement dépouillé.

Scipion qui défiroit la paix de bonne foi, féduit par des propofitions fi fpecieuses, en parut content, & ne demanda que le temps neceffaire pour en faire part à Norbanus fon Collegue, qui commandoit un autre corps d'armée. Il fe fit pendant ce temps- là une fuf

penfion d'armes entre les deux camps. Les foldats de Sylla à la faveur de cette treve, fe glifferent dans celui de Scipion. Sous prétexte de vifiter leurs amis, ils en corrompirent plufieurs à prix d'argent. Sylla les avoit dreffez à ce manege, comme nous venons de le voir au fujet de Fimbria: ce qui faifoit dire à Carbon qu'il avoit à combattre en Sylla, un Renard & un Lion; mais que le Lion lui donnoit bien moins de peine que le

Renard.

Sylla étant affuré d'un grand nombre des foldats de Scipion, fe prefenta devant le camp ennemi à la tête de vingt Cohortes. Les foldats de garde au lieu de le charger, le faluerent comme leur General, & l'introduifirent dans le camp. II s'en rendit maître fans tirer l'épée: App Alex. & tout cela fut executé fi ment, que Scipion n'en apprit la nouvelle que par les foldats inême de Sylla qui l'arrêterent dans fa tente avec fon fils, & qui les amePlutar. in nerent à leur General. Sylla ne fouffrit point qu'on leur fit aucun outrage. Il employa au contraire

de bel civ

1. 1. c. 20.

Sylla,

prompte

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