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peuples voisins de Rome, ou qui n'avoient point pris les armes, ou qui offrirent les premiers de les quitter. Cette conduite ralentit l'ardeur des ennemis ; les alliez dans une défiance réciproque, fe prefferent de faire chacun leur Traité en particulier; & les Romains de leur côté trouverent plus. de grandeur à fe relâcher en faveur d'ennemis divifez & affoiblis, que de ceder au corps entier de la ligue, lors même qu'elle étoit en fa plus grande vigueur. Enfin tous App. Aces peuples obtinrent fucceffive lex. 1. 1. ment le droit de Bourgeoisie Ro- Vell. Pa maine, à l'exception des Luca- ter. 1.-1.niens & des Samnites leur voifins, peuples feroces & courageux, jaloux & ennemis de la grandeur de Rome, & qui foutinrent encore quelque temps la guerre, mais plus par leur animofité quepar leur force. Quoique le Senat eût accordé ce droit de Bourgeoifie aux voifins de Rome, il le réduifit prefque à rien par la forme qu'il donna au Traité: & au lieu de diftribuer cette foule de peuples dont on fai foit de nouveaux citoyens,dans.les.

trente-cinq Tribus anciennes, oû ils auroient été maîtres de la plûpart des déliberations par leur grand nombre, le Senat eut l'adref fe de les ranger de leur confentetement fous huit Tribus nouvelles. Comme elles fe trouverent par leur inftitution les dernieres à opiner, il étoit inutile de compter leurs fuffrages quand les anciennes étoient de concert ; & le droit de Bourgeoifie qui avoit coûté tant de fang aux Alliez, ne devint prefque à leur égard qu'un vain titre, fans fonction & fans autorité.

Ils ne furent pas long-tems fans s'appercevoir qu'on ne les avoit placez tous enfemble dans les huit dernieres Tribus, que pour rendre leurs fuffrages inutiles.

Cependant le Senat par cette politique, fe flattoit d'avoir rétabli le calme dans l'Italie, & il fongeoit à porter fes armes en Orient, forfque la jaloufie entre les Grands fit fuccéder la guerre civile à la guerre fociale. Marius âgé de plus de foixante & dix ans, n'avoit pas foutenu dans cette derniere guerre cette haute réputation qu'il avoit

acquife dans celle des Teutons & des Cimbres, foit par la pefanteur qu'amenent les années, foit que la fortune ne lui eût pas fourni d'occafions de fe fignaler: il s'étoit même prefque toûjours tenu fur la défenfive. Sylla au contraire vif, actif, impetueux, avoit gagné de grandes batailles, pris des villes confiderables; & il s'étoit diftingué dans cette guerre par de fi glorieux fuccès, que le Confulat fut An de Ro la premiere récompenfe de fes fer-me 665, vices. On lui décerna enfuite le gouvernement de l'Afie Mineure, avec la commiffion de faire la re à Mithridate, le plus puiffant Prince de l'Orient, grand Capitaine; mais injufte, cruel,fanguinaire, comme la plupart des conquerans, & dont l'Empire n'étoit prefque compofé que des Etats qu'il avoit ufurpez fur fes voifins. Ses. forces étoient proportionnées à fes deffeins & à fon ambition. On comptoit dans fes armées jufqu'à deux cens cinquante mille hommes d'Infanterie, cinquante mille chevaux, un nombre infini de chariots armez, & fes Ports renfer

guer

moient plus de quatre cens vai feaux de guerre. D'habiles Generaux étoient à la tête de ces corps differens; mais il en étoit toûjours le premier General: & quand il ne les commandoit pas en perfonne, Jui feul en regloit les operations. Il s'étoit emparé de la Cappadoce & de la Bithinie, qu'il avoit conquifes fur Ariobarzane & fur Nicomede qui en étoient les Sou-verains & les alliez du Peuple Ro main. La Thrace,la Macedoine, la Grece, Athenes, la plupart des I& les Cyclades avoient fubi le même fort: & le Senat lui ayant fait dire qu'il eût à retirer fes armes de toutes ces Provinces qui étoient fous la protection de la Républi que, ce Prince pour faire voir qu'il n'en redoutoit ni la puiffance ni Vell. Pa-le reffentiment, fit égorger en terc. 1.2.c..un jour marqué cent cinquante mille Romains, la plûpart Marchands, qui à la faveur de la paix negocioient & s'étoient établis dans les principales villes de la Greco. 11 menaçoit Rome même & toute 'Italie de l'effort de fes armes,, quand le foin de cette guerre échu

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à Sylla, Marius dont l'ambition étoit toujours vive, & qui, comme nous avons vû, afpiroit à ce commandement, regarda cette préference comme une injuftice. Il fembloit que tous les emplois de la République lui apartinffent. Il réfolut d'enlever à Sylla celui de faire la guerre à Mithridate. Il mit dans fes interêts un Tribun du peuple appellé P. Sulpitius Vell. Pa grand ennemi de Sylla, homme terc. L. 2, eloquent, vif, entreprenant, d'ailleurs confideré à Rome par des biens immenfes, par un grand nombre de Clients, & encore plus craint par le mal qu'il pouvoit faire, & par le credit que lui donnoit fa Charge.

Ces deux hommes unis par la haine commune qu'ils avoient l'un & l'autre contre Sylla, & contre le corps de la Nobleffe, convinrent avant que de fe déclarer, de groffir leur faction.. Pour y réuffir, Sulpitius qui avoit reconnu combien les alliez étoient mécontens de fe voir placez dans les huit dernieres Tribus de la République, propofa, en leur faveur de fupprimer

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