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même lui propoferent de tuer Lepidus s'il l'ordonnoit. Juventius Laterenfis qui avoit fi fortement diffuadé fon ami de s'unir avec App.l.3. Antoine, le voyant abandonné & trahi par fes foldats, se passa son épée au travers du corps. Quelques Hiftoriens prétendent que Lepidus fe jetta aux pieds d'Antoine pour lui demander la vie. Antoine n'abufa point de fa bonne fortune; il traita humainement le malheureux Lepidus: il lui laiffa même le nom & les marques exterieures de General, quoiqu'il en fît feul toutes les fonctions. Afinius Pollio lui vint offrir en même-tems deux Legions; Munatius Plancus toujours efclave des évenemens, fe déclara alors ouvertement contre le Senat & contre Decimus - Brutus : & Venti

Ant.

y

dius que le jeune Cefar avoît bien voulu laiffer paffer dans les Gaules, vint joindre Antoine avec trois autres Legions: en forte que ce Ge neral, qui peu de tems auparavant avoit été chaffé de l'Italie

par

le

Plut. in jeune Cefar & par Brutus, fe trouvoit en état d'y rentrer à la tête de dix-fept Legions.

. Un changement fi furprenant dans la fortune d'Antoine, fit passer le Senat d'un excès de confiance, dans le dernier abattement. Sur la nouvelle que lui avoit donnée Decimus qu'il avoit pouffé Antoine jufques dans les Alpes, où il avoit mandé par fes Lettres qu'il ne pouvoit manquer de périr ou par la faim ou par les troupes de Lepidus, la plupart des Senateurs avoient cru jufques alors ce parti abfolument ruiné, & ils prétendoient obliger le jeune Cefar qui ne lui étoit pas App. 1. 3. moins fufpect, de licentier fes Le- c. 18. gions, fous prétexte que la Répu- D.H. 1.46. blique n'en avoit plus befoin, & que la guerre paroiffoit finie. Cefar, pour parer ce coup qui l'auroit dépouillé de fes forces, réfolut de demander le Confulat, dans la vûë que s'il obtenoit cette dignité, il feroit en droit de conferver fes troupes, & de commander celles de la République, & que fi le Senat rejettoit fa propofition, un pareil retus lui fourniroit un prétexte de demeurer armé pour fe vanger de ceux qui fe feroient déclarez contre lui. On prétend que dès ce tems là

même il prenoit des mesures pour fe reconcilier avec Antoine; mais qu'afin de ne pas plier fous fon autorité, il recherchoit le Confulat pour fe trouver par cette dignité le premier du parti qu'il embrafferoit. Comme Ciceron avoit alors beauil coup de pouvoir dans le Senat, le fit prier par des amis communs de vouloir bien employer fon crédit, pour faire en forte qu'ils fuffent élus tous deux Confuls en mêmetems. Pour l'y déterminer, il lui fit reprefenter qu'il ne demandoit que le titre de cette dignité, dont il lui laifferoit toute la puiffance, & qu'il ne fouhaitoit être fon Collegue, que pour être fon difciple, & apprendre fous un fi grand maître l'art du gouvernement.

Ciceron féduit par ces louanges dont il étoit fi avide, & flaté de gouverner Cefar, fe déclara en fa faveur. Il reprefenta dans le Senat avec son éloquence ordinaire, qu'il ne trouvoit point de moyen plus für d'empêcher le jeune Cefar de fe reconcilier avec Antoine, que de le déclarer Conful,: qu'il feroit obligé en cette qualité de maintenir

les Decrets du Senat contre Antoine; mais que comme il étoit encore très-jeune, il exhortoit les Peres de lui donner pour Collegue quelque perfonne âgée & prudente, qui eût attention fur fes démarches, & qui lui fervit comme de Gouverneur dans la conduite des affaires. Plufieurs Senateurs amis ou parens des conjurez, & qui craignoient que le jeune Cefar étant parvenu au Confulat, ne fe fervit de fon autorité pour vanger la mort du Dictateur, rejetterent hautement la propofition de Ciceron. Quelques-uns fe App. ibid. moquerent même ouvertement de c.18. fa vanité, & de la-maniere indirecte dont il s'étoit défigné lui-même pour Collegue du jeune Cefar. Cette affaire fut agitée avec beaucoup de chaleur dans le Senat. Cefar pour foutenir fa faction, fit avancer fon armée proche de Rome. Le bruit de fa marche fit plus d'effet que toute l'éloquence de l'Orateur Romain. Les Senateurs effrayez de fon approche, non feulement lui donnerent leurs fuffrages pour le Confulat; mais comme il croyoit n'avoir plus be

foin du credit de Ciceron, il fit encore élire à fon préjudice pour fecond Conful Quintus Pedius un de fes parens, & heritier en partie du Dictateur.

La premiere démarche qu'il fit après avoir pris poffeffion du Confulat, fut de faire confirmer fon adoption dans une affemblée generale du Peuple Romain. Cette formalité étant terminée, il fit accufer par fes amis ceux qui avoient eu part à la mort du Dictateur. Il préfidoit lui-même au Jugement: & il fit condamner par défaut tous les conjurez à perdre la vie. Mais comme Brutus & Caffius leurs chefs étoient à la tête de plus de vingt Legions, il jugea bien qu'il ne lui feroit pas aife de détruire un fi puiffant parti, tant qu'il auroit encore Antoine pour ennemi. Ainfi il réfolut de fe reconcilier avec lui fous le prétexte honnête de joindre leurs forces pour vanger la mort de fon pere. Pour lui faire connoître fes difpofitions, il fit infinuer au Senat par Quintus Pedius fon Collegue & fa créature, qu'il croyoit qu'il étoit de l'interêt de

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