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KONINKL.

BIBLIOTHEEK

TE'SHAGE.

VOYAGE

DE L'AMIR AL

PIERRE VVILLEMSZ

VERHOEVEN.
AUX

INDES ORIENTALES,

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AU JAPON, &c.

L'an 1607 & les années fuivantes.

Avec une Relation de ce qui s'eft paßé en ce tems-là dans l'ifle Borneo, & une defcription de l'état où étoient l'Ile d'Amboine & les Moluques l'an 1607.

Es treize vaiffeaux que la Compagnie des Indes Orientales fit partir l'an 1607. il en fut équipé quatre grands & deux yachts, par la Chambre d'Amfterdam qui participoit pour la moitié à cette cargaifon, Tome VII,

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La Chambre de Hoorn, & d'Enchuife, qui y participoit pour un huitiéme, fournit un vaiffeau de 800. tonneaux ; celle de Delft, qui y participoit pour une demi part, fournit un vaiffeau de 1000. tonneaux & un yacht de deux cens : celle de Zélande, qui y participoit pour un quart de part, fournit un vaifleau de 600. tonneaux, & un yacht de deux cens.

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Pierre Willemiz Verhoeven, ou Verhouven, d'Amfterdam, fut établi Amiral de cette flote, & François de Wittert de Zélande en fut fait Vice-Amiral. Il y eut fept des vaiffeaux qui la compofoient, qui firent voiles du Texel le 2 2. de Décembre 1607. à fix heures du matin, par un vent d'Eft; mais celui qui fe nommoit Hollande, aiant touché fur un banc, dans la pafle des Espagnols, les autres le laifférent, & portérent le cap au Sud Ouëftquart-de-Sud, par un vent fait de Nord qui étoit fort frais.

Le 23. nous eûmes la vuë de Douvres & de Calais, par un vent d'Eft-nord eft, & nous courûmes au Sud-ouëft-quart-àl'Ouëft. Le Delft, dont Jaques van Groenewen étoit le Commis, joignit alors nôtre flote.

Le 24. elle fut auffi jointe par un autre flote de Hambourguois, à qui le Maître du navire les Provinces alla raifonner. Ils

lui répondirent que leurs vaiffeaux étoient deftinez pour S. Lucas. Sur le foir nous découvrîmes Portland.

Le 25. le vaiffeau le Lion Rouge & le yacht Le Paon, s'abordérent. Le Lion Rouge perdit fon mât & fa vergue d'artimon, & fa galerie fut fort endommagée. L'Amiral fit mettre aux fers les Oficiers du quart, pour n'avoir pas bien fait leur devoir.

Le 26. le Confeil général s'étant affemblé, on concerta les ordres qu'il faudroit fuivre, en cas d'ataque par des ennemis. En même tems les rations furent réglées à quatre livres de bifcuit par femaine, pour chaque homme, à un pot de biére par jour, & cinq fromages pour tout le voiage.

Le 8. de Janvier 1608. le vent aiant forcé, les vaiffeaux s'écartérent les uns des autres. Il n'y eut que les Provinces,qui portoit le pavillon comme Amiral, le Delft & le yacht l'Aigle, qui demeurérent enfemble, & ils courûrent à l'Ouest.

Le 26. nous nous trouvâmes à huit lieuës du Pic de Ténériffe, qui nous demeuroit à l'Eft-fud-eft. La nuit fuivante nous eûmes un vent de Nord-eft, & nous crûmes que c'étoit un de ces vents alifez qui durent ordinairement jufques par les f.ou 6. degrés au-deçà de la Ligne équinoxiale.

Le 2. de Février nous eûmes la vûë des Les du Cap Verd, qu'on nomme autre

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ment, für tout parmi les Hollandois, les Ifles Salées, parce qu'ils ont trouvé beaucoup de fel dans l'Ifle du Mai. Celle qui fe nomme l'Ifle du Sel en particulier, ne fournit que peu de rafraîchiffemens, qui confiftent en quelques chèvres & cabris bien maigres. Les habitans d'une autre de ees Ifles, nommée S. Jago, y vont chaf fer, & particuliérement une fois l'année, qu'ils font une chaffe générale, pour avoir les peaux de ces bêtes.

Les dix vaiffeaux qui avoient été féparez, s'étoient rejoints à la rade de l'ifle du Mai, où l'Amiral les rencontra. La joie de cette rencontre fut entiére, car on y trouva le navire Hollande, qu'on craignoit qui ne fe fût brifé fur le banc de la paffe des Espagnols au Texel, où on l'avoit laiffé échoué. Simón Janfz Hoen, qui en étoit le Capitaine, & Jaques de Bitter qui en étoit le premier Commis, firent le raport de ce qui leur étoit arrivé.

Le circuit de l'Ile du Mai eft d'environ deux jours de chemin. Il y a beaucoup de rochers, & elle eft fort aride. Il n'y croît prefque rien que du foin, & des figuiers fauvages, dont les figues ne meuriffent point, quoi-que la chaleur leur fafle prendre une afféz belle couleur, mais elles manquent de pluïc. Il y a auffi quelques arbres qui portent du coton.

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