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gnitez. Ainfi les mâles deviennent, pour la plûpart,des voleurs, & les filles des garces.

Chacun peut prendre autant de femmes qu'il en peut entretenir, & ils les tiennent fort refferrées. Il faut qu'elles gagnent la vie de leurs maris, comme font toutes les autres femmes de la côte d'Afrique. Elles cultivent la terre avec des bêches & des hoïaux, fément & moiffonnent, ce qui ne leur eft pas un petit travail, pen dant que les hommes s'amufent à rien, & demeurent couchez fur le côté, comme font les femmes en Espagne, elles fervent leurs máris à table, puis vont manger leurs reftes dans la cuifine. voda la

Ils mangent beaucoup de poiffon, & de la chair de plufieurs fortes de bêtes, mais puante, ou du moins à demi corrompuë. Quelques-uns même y laiffent venir des vers pour la manger. Ils ont diver fes efpeces de bons fruits. Ils boivent de l'eau, & du vin de palme, qu'ils tirent des arbres. Ils ont un fruit nommé Colla, dont ils font ufage comme les Indiens font de l'arecca & de la bételle, en mâchant prefque tout le long du jour. En commençant à le mâcher on le trouve amer, puis on le trouve fort doux. On tient qu'il eft trés fain, & c'est ce qui en rend l'ufage fi commun. modta Pendant que le Roi boit,perfonne n'o.

fe le regarder, ou bien il lui en coûte la vie fans rémiffion. Avant qu'il boive on fonne une clochette, & chacun baiffe le vifige contre terre. Quand il a bû, on sonne encore, & chacun le releve. Du tems que j'étois-là le fils aîné de la fœur du Roi, qui devoit fucceder à la couronne, & qui avoit à peu prés 9. ans, étant fort aimé du Roi, toucha, fans y penfer, l'habit de ce Prince & le regarda dans le moment qu'il bûvoit. Le Roi le tua fur le champ, & fit fervir fon fang à fes idolâtries.lounc

Je demandai pourquoi le Prince avoit ufé de cette févérité envers cet enfant ? on me répondit qu'il falloit qu'il le fit, ou qu'il mourut lui-même ; ce qui fait connoître dans quel prodigieux aveuglement font ces peuples.

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Le Roi même eft un Magicien, Il va fou vent entretenir le Diable proche d'un ar bre qui eft devant fon palais. Son pere vit encore, & l'on tient qu'il a plus de 1 60. ans. Il n'a pas été Roi, ainfi qu'on le peut bien inférer de ce que j'ai déja dit ; & s'il furvit au Roi, ce fera fon fixiéme fils qui montera fur le trône. fuor appliq Minda

Tous les jours de fête le Roi fe fait voir publiquement dans la place qui eft des vant fon palais, où les Grands de l'Etat, pour l'honorer, danfent & fautent en fa préfence; hommage qui s'apelle Sacralilla.

D'abord qu'ils paroiffent à l'entrée de cette place, ils fe profternent le vifage contre terre, puis s'étant relevez ils vont toûjours fautant jufqu'auprés de lui, & s'y afféïent à terre..

Les revenus de ce Roïaume confiftent en dents d'éléfans, en cuivre, en habits qu'on nomme Lavougus, qui font faits d'herbes, & qui font la monnoie qui a cours. Le Roien a des maifons pleines. Mais les principales richeffes confiftent en efclaves des deux fexes.Les gens font noirs, bien proportionnez dans leurs perfonnes, & doux. Ils ont plus de penchant pour nôtre nation que pour les Portugais, font caref fans, & ne font point larrons. Quand ils fe rencontrent ils fe frapent dans les mains pour fe faire honneur, & pratiquent, ainfi que les Grands, le Sacralilla à leur maniére. Ils font fort fiers de la beauté de leurs habits, quoiqu'ils ne foient faits que d'herbes.

Les hommes qui portent de longues ju pes depuis la ceinture en bas, ont autour du corps un demi ou un quart d'aune de drap en forme de ceinture. Par-deffus ils ont une peau de léopard, ou de quelque bête, qui leur pend comme un tablier. Ils font nuds depuis la ceinture en haut, & ont fur la tête des bonnets d'herbe piqucz, avec une plume deffus, & une queuë de

bufle fur l'épaule, ou dans la main, pour chaffer les mouches. Ils portent de larges braffelets de cuivre, ou d'argent.

Les femmes n'ont que des Lavougus de paille, d'une aune en quarré, dont elles couvrent leurs parties naturelles, & qui les entourent jufques fur le derriere, quoi, qu'elles en laiffent encore la moitié à découvert; ce qui fait une perfpective fort défagréable. Le refte de leur corps eft nud par le haut & par le bas. Elles s'oignent d'huile de palmier & de bois rouge mis en poudre. Elles ont autour des jambes des chapelets de petites perles qu'elles font de coquilles & des braflelets d'ivoire aux bras. Elles portent toûjours fous le bras une pe tite natte, pour s'afféoir deffus, par-tout où elles vont. :

Il faut bien fe donner de garde d'a voir aucun commerce avec elles; car de dix qui s'y hafarderont, à peine y en au ra-t'il un qui n'en meùre, où qui du moins n'y gagne une groffe maladie. Il faut que cela vienne de ce que leur tempéramment est tout-à-fait contraire au nôtre, de leur extrême luxure, ou des vivres qu'elles mangent.: qui font corrompus & puants. Toutes les expériences que j'ai vûës, quand quelqu'un de notre nation a été affez malheureux pour habiter avec el les,ont été qu'ils tomboient dans une groffe

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maladie, & que les faignant, ils mouroient - le troifiéme ou le quatrième jour.

Quoi que les hommes portent diverfes fortes d'armes ils ne font point guerriers ; mais bons pêcheurs. Ils fe mettent au matin dans leurs canots, vont à la mer, & aportent fouvent à midi beauconp de poiffon. Un jour que je donnai au garçon qui me fervoit un foufflet qui le fit faigner du nez, tous ceux qui étoient préfens en pleu rérent, hommes & femmes; ce qui me confirma dans l'opinion que j'avois qu'ils é toient doux & pitoïables. Ont-ils des querelles, ils fe battent à coups du plat de la main, ainfi que font les Chinois dans les Indes.

Il y a dans ce Roïaume abondance de volatiles, & d'éléfans. Pendant que j'y ai trafiqué, j'y ai acheté 2 16000. livres de dents. Il y a quantité de buffes, de bœufs, de vaches, de cerfs, de biches, de pourceaux, de brebis, de boucs, de tigres, de léopards, de chats-civettes, diverfes fortes de guenons, & d'autres bêtes, qui fourniffent de trés-belles peaux.

De mon tems on tua un homme fauvage à Manicongo. Il étoit proportionné comme un autre homme, hormis qu'il avoit tout le corps hériffé de poil. Il avoit le nez plat, les narines larges, & par derriére, au-deffus du croupion, une petite

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