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La re eft celle que nous venons d'expliquer,quod convenit omni, & foli, & femper ; comme c'eft le propre de tout cercle, du feul cercle, & toûjours, que les lignes tirées du centre à la circonférence foient égales.

La 2o quod convenit omni, fed non foli, comme on dit qu'il eft propre à l'étendu d'être divifible, parceque toute étendue peut être divifée, quoique la durée, le nombre & la force le puiffent être auffi.

La 3e, est quod convenit foli; fed non omni, comme il ne convient qu'à l'homme d'être méde cin ou philofophe, quoique tous les hommes ne le foient pas.

Lae,quod convenit omni & foli, fed non femper, dont on rapporte pour exemple, le changement de la couleur du poil en blanc, canefcere; ce qui convient à tous les hommes & aux feuls hommes, mais feulement dans la vieilleffe.

De Accident.

Nous avons déja dit dans le chapitre fecond qu'on appelloit mode ce qui ne pouvoir exifter naturellement que par la fubftance, & ce qui n'étoit point néceffairement lié avec l'idée d'une chofe, en forte qu'on peut bien concevoir la chofe fans concevoir le mode, comme on peut bien concevoir un homme fans le concevoir prudent;mais on ne peut concevoir la prudence, fans concevoir ou un homme, ou une autre nature intelligente qui foit prudente.

Or quand on joint une idée confufe & indéterminée de fubftance avec une idée diftincte de quelque mode, cette idée eft capable de repréfenter toutes les chofes où fera ce mode,comme l'idée de prudent tous les hommes prudens, l'idée de rond tous les corps ronds; & alors cette idée exprimée par un terme connotatif, prudent, rond,

eft ce qui fait le cinquiéme univerfel qu'on appelle accident, parcequ'il n'eft pas effentiel à la chofe à qui on l'attribue. Car s'il l'étoit, il feroit différent ou propre.

Mais il faut remarquer ici, comme l'on a déja dit, que quand on confidere deux fubftances enfemble, on peut en confiderer une comme mode de l'autre. Ainfi un homme habillé peut être confidéré comme un tout compofé de cet homme & de fes habits ;mais être habillé au regard de cet homme, eft feulement un mode ou une façon d'être, fous laquelle on le confidere, quoique fes habits foient des fubftances. C'eft pourquei être habillé n'eft qu'un cinquiéme univerfel.

En voilà plus qu'il n'en faut touchant les cinq › Univerfaux qu'on traite dans l'école avec tant d'étendue. Car il fert de très-peu de favoir qu'il y a des Genres, des Efpeces, des Différences, des Propres, & des Accidens; mais l'importance eft de reconnoître les vrais genres des chofes, les vraies efpeces de chaque genre, leurs vraies différences, leurs vraies propriétés, & les accidens qui leur conviennent. Et c'eft à quoi nous pourrons donner quelque lumiere dans les chapitres fuivans après avoir dit auparavant quelque chofe des termes complexes.

CHAPITRE VIII.

Des termes complexes, & de leur univerfalité ou particularité.

Njoint quelquefois à un terme divers autres termes qui compofent dans notie efprit une idée totale, de laquelle il arrive fouvent qu'on peut affirmer ou nier, ce qu'on ne pourroit pas affirmer ou nier de chacun de ces termes étant fé

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parés: par exemple, ce font des termes complexes, un homme prudent; un corps transparent, Alexandre fils de Philippe,

Cette addition fe fait quelquefois par le pronom relatif, comme fi je dis un corps qui eft tranfparent, Alexandre qui eft fils de Philippe, le Pape qui eft Vicaire de Jefus Chrift.

Et on peut dire même que fi ce relatif n'est pas toûjours exprimé, il eft toûjours en quelque forte fous-entendu, parcequ'il fe peut exprimer fi l'on veut fans changer la propofitions

Car c'est la même chofe de dire, un corps tranfparent, ou un corps qui eft tranfparent.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces ter- ? mes complexes, eft que l'addition que l'on fait à un terme eft de deux fortes: l'une qu'on peut appeller explication, & l'autre détermination.

Cette addition fe peut appeller feulement explication, quand elle ne fait que développer ou ce qui étoit enfermé dans la compréhension de l'idée du premier terme, ou du-moins ce qui lui convient comme un de fes accidens, pourvû qu'il lui convienne géneralement & dans toute fon étendue, comme fi je dis: L'homme qui est un animal doué de raifon, où l'homme qui deftre naturellement d'être heureux, ou l'homme qui eft mortel. Ces additions ne font que des explications, parcequ'elles ne changent point-du-tout l'idée du mot d'homme,& ne la reftreignent point" à ne fignifier qu'une partie des hommes, mais marquent feulement ce qui convient à tous les hommes.

Toutes les additions qu'on ajoûte aux noms qui marquent diftinctement un individu, font de cette forte ; comme quand on dit: Paris qui eft la plus grande ville de l'Europe: Jules Cefar qui a été le plus grand capitaine du monde: Ariftote

Prince des Philofophes: Louis XV. Roi de France. Car les termes individuels diftinctement exprimés fe prennent toujours dans toute leur étendue, étant déterminés à tout ce qu'ils peu vent être.

L'autre forte d'addition qu'on peut appeller détermination, eft quand ce qu'on ajoûte à un mot géneral en reftreint la fignification,& fait qu'il ne fe prend plus pour ce mot géneral dans toute fon étendue, mais feulement pour une partie de cette étendue, comme fi je dis, les corps transparens : les hommes favans, un animal raisonnable. Ces additions ne font pas de fimples explications, mais des déterminations, parcequ'elles reftreignent l'é tendue du premier terme, en faisant que le mot de corps, ne fignifie plus qu'une partie des corps : le mot d'homme, qu'une partie des hommes:le mot d'animal, qu'une partie des animaux.

Et ces additions font quelquefois telles, qu'elles rendent individuel un mot géneral, quand on y ajoûte des conditions individuelles, comme quand je dis, le Pape qui est aujourd'hui, cela détermine le mot géneral de Pape à la perfonne unique & finguliere d'Alexandre VH.

On peut de plus diftinguer deux fortes de termes complexes, les uns dans l'expreffion, les autres dans le fens feulement.

Les premiers font ceux dont l'addition eft exprimée, tels que font tous les exemples qu'on a rapportés jufqu'ici.

Les derniers font ceux dont l'un des termes n'eft point exprimé; mais feulement fous-entendu, comme quand nous difons en France le Roi, c'eft un terme complexe dans le fens, parceque nous n'avons pas dans l'efprit en prononçant ce mot de Roi, la feule idée génerale qui répond à pe mot; mais nous y joignons mentalement l'idée

de Louis XV. qui eft maintenant Roi de Fram ce. Il y a une infinité de termes dans les difcours ordinaires des hommes qui font complexes en cette maniere, comme le nom de Monfieur dans chaque famille.

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Il y a même des mots qui font complexes dans l'expreffion pour quelque chofe, & qui le font encore dans le fens pour d'autres. Comme quand on dit, le prince des Philofophes, c'eft un terme complexe dans l'expreffion, puifque le mot de prince eft déterminé par celui de philofophe; mais au regard d'Ariftote que l'on marque dans les écoles par ce mot, il n'eft complexe que dans le fens puifque l'idée d'Ariftote n'eft ; que dans l'efprit, fans être exprimé par aucun fon qui le diftingue en particulier.

Tous les termes connotatifs ou adjectifs,ou font parties d'un terme complexe, quand leur fubftan tif eft exprimé, ou font complexes dans le fens quand il eft fous-entendu. Car, comme il a été dit dans le chap. II. ces termes connotatifs marquent directement un fujet, quoique plus confufément; & indirectement une forme ou un mode, quoique plus diftinctement. Et ainfi ce fujet n'eft qu'une idée fort génerale & fort confufe,quelquefois d'un être, quelquefois d'un corps,qui eft pour l'ordinaire déterminée par l'idée distincte de la forme qui lui eft jointe; comme album fignifie une chofe qui a de la blancheur: ce qui détermine l'idée confufe de chofe à ne représenter que celles qui ont cette qualité.

Mais ce qui eft de plus remarquable dans ces termes complexes, eft qu'il y en a qui font déterminés dans la verité à un feul individu ; & qui ne laiffent pas de conferver une certaine univerfalité équivoque qu'on peut appeller une équivoque d'erfeur; parceque les hommes demeurant d'accord

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