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xxxiv DEF. DU GRAND CORNEILLE.

Montauron

,

mentateur de Defpreaux a reçues dans fes converfations avec le Poëte Satyrique, & fait passer dans fes notes. Les efprits les plus droits font féduits par une relation infidéle. Nous en avons un exemple dans l'Editeur de Pelliffon, Tome I. p. 215. édition de édition de 1735. Il rapporte fur l'autorité du Commentateur de Defpreaux, que Corneille dédia Cinna à célebre Financier, Protecteur libéral & éclairé des belles Lettres, & trèsdigne de leurs hommages, parce qu'il paya plus cher l'Epitre Dedicatoire, que le Cardinal Mazarin à qui elle avoit été deftinée. La preuve fans replique de la fauffeté de cette maligne imputation eft dans ce beau Remerciment de Corneille au Cardinal Mazarin : Non, tu n'es point ingrate, & Maîtreffe du Monde. Ce Poëte reconnoiffant, dit au Cardinal Ma zarin, que ce Miniftre l'a prévenu par fes bienfaits, qu'il n'avoit pas demandés, qu'il n'attendoit pas.

Fes dons ont devancé même mon espérance,
Et ton cœur généreux m'a furpris d'un bienfais
Qui ne m'a pas coûté feulement un fouhait

OEUVRES

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SOUS

Que ne fçauroit l'envie accufer d'aucun vice,
Il fut & le plus jufte & le meilleur des Rois
Son Régne fut pourtant celui de l'injuftice.

L'ambition, l'orgueil, l'interêt, l'avarice, Revêtus de fon nom nous donnerent des Loix: Sage en tout, il ne fit jamais qu'un mauvais choix, Dont long-temps nous & lui portâmes le fupplice.

Vainqueur de toutes parts, efclave dans fa Cour, Son tyran & le nôtre à peine fort du jour, Que jufques dans la tombe il le force à le fuivre. Jamais pareils malheurs furent-ils entendus? Après trente-trois ans fur le trône perdus, Commençant à régner, il a ceffé de vivre.

ŒUVRES

DIVERSES

DE PIERRE CORNEILLE.

REMER CIMENT AURO I.*

A

I

INSI du Dieu vivant la bonté fur prenante

Verfe, quand il lui plaît, fa grace pré

venante,

Ainfi du haut des Cieux il aime à départir
Des biens dont notre espoir n'ofoit nous avertir.

Ces Vers qui furent imprimés in-4°. en 1663. furent réimprimés en 1667. & en 1669, à la fuite du Poëme fur les Victoires du Roi. Corneille les compofa pour remercier ce Prince de l'avoir compris dans le nombre des Soixante Savans célébres de l'Europe à qui il avoit accordé des gratifications en 1662. Voyez la continuation de l'Hiftoire de l'Académie Françoise, in-rz. pag. 155.

A

Comme fes moindres dons excédent le mérite,
Cette même bonté feule l'en follicite:
Il ne confulte qu'elle, & maître qu'il en eft,
Sans devoir à perfonne, il donne à qui lui plaît.

Telles font les faveurs que ta main nous partage, Grand Roi, du Roi des Rois la plus parfaite image:

Tel eft l'épanchement de tes nouveaux bienfaits,
Il prévient l'espérance, il furprend les fouhaits:
Il paffe le mérite, & ta bonté fuprême
Pour faire des heureux les choifit d'elle-même.
Elle m'a mis du nombre, & me force à rougir
De ne me voir qu'un zéle incapable d'agir..

Son excès dans mon cœur fait des troubles étranges,

Je fçai que je te dois des vœux & des louanges,
Que ne t'en pas offrir, c'eft te les dérober;
Mais fi j'y fais effort, je cherche à fuccomber;
Et le plus beau fuccès que ma mufe en obtienne,
Profanera ta gloire & détruira la mienne.
Je veux bien l'immoler toute entiere à mon Roį,
Mais fi je n'en ai plus, je ne puis rien pour toi ;
Et j'en dois prendre foin, pour éviter le crime
D'employer à te peindre un pinceau fans eftimé.

Il n'eft dans tous les Arts fecret plus excellent,
Que de fçavoir connoître & choifir fon talent;
Pour moi, qui de louer n'eus jamais la méthodę,
J'ignore encor le tour du Sonnet & de l'Ode:
Mon génie au Théatre a voulu m'attacher,
Il en a fait mon fort, je dois m'y retrancher.

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