Quoi qu'en nous leur rapport vante d'un prix extrê me, La raifon convaincue y foufcrit elle-même; Et fans appréhender de le voir démenti, Et qui deffus le vôtre, étalent hautement Ce qu'ailleurs cent beautés font voir de plus charmant! Auffi que leur adreffe, aux dons dé la nature, Et pare avec orgueil le plus brillant féjour Où les Graces jamais aient attiré l'Amour: C'est-là, c'eft en vous feule, Iris, que l'on doit croire, Qu'aimant à triompher, il triomphe avec gloire; Et qu'il trouve auffi-tôt de quoi s'afsujettir Quiconque de fes traits s'étoit pû garantir. Pour moi, je l'avoûrai, comme aucune furprise, N'avoit jufques ici fait trembler ma franchise, Permettant à mes yeux l'heur de vous regarder, Que prodigua le Ciel à former votre corps; Ce port noblement fier, cette taille divine, Qui par fa majefté marque fon origine; Seule égale à foi-même, & tellement à vous, Que la formant unique, il s'en montra jaloux. De tant d'appas divers mon ame poffédée Conclut d'en conferver la précieuse idée : Je l'admirai fans ceffe, & de mon fouvenir Ne croyant qu'admirer, j'eus peur de la bannir. Mais de ce fentiment la flatteufe imposture, N'empêcha pas le mal pour cacher la bleffure, Et ce foin d'admirer, qui dure plus d'un jour, S'il n'eft amour déja, devient bientôt amour. Un je ne fçai quel trouble où je me vis reduire, De cette vérité fçût affez-tôt m'inftruire: Par d'inquiets transports me fentant émouvoir, J'en connus le fujet quand j'ofai vous revoir. A prendre ce deffein mon ame toute émuë Eut peine à foûtenir l'éclat de votre vûe: Mon cœur en fut furpris d'un doux faififfement, Qui me fit découvrir que j'allois être Amant. Un défordre confus m'expliqua fon martyre, Je voulus vous parler, & ne fçûs que vous dire. Je rougis, je pâlis, & d'un tacite aveus Si je n'aime point, dis-je, hélas, qu'il s'en faut peu ! Soudain, le pourrez-vous apprendre fans colere?! Plus je vous contemplai, plus je connus de char- mes, Contre qui ma raifon me refufa des armes; Et fans ceffe l'amour par de vives clartés, ment. J'en connus le pouvoir, j'en reffentis l'atteinteŢ Qu'à vous faire avouer la gloire de mes fers. - L'affûrance du vôtre en couronne l'aven. Je ne demande point qu'à mes vœux favorable, Vous vous montriez Amante, en vous montrant aimable; Et que par un tranfport qui n'examine rien, Le don de votre cœur fuivre l'offre du mien. Quoiqu'on ait fait pour vous & de grand & d'infigne, C'est un prix glorieux dont on n'est jamais digne Et que ma paffion me faifant defirer, L'excès de mes défauts me défend d'efpérer. Permettez feulement pour flatter mon martyre, Que vous ofant aimer, j'ofe auffi vous le dire; Qu'à vos pieds mon refpect apporte chaque jour Les fermens redoublés d'un immuable amour; Que là par fon ardeur je vous faffe connoître Qu'étant pur & fincere, il doit toûjours s'accroî tre; Que ce n'est point l'effet d'un aveugle appétit mort. SONNE T E vous estime, Iris, & croi pouvoir fans cri JE me Permettre à mon respect un aveu fi charmant :- Je fonge que je vous eftime. Cette agréable idée, où ma raifon s'abîme,, Auffi quelque défordre où mon cœur foit plongé,, Bien loin de faire effort à l'en voir dégagé, Entretenir fa peine est toute mon étude. J'en aime le chagrin, le trouble m'en eft doux,. SONNE T.. D'Unaccueil fi Batteur, & qui veut que j'efpére, Vous payez ma vifite alors que je vous voi, Que fouvent à l'erreur j'abandonne ma foi, |