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Quoi qu'en nous leur rapport vante d'un prix extrê

me,

La raifon convaincue y foufcrit elle-même;

Et fans appréhender de le voir démenti,
Par fon propre fuffrage affermit leur parti.
Alors que ne peut point fur les plus belles ames
Ce vif amas d'attraits, cette fource de flammes
Ces beaux yeux qui portant le jour de toutes parts,
Font autant de captifs qu'ils lancent des regards!
Alors que ne peut point ce pompeux affemblage
Des traits les plus perçans dont brille un beau vi-
fage;

Et qui deffus le vôtre, étalent hautement

Ce qu'ailleurs cent beautés font voir de plus charmant!

Auffi que leur adreffe, aux dons dé la nature,
Ajoûte encor de l'art la plus douce imposture;
Que de lys empruntés leur vifäge foit peint,
On les verra pâlir auprès de votre teint:
Ce teint dont la blancheur, fans être mandiée,
Paffe, en vivacité la plus étudiée;

Et pare avec orgueil le plus brillant féjour

Où les Graces jamais aient attiré l'Amour:

C'est-là, c'eft en vous feule, Iris, que l'on doit croire,

Qu'aimant à triompher, il triomphe avec gloire; Et qu'il trouve auffi-tôt de quoi s'afsujettir Quiconque de fes traits s'étoit pû garantir. Pour moi, je l'avoûrai, comme aucune furprise, N'avoit jufques ici fait trembler ma franchise,

Permettant à mes yeux l'heur de vous regarder,
Mon cœur trop imprudent ne crût rien hazarder:
Ainfi de vos beautés qu'on vantoit fans pareilles,
Je voulus à loifir contempler les merveilles;
Ainfi j'examinai tous ces riches tréfors

Que prodigua le Ciel à former votre corps;

Ce

port noblement fier, cette taille divine, Qui par fa majefté marque fon origine; Seule égale à foi-même, & tellement à vous, Que la formant unique, il s'en montra jaloux. De tant d'appas divers mon ame poffédée Conclut d'en conferver la précieuse idée : Je l'admirai fans ceffe, & de mon fouvenir Ne croyant qu'admirer, j'eus peur de la bannir. Mais de ce fentiment la flatteufe imposture, N'empêcha pas le mal pour cacher la bleffure, Et ce foin d'admirer, qui dure plus d'un jour, S'il n'eft amour déja, devient bientôt amour. Un je ne fçai quel trouble où je me vis reduire, De cette vérité fçût affez-tôt m'inftruire: Par d'inquiets transports me fentant émouvoir, J'en connus le fujet quand j'ofai vous revoir. A prendre ce deffein mon ame toute émuë Eut peine à foûtenir l'éclat de votre vûe: Mon cœur en fut furpris d'un doux faififfement, Qui me fit découvrir que j'allois être Amant. Un défordre confus m'expliqua fon martyre, Je voulus vous parler, & ne fçûs que vous dire. Je rougis, je pâlis, & d'un tacite aveus Si je n'aime point, dis-je, hélas, qu'il s'en faut peu !

Soudain, le pourrez-vous apprendre fans colere?!
Je jugeai la révolte un parti néceffaire ;
Et je n'épargnai rien dans cette extrémité,
Pour foûlever mon cœur contre votre beauté. .
L'ardeur de dégager ma franchise afservie,
Me fit prendre les yeux de la plus noire envie ;-
Je ne m'attachai plus qu'à chercher des défauts,
Qui détruifant ma flamme adouciffent mes maux.
Mais, las! cette recherche un peu trop téméraire
Produifit à fa caufe un effet bien contraire;
Et yos attraits par elle à mes fens mieux offerts,
Au lieu de les brifer redoublerent mes fers.

Plus je vous contemplai, plus je connus de char-

mes,

Contre qui ma raifon me refufa des armes;

Et fans ceffe l'amour par de vives clartés,
Me découvrit en vous de nouvelles beautés.
Tout ce que vous faifiez étoit inféparable-
De ce je ne fçai quoi fans qui rien n'eft aimable;
Tout ce que vous difiez avoit cet air charmant,
Qui des plus nobles cœurs triomphe en un mo-

ment.

J'en connus le pouvoir, j'en reffentis l'atteinteŢ
Contraint de vous aimer, j'aimai cette contrainte
Et je n'afpirai plus par mille voeux offerts,

Qu'à vous faire avouer la gloire de mes fers. -
Y confentirez-vous, belle Iris, & pourrai-je »
Promettre à mes defirs ce charmant privilége?
Je ne demande point que fenfible à mon feu,

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L'affûrance du vôtre en couronne l'aven.

Je ne demande point qu'à mes vœux favorable, Vous vous montriez Amante, en vous montrant aimable;

Et que par un tranfport qui n'examine rien,

Le don de votre cœur fuivre l'offre du mien.

Quoiqu'on ait fait pour vous & de grand & d'infigne,

C'est un prix glorieux dont on n'est jamais digne Et que ma paffion me faifant defirer,

L'excès de mes défauts me défend d'efpérer. Permettez feulement pour flatter mon martyre, Que vous ofant aimer, j'ofe auffi vous le dire; Qu'à vos pieds mon refpect apporte chaque jour Les fermens redoublés d'un immuable amour; Que là par fon ardeur je vous faffe connoître Qu'étant pur & fincere, il doit toûjours s'accroî

tre;

Que ce n'est point l'effet d'un aveugle appétit
Que le defir fit naître, & que l'espoir nourrit;
Et qu'aimant par raifon, d'un amour véritable,
Ce que jamais le Ciel forma de plus aimable;
Le temps deffus mon cœur n'aura rien d'affez fort
Pour en bannir les traits
, que par ceux de la

mort.

SONNE T

E vous estime, Iris, & croi pouvoir fans cri

JE

me

Permettre à mon respect un aveu fi charmant :-
Il eft vrai qu'à chaque moment.

Je fonge que je vous eftime.

Cette agréable idée, où ma raifon s'abîme,,
Tyrannise mes fens jusqu'à l'accablement;
Mais pour vouloir füir ce tourment
La cause en eft trop légitime..

Auffi quelque défordre où mon cœur foit plongé,, Bien loin de faire effort à l'en voir dégagé, Entretenir fa peine est toute mon étude.

J'en aime le chagrin, le trouble m'en eft doux,.
Hélas, que ne m'eftimez-vous
Avec la même inquiétude!

SONNE T.. D'Unaccueil fi Batteur, & qui veut que j'efpére,

Vous payez ma vifite alors que je vous voi,

Que fouvent à l'erreur j'abandonne ma foi,
Et crois feul avoir droit d'afpirer à vous plaire.

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