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En mille beaux projets, en mille biens féconde,
Ta folide vertu fe fait voir dans le monde ;
Et fans les faux appas d'un éclat emprunté
fa charmante beauté.

Elle porte à nos yeux
En vain pour ébranler ta fidéle constance,
On vit fondre fur toi la force & la puiffance:
En vain dans la Baftille on t'accabla de fers;
En vain on te flatta fur mille appas divers;
Ton grand cœur inflexible aux rigueurs, aux ca-
reffes

Triompha de la force & fe rit des promesses.
Et comme un grand rocher par l'orage infulté,
Des flots audacieux méprife la fierté;

Et fans craindre le bruit qui gronde fur la tête
Voit brifer à fes pieds l'effort de la tempête;
C'est ainsi, PELLISSON, que dans l'adverfité
Ton intrépide cœur garda fa fermeté ;

Et que ton amitié conftante & généreuse
Du milieu des dangers fortit victorieuse:

Mais c'eft par ce revers que le plus grand des
Rois

Sembloit te préparer aux plus nobles emplois ;
Et qu'admirant dans toi l'efprit & le courage,
De la Bastille au Louvre il te fit un paffage,.
Où ta fidélité dans fon plus grand éclat,

Conferve le dépôt des fecrets de l'Etat.
De moi, je ne veux point, comme le bas vulgaire,
De tes divers emplois pénétrer le mystére:
Je ne m'introduis point dans le Palais des Grands,
Et me fais un fecret de ce que j'y comprends.

Mais je te vois alors comme un autre Moyfe,
Quand le Peuple de Dieu, par fa feule entremife
Sur le mont de Sina reçut la fainte Loi
A travers les carreaux, la terreur & l'effroi.
De fa haute faveur, les Tribus étonnées,
Au pied du facré Mont demeuroient profternées,
Pendant que ce Prophéte élevé dans ce lieu,
Dans un nuage épais parloit avec fon Dieu;-
Et qu'il puifoit à fonds dans le fein de fa gloire-
Le merveilleux projet de fa divine Hiftoire :.
Monument éternel, où la poftérité

Viendra dans tous les temps chercher la vérité.
Mais puifqu'un même fort te donne dans la France,,
Du plus grand des Héros l'illuftre confidence,

-Et
que par fa faveur tu vois jufques au fonds
Des fecrets de l'Etat les abîmes profonds;
Ne donneras-tu pas, après tes doctes veilles,
De ce grand Conquérant les faits & les merveilles;
Et d'un ftyle éloquent ne décriras-tu pas
Ses confeils, fes exploits, fes fiéges, fes combats?
Le monde attend de toi ce merveilleux ouvrage,
Seul digne des appas de ton divin langage.
Les faits de ce grand Roi perdroient de leur beauté,,
Si tu n'en foûtenois l'augufte Majefté;

Et fa gloire après nous ne feroit pas entiére,
Si tout autre que toi traitoit cette matiére.
Pourfuis-donc, PELLISSON, cet augufte projets,
Et ne t'étonne point par l'éclat du fujet:
Ton feul art peut donner d'une main immortelle -
Au plus grand de-nos Rois une gloire éternélle.

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INSCRIPTION

Pour l'Arcenal de Breft. *

LUDOVICO MAGNO

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Ua pelago fefe Arx aperit metuenda Britanno Claffibus armandis, omnique accommoda bello, Prædonum terror, Francis tutela Carinis, Enernæ Regni excubia, Domus hofpita Martis, Magni opus eft Lodoici. Hunc omnes omnibus undis Agnofcant venti Dominum, & Maria alta tremiscant.

TRADUCTION..

Palais digne de Mars, qui fournis pour armer

Cent Bataillons fur Terre, & cent Vaiffeaux ~ fur Mer:

De l'Empire des Lys foudroyant Corps de garde Que jamais fans pâlir Corfaire ne regarde :De Louis le plus grand des Rois,

Vous êtes l'immortel ouvrage.

Vents, c'est ici qu'il lui faut rendre hommage;
Mers, c'eft d'ici qu'il faut prendre fes Loix.

*Imprimée d'abord en feuille volante in-49. fansdate d'année, & réimprimée dans les Oeuvres de Santeüil.

AD P. BELLEVREUM,

PRO DEFENSIONE FABULARUM.

ERgò facra nova mutabunt carmina Leges,

Et fuus Antiquis praripietur honos?

Tot Vatum monumenta, tot & decora alta peribunt?
Mufarum tot opes auferet una dies?
Ah! tantum prohibe facinus, Pater optime Vatum,
Non alia fueris tu mihi Lege Deus.
Vos tantum prohibete nefas, prohibete Camana,
Non aliâ dicam vos ratione Deas.

Ecquis erit veftros pofthac qui curet honores,
Irrita fi nullam Numina fertis opem?

Non ita: tot veterum præclara inventa manebunt,
Et quod facravit fabula prifca melos.

Numen habent Mufa, vos Fontes Numen habetis,
Sunt etiam & fylvis, arboribusquo Dea.
Et nemora, & montes, vallesque, & in hofpita faxa,
Ipfaque cum rivis flumina Numen habent.
Nuper multa gemens in littore flebat Amyntas,
Et fato raptum fapè vocabat Hylam.
Flebant & rupes, fontefque & littora flebant;
Flere etiam vifa eft conscia Nympha loci.
Et montes doluiffe, annosaque robora circùm
Corticibus ruptis ingemuisse ferunt.

* Ces Vers Latins font de M. Santeüil, & la Tradu tion de Pierre Corneille.

Quid non Pierides, quid non finxere Poëte?
Vidimus argutâ mania ftructa lyrå.
Vidimus auritas motare cacumina Quercus
Et curfus Amnes fuftinuiffe fuos.

9

Dant Vates vultus varios, variofque colores,
Eque folo ducunt quæ fuper aftra ferant.

Surda vocant, immota movent, mentem omnibus ad⚫ dunt;

Artis opus fumnum, mille placere modis. Obfcuris vera involvunt, celantque docendo, Subluftri & nebulâ fplendidiora tegunt.. Sed veluti rutilis quando fulgoribus ardet, Nubibus obvolvi, quà videatur, amat: Maxima funt, plerumque tegit quæ fabula, & iftis

E tenebris fulget pulchriùs orta dies. Lector amat veros dubiâ sub imagine sensus, Quæfitafque diù cernere gaudet opes. Quin etiam humanis divina affingimus ora,

Et funt, quæ proprio nomine fpontè carent. Ignem Mulciberum, Cererem frumenta vocabo,

Et pluvium, in terras dum cadit unda, Jovem, Si Venetas defcribam arces, molimine magno

Non homines dicam, fed pofuiffe Deos. Illic Adriacis furgat Neptunus ab undis,

Atque nova admirans hæreat Urbis opus. Quod fi bella canam, Jani Mars limina vellat,

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Et bellatores ducat in arma Deos..

Mulciber Ætnæis recoquat fornacibus arma,

·Thracibus, aut rigidis arma tremenda Getis]

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