Qu'un jufte repentir offre vos facrifices, Mettez-vous en état d'espérer au Seigneur; Venez, & laiffez dire aux efclaves des vices Qu'on nous offre du bien, on aura notre cœur. Sa lumiére divine a mis fur mon vifage Avant cette fureur de la guerre civile, A-t-on vû des fujets plus heureux que les miens? L'abondance du vin, du froment & de l'huile En augmentoit le nombre en augmentant leurs biens, Je reverrai, Seigneur, encor la même chofe, Dès qu'il vous aura plû me redonner la paix ; C'eft fur ce doux efpoir que mon cœur fe repose, C'eft à ce doux effet qu'il borne fes souhaits. Ces graces, ô mon Dieu,pafferoient les premiéres, Mais fur votre bonté j'ofe m'en affùrer; Et vous m'ayez tant fait de faveurs finguliéres Que j'efpére aifément plus qu'on n'ofe espérer. Gloire au Père éternel, la premiére des caufes, Gloire au Verbe incarné, gloire à l'Esprit diving Et telle qu'elle étoit avant toutes les chofes, Telle foit-elle encor maintenant & fans fin.. PSEA UME V I. JE l'avourai, Seigneur, votre jufte colere Ne peut avoir pour moi trop de févérité; Avec compaffion regardez ma foibleffe Et paffe jufque dans mes os. Mon ame en eft troublée,& ne fçait plus qu'attendre, Détournez-en le cours qui fur moi se déborde, Du torrent qui bondit venez me préserver: C'eft à votre miféricorde Qu'il appartient de me fauver. L'empire de la mort fous qui mon corps fuccombe Nous laiffe-t'il de vous le moindre fouvenir? Et le filence de la tombe Nous apprend-t'il à vous bénir? Abattu de trifteffe & travaillé d'alarmes, Soupirer & gémir, c'est tout ce que je puis; Et baigner mon lit de mes larmes Ce font mes plus heureuses nuits. Mon œil épouvanté de toutes parts n'envoie Que des regards troublés d'un fi cuifant malheur Et mes ennemis ont la joie De me voir blanchir de douleur. Sortez d'auprès de moi, noirs ouvriers du crime, Qu'on voyoit fi ravis de me voir aux abois: Du Seigneur la bonté fublime Daigne entendre ma trifte voix. Mes larmes ont monté jusques devant fa face, Il a reçu mes vœux, mes foupirs l'ont touché, Mes cris en ont obtenu grace Il n'a plus d'yeux pour mon péché. Allez, qu'à votre tour la mifére vous trouble, Rougiffez tous de honte en cette occafion; Et que chaque moment redouble Cette prompte confufion. Gloire au Pére éternel, la premiere des caufes, Gloire au Verbe incarné, gloire à l'Esprit divin; Et telle qu'avant toutes chofes, Telle foit-elle encor fans fin. PSE A UME VIII. DIeu, notre Souverain, tout-puiffant, & tout bon, Auteur de la nature, & Maître du tonnerre, Que la gloire de ton faint Nom S'eft rendue admirable aux deux bouts de la Terre! L'œil qui d'un feul regard contemple ces bas lieux, Voit ta magnificence aux plus bas lieux gravée; Et fi-tôt qu'il s'éleve aux Cieux, Par deffus tous les Cieux il la voit élevée. Ton plus parfait éloge, exprès tu l'as commis Aux accens imparfaits que hazarde l'enfance, Pour confondre tes ennemis, Et détruire l'efprit de haine & de vengeance. Lorfque je vois des Cieux le brillant appareil, De ta fçavante main je ne vois que l'ouvrage, Et Lune, Etoiles, ni Soleil, N'ont aucunes fplendeurs qu'elle ne leur partage. Parmi ces grands effets qui te font admirer, Seigneur, qu'est-ce que l'homme, & quel eft for mérite? Et qui t'oblige à l'honorer D'un tendre fouvenir, d'une douce vifite? Un peu moindre que l'Ange il t'a plû le former, De gloire & de grandeurs tu combles fa naiffance; Et ce qu'il te plut d'animer Fut auffi-tôt par toi foumis à fa puissance. A peine la nature avoit rempli ta voix, Les hôtes des champs & des bois, Les oifeaux dans les airs, les poiffons dans les eaux, De ton image en nous reconnoiffent l'empire; Et fous ces liquides tombeaux, Tout ce qui nage ou vit, c'eft pour nous qu'il refpi re, Dicu, notre Souverain, tout-puiffant, & tout bon Auteur de la nature & Maître du tonnerre, Que la gloire de ton faint Nom S'eft renduë admirable aux deux bouts de la Terre! Gloire au Pére éternel, gloire au Verbe incar né, Gloire à l'Esprit divin, ainfi qu'eux ineffable; PSEAUME XVIII. Es céleftes lambris la pompeufe étenduë Et tout le Firmament ne présente à la vûë Le jour prend foin d'apprendre au jour qui lui fuccéde Ce que fa parole a produit; Et la nuit qui l'a fçu de la nuit qui lui céde. |