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difficile de trouver des ouvrages de cette efpéce, où la louange foit maniée d'une maniére plus noble & plus héroïque. J'ofe même avancer, fans craindre le reproche d'une admiration outrée, que Virgile & Horace n'ont jamais loué Augufte avec tant d'élévation.L'ame fiére & indépendante de M. Corneille, qui, pour me fervir des termes deM. deFontenelle*, l'a rendu trèspropre à peindre la vertu Romaine, lui a fourni les couleurs avec lefquelles il a peint Louis le Grand. Auffi Defpréaux qu'on n'a jamais accufé de trop estimer notre premier Poëte Tragique, n'a pû s'empêcher de dire dans un Difcours à ce Prince :

Et parmi tant d'Auteurs, je veux bien l'avoüer;
Apollon en connoît qui te peuvent loüer :
Oui, je fçai qu'entre ceux qui t'adreffent leurs
veilles,

Parmi les Pelletiers, on compte des Corneilles.

Je comprens dans le nombre de ces

* Vie de Corneille dans le T. II. de l'Hift. de l'Acad. Franç. page 235.

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morceaux précieux, les traductions de quelques Poëmes Latins du Pere de la Rue, Jéfuite, & de M. Santeuil qui font autant de Panégyriques de Louis le Grand.,, M. Corneille * eftimoit extrêmement ces deux Poëtes dit M. de Fontenelle. Lui-même faifoit bien des vers Latins, & il en fit fur la Campagne de Flandres en 1667. qui parurent fi beaux, que non-feule,,ment plufieurs perfonnes les mirent ,, en François, mais que les meilleurs Poëtes Latins en prirent l'idée, & les mirent encore en Latin ". Un fait auffi fingulier a réveillé ma curiofité & m'a fait chercher avec foin les vers Latins de M. Corneille, les imitations dans la même langue, & les traductions Françoifes. Mes recherches ont été inutiles, & je fuis prefque tenté de croire que ces diverfes piéces n'ont jamais exifté. Ne peut-il pas fe faire que M. de F. ait confondu un fait un peu différent, & d'une date affez approchante?

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*Ibid. page 233.

Le voici. En 1668. M. Corneille fit des vers Latins fur la conquête de la Franche-Comté, mais ce n'eft qu'une traduction de fes vers François fur le même fujet, qui parurent en même temps & furent bientôt traduits par le P. de la Rue & M. Santeuil, les meilleurs Poëtes Latins du dernier fiécle. Cette conjecture paroîtra fondée, fi l'on confidére que dans le Recueil de leurs Poëfies, les vers François de M. Corneille précédent les vers Latins. Il ne fit en 1667. qu'un Poëme François fur le retour du Roi, de Flandres, dont nous n'avons aucune traduction.

M.Corneille eut l'honneur de préfenter au Roi des vers François & Latins en 1672. à fon retour de la guerre de la Hollande, qui ne font pas moins beaux que ceux dont je viens de parler. Mais je trouve plus de feu dans une Epître, en vers Latins, à M. de Harlay, Archevêque de Rouen, qui l'avoit exhorté en 1634. à célébrer les louanges de Louis XIII. & du Cardinal de Richelieu.

Cette piéce qu'on trouvera ici, eft tirée d'un Recueil imprimé la même année

par

les foins de l'Abbé de Boifrobert.* M. de Fontenelle nous apprend queM. Corneille avoit traduit fa premiére Scéne de Pompée en vers du ftile de Séneque le Tragique, pour lequel il n'avoit pas d'averfion, non plus que pour Lucain. Mais je ne fçai fi cette traduction a été imprimée.

Ces Poëmes feuls auroient dû faire naître l'envie de les recueillir, & d'y joindre les autres piéces fur différens fujets. Je m'imagine qu'on a été arrêté par la difficulté de les raffembler. Où trouver tant de morceaux, dont la partie la plus curieufe eft en feuilles volantes ? Le refte, il faut le tirer de divers Recueils aujourd'hui peu connus. Mes recherches particuliéres & celles de quelques perfonnes qui ont bien voulu feconder mes vûës, ont abouti à former ce Volume: Voici l'ordre que j'ai fuivi.

* Epinicia Mufarum Eminentiffimo Duci de Richelieu. 1634. in-40.

Comme les Poëmes à la louange du Roi font l'ornement de ce Recueil, & qu'ils font rélatifs à une fuite d'événemens, je les ai placés au commencement du Volumé, fuivant la date des années. A l'égard des autres piéces, je n'ai eu qu'à les arranger de la même maniére, & j'ai éxactement indiqué les fources où elles fe trouvent.

Les mélanges Poëtiques imprimés en 1632. à la fuite de Clitandre, Tragi-Comédie, viennent immédiatement après les Panégyriques du Roi. Ils font extrêmement rares, & je les crois les premiers effais de la Mufe de M.Corneille; double titre pour en juflifier l'imprefffon Les curieux n'aiment-ils pas à voir les premiers deffeins des grands Peintres? On fera étonné qu'après de si foibles commencemens, M. Corneille ait fait Cinna,Polyeucte, Rodogune. A s'en tenir à ce qu'il dit dans un court Avertiffement au Lecteur, il paroît qu'en publiant ces effais, il ne fit que céder aux follicitations de fon Libraire.,, Quel

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