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étant attaqué de la maladie dont il mourut,'îl AN. 679. fit venir l'évêque de Londres, & reçut avec fa benediction l'habit monaftique qu'il avoit tant defiré. C'est le premier exemple que je fache de cette dévotion fi frequente dans les derniers fiecles, de mourir en habit religieux.

Be IV. .hift.

C. 21.

Il arriva dans le même tems, l'an 679. qu'un jeune homme nommé Imma fut laiffé pour mort dans un combat. Ayant été trouvé par les ennemis il fut gueri, & retenu prifonnier, & on l'enchaînoit la nuit de peur qu'il ne s'enfuit. Il avoit un frere nommé Tunna prêtre & Ee. IV. hift. abbé d'un monaftere, qui le croyant mort cher

4. 22.

cha fon corps, & en ayant trouvé un qui lui
reffembloit, l'emporta dans fon monaftere, l'en-
terra honorablement, & difoit fouvent la messe
pour la délivrance de fon ame. Le frere vivant
en fentit l'effet : car fouvent il fe trouvoit libre
de fes liens depuis tierce qui étoit l'heure de la
meffe. Le comte qui le tenoit prifonnier lui de-
manda s'il avoit un caractere, il repondit que
non; Mais: ajoûta-t-il, j'ai un frere prêtre qui
me croyant mort, dit fouvent la messe
pour moi;
& fi j'étois dans l'autre vie, mon ame feroit
délivrée des peines par fes prieres. Après qu'il
fut gueri, le comte le vendit à un autre qui ne
put non plus le tenir attaché. Car encore que
l'on emploiât differentes fortes de liens, il se
trouvoit fouvent libre aux mêmes heures. En-
fin ce dernier maître le renvoya fur la parole,
& il fe racheta. Etant revenu enfuite retrouver
fon frere, il apprit de lui, que les tems où il
avoit été délié & foulagé en diverfes manieres,
étoient ceux où l'on celebroit la messe pour lui;
& fur fon recit plufieurs furent excitez à prier,
donner l'aumône, & offrir le faint facrifice pour
les morts aufquels ils s'intereffoient. Bede qui
rapporte cette hiftoire, dit l'avoir apprife d'un

deceux qui l'avoient oui raconter à celui même AN. 679. à qui elle étoit arrivée.

I v."

en Frife.

Saint Vilfrid fe voyant injuftement chaffé de fon fiege, refolur par le confeil des évêques fes S. Vilfrid confreres d'aller à Rome demander justice au Eddi. 63. pape. Il laiffa fous la conduite de ces évêques 24 plufieurs milliers de moines qu'il gouvernoit : & s'embarqua avec fes clercs & fa fuite. Ses ennemis croyant qu'il ircit par la France Occidentale, qui étoit le plus court, envoyerent devant des prefens au Roi Theodoric & à Ebroïn, le priant de l'envoyer plus loin en exil, ou de tuer fes compagnons, & le dépouiller de tout. Mais ils prirent pour lui Vinfrid évêque de Lictfeld, qui étoit auffi chaffe de fon fiege l'arrêterent, lui ôterent tout fon argent, & tuerent plufieurs de ceux qui l'accompagnoient.

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Pour faint Vilfrid il paffa droit au Levant en e. 25.] Frife, dont les habitans étoient encore païens. Leur roi Algife ne laiffa pas de le recevoir honorablement, & lui permit de précher l'Evangile à fes fujets. Il le fit avec grande application; & l'année fe trouva plus abondante qu'à l'ordinaire en poiffon, & en toutes fortes de fruits: ce que les peuples attribuerent au Dieu qu'il prêchoit. Ainfi il baptifa prefque tous les feigneurs, & plufieurs milliers de peuple, & fut le premier apôtre de ce païs. Cependant c. 26, Ebroïn envoya des gens à Algife roi des Frifons, avec des lettres où il lui promettoit un boiffeau plein de fous d'or, s'il lui envoyoit l'évêque Vilfrid ou fa tête. Le roi fit lire cette lette publiquement à fon dîner en prefence de faint Vilfrid & fes compagnons, des envoyez d'Ebroïn & d'un grand peuple. Puis il la prit, la déchira, & la jetta au feu, en difant aux porteurs: Dites de ma part à vôtre maître: Ainfi puiffe le créateur détruire le royaume & la vie de celui

N. 679. qui fe parjure, & ne garde pas les traitez. Les envoyez s'en retournerent confus.

6.17.

Sup. L.

XXXIX, 26.

Saint Vilfrid ayant paffé l'hiver en Frife, en partit au commencement du printems l'an 679. pour continuer fon voyage de Rome. Il paffa chez Dagobert roi des François en Auftrafie, qui le reçut avec grande amitié, fe fouvenant des obligations qu'il lui avoit. Car ce roi après la mort de Sigebert III. fon pere, fut envoyé en Irlande par Grimoald maire du palais, & n'en fut rappellé que vingt ans après en 674. Les feigneurs d'Auftrafie s'adrefferent pour cet effet à S. Vilfrid, qui le renvoya avec une escorte, & toutes les chofes neceffaires pour le conduire en fon royaume. Le roi Dagobert vouloit lui donner l'évêché de Strasbourg, le plus grand qu'il cût dans fes états; & comme il le refufa, il lui fit de grands prefens, & lui donna Adeodat évêque de Toul pour l'accompagner à Rome.

Ils arriverent chez Berchter ou Pertarit roi des Lombards, prince humble, paifible & craiguant Dieu, qui les reçut très-humainement, & dit à S. Vilfrid : Vos ennemis m'ont envoyé d'Angleterre promettre de grands préfens fi je vous retenois & vous empêchois d'aller à Rome; car ils vous traitent d'évêque fugitif. Je leur ai répondu Etant bani de mon païs en majeuneffe, j'ai demeuré chez le roi des Huns qui étoit païen; & qui me promit avec ferment au nom de fonidole, de ne me jamais livrer à mes ennemis. Quelque tems après ils lui envoyerent offrir un boiffeau de fous d'or s'il m'abandonnoit à eux. Illes refufa, difant, que fes dieux le feroient perir s'il fauffoit fon ferment. A plus forte raifon moi qui connois le vrai Dicu je ne perdrai pas moname; quand il s'agiroit de gagner tout le monde. Il donna donc une efcorte honorable au faint évêque pour le conduire jufqu'à Rome.

AN. 1679.

V.

Concile de

Rome pour
S. Vilfrid.

c. 28.

Il y arriva heureufement, & trouva que l'on y étoit déja informé du fujet de fon voïage, par le moine Coënval que l'archevêque Theodore avoit envoyé de fon côté avec fes lettres.Le pape Agathon affembla donc un concile de plus de cinquante évêques dans la Bafilique du Sauveur au mois d'Octobre 679. Après que le pape eut To.6.conc. dit fommairement le fujet du concile, André P. 179. d'Oftie & Jean de Porto firent leur raport des actes qu'ils avoient été chargez d'examiner avec d'autres évêques, tant contre S. Vilfrid, que de fa part. Ayant tout confideré, dirent-ils, nous ne le trouvons convaincu canoniquement d'aucun crime qui méritât la dépofition, au contraire, nous voyons qu'il a gardé la moderation convenable, fans exciter de fedition pour se rétablir. Il s'eft contenté de protefter devant les évêques & d'appeller au faint fiege, où Jefus-Chrift a établi la primauté du facerdoce.

Le pape ordonna enfuite que l'on fit entrer faint Vilfrid qui étoit, à la porte de la falle. On lut fa réquête, où il prenoit le titre d'évêque de Saxe, & marquoit qu'il avoit déja inftruit le pape & de vive voix, & par écrit. Il fe plaignoit qu'on l'avoit dépofé injuftement, & ordonné trois évêques à fa place. Je n'ofe, difoitil, accufer Theodore, parce qu'il a été envoyé par le faint fiege; mais fi vous jugez que je ne fois plus évêque, je me foumets humblement: je vous prie feulement de chaffer par vôtre autorité les ufurpateurs de mon diocefe. Si l'archevêque & les évêques mes confreres trouvent à propos d'augmenter le nombre des évêques, qu'ils les choififfent dans un concile, & les tirent du clergé de la même églife, j'obéirai abfolument aux decrets du faint fiege. On voit ici, que le principal pretexte de la dépotion de faint Vilfrid étoit, que le païs avoit A Y

AN. 679. Edduc. 29.

V I.

befoin d'un'plus grand nombre d'évêques. Après la lecture de fa requête le pape loüa sa conduite & fa foumiffion, & le concile prononça, qu'il feroit rétabli dans fon évêché; que ceux qui y avoient été mis irregulieren ent feroient chaffez; mais que les évêques qu'il choifiroit avec le concile affemblé fur les lieux pour Jui aider, feroient ordonnez par l'archevêque: le tout fous peine de dépofition & d'anatheme, contre les évêques, les prêtres & les diacres, & d'excommunication contre les autres, , même contre les rois. Saint Vilfrid demeura encore à Rome plus de quatre mois.

que

En effet il affifta au concile le pape AgaCon le thon tint le troifiéme jour de pâque, c'est-àFour depu- dire, le mardi vingt-feptiéme Mars 680. afin de tera C. P. nommer des députez pour aller à CP. fuivant Edd. c. 5° le défir de l'empereur. Ce concile fut de cent

Tc. 6. conc. 7.692,

vingt-cinq évêques affemblez de toutes les parties d'Italie. Premierement des provinces immediatement foumises au faint fiege, la Campanie, les Brutiens, la Calabre & les autres plus voifines de Rome & de la Sicile. Enfuite de la province de Milan, dont l'archevêque Manfuet affiftoit au concile avec Jean de Berartyr. R. game, Anaftafe de Pavie & plufieurs autres. Manfuet eft honoré comme faint le dix-neuvié1.7.Paul. me de Fevrier, Jean l'onzième de Juillet; & le hift. c. roi Cunibert avoit pour celui-ci un refpect par44. ticulier. Anaftafe avoit été évêque Arien; mais il fe convertit fi bien, qu'il eft honoré comme faint le 30. Mai.

19. Fb.

3

Martyr R

May.

Paul. i

boja. c. 4.

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L'archevêque Manfuet tint fon concile après ou devant celui de Rome, & Damien alors pretre, & depuis évêque de Pavie écrivit la lettre fynodale à l'empereur. Il y raporte les exem pies de tous les empereurs, qui ont fait tenir les conciles pour condamner les héréfies. Il mar

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