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& fi puiffant Royaume, il devoit le joindre abfolument à “ fon Empire, & en faire un " Gouvernement fous un Beiglerbei; que par cette difpofition il étendroit les limites de fa domination en Europe, & la mettroit en fûreté contre les " forces des Princes Chrétiens; " que pour prévenir les obstacles à un fi glorieux deffein, il falloit s'affurer de la Reine & « du Roy fon fils: & les en- ". voyer à Conftantinople : & " que pour arrêter les foûleve- « mens des Grands il falloit faire couper la tête à ceux qui étoient en fa puiffance, pour intimider les autres.

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Ruftan Bafla qui avoit toute la faveur auprès de Soliman, & qui avoit épousé une de fes filles, fut le fecond qui ouvrit fon avis: il avoit les fentimens genereux & nobles, mais intereffez ; ce

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que

pendant moins par avarice pour la gloire du Grand Seigneur fon maitre. Jamais il n'exigea tribut ni ne reçut de prefens qu'il ne les remit fans referve dans le tréfor de l'Empire, dont il avoit l'administration. On a remarqué qu'après la mort de Soliman, fes tréfors fe trouverent immenfes, quoi qu'il eut employé des fommes fans nombre dans les guerres qu'il avoit entreprises & foûtenues, outre fon humeur liberale jufqu'à la magnificence. Mais comme ce Prince n'étoit pas moins jufte que liberal pour le merite, on trouva dans tous les endroits remarquables des lieux qui renfermoient fes tréfors, ces paroles en gros. caracteres d'or. Ce font les fruits de la prudence de Ruftan. Marti-nufius qui connoiffoit le merite, le crédit & le penchant de ce Miniftre, avoit pris foin de le

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ménager; & comme il fçavoit être liberal à propos, il étudia les occafions, fans affectation de faire de grands presens à ce Miniftte, qui ne manqua pas de les reconnoître. Etant donc obligé de parler dans le Confeil, il rejetta l'avis du Bacha de Bellegrade, & reprefenta à Soliman avec chaleur; que de pareils deffeins étoient indignes de la juftice & de la renommée de Sa Hauteffe: que par cette «. conduite elle rendroit fa foi fufpecte chez toutes les nations; qu'aucun Prince, ni aucun peu-. ple n'auroient recours à fa « puiffance pour y trouver de la protection dans leurs difgraces. Qu'au contraire, ils fe foûleveroient tous pour s'y oppo- " fer que par de fi fortes raifons, fon avis étoit de laiffer « le Roy & la Reine en paix & leurs Seigneurs en liberté, avec

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quelque augmentation de tribut, pour marque de leur dépendance de l'Empire, & des graces qu'ils en avoient reçûs; que par cette clemence magna" nime la réputation du grand. » Soliman en deviendroit plus. » celebre ; qu'il se rendroit l'arbitre du fort de tous les peuples & ne deviendroit pas. l'objet de leur crainte & de leur » haine. Les deux partis ayant long-temps débatu leurs fentimens, Soliman congedia l'Affemblée fans rien décider.

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39.

Comme cet Empereur étoit zélé obfervateur de fa loi, le temps arriva qu'il devoit faire des prieres publiques. Il envoya fes TaLifmans, ou Prêtres, purifier la grande Eglife de Bude felon les ceremonies Mahometanes; on en démolit tous les Autels on en enleva toutes les Images & tous les ornemens du culte Chré

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tien, on la blanchit entierement. Enfuite le Sultan entra dans la Ville, il en admira la force & la beauté, bien differente de l'état où il l'avoit trouvée la premiere fois qu'il s'en étoit rendu maître; après les prieres, il s'en revint en fon camp, d'où il fit fçavoir à la Reine : qu'il fe déclaroit protecteur du Roy fon « fils, pour lequel il vouloit avoir « la même amitié, qu'il avoit eu « pour le Roy Jean fon pere, & que pour le lui mieux marquer, " il vouloit qu'il quittât le nom « d'Etienne & prît celui de Jean. Qu'à caufe de fon bas âge, n'étant pas en état de défendre fon Royaume, fur tout la vil- « le de Bude, contre les efforts de la maifon d'Autriche, il vouloit les mettre en fûreté, jufqu'à ce qu'il pût regner & les défendre par lui-même; qu'alors il donnoit fa parole Royale

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