" menfes, & n'en faifoit point à cette Princeffe, ni au Roy fon fils part , pour foûtenir » leur rang: qu'il ne fongcoit qu'à s'emparer de la Tranfilva» nie, par fes intelligences avec la maifon d'Autriche ; que dans » cette vûë il avoit refufé des à Sa Hauteffe dans fes dernieres campagnes en Hongrie; qu'enfin cette Princeffe » avoit recours à fa jufte & puiffante protection, contre la tyrannie de ce Moine avare & ambitieux. « 33 troupes Soliman étoit trop politique pour ne pas profiter d'une occafion fi favorable de faire fentir à la Reine, au Régent & aux peuples, qu'il les regardoit comme fes fujets. Il envoya ordre au Bacha de Bude de fecourir la Reine de toutes fes forces, d'y joindre celles des Vaivodes de Moldavie & de Valaquie, & de fe faifir de George vif ou mort. Il dépêcha un Chiaoux en Tranfilvanie pour affûrer la Reyne de fa protection, avec des patentes pleines de menaces, & ordre de les publier après avoir mis tout en usage pour arrêter George. Martinufius, qui avoit des intelligences jufques dans le cabinet de Soliman, eut avis de tous ces ordres, même avant le départ de celui qui devoit les porter. Il quitta la Cour de la Reine & fe retira à Millembac: Il y fit entrer des troupes & des munitions; il en fit réparer les fortifications & la mit en état d'unê longue défenfe. Cependant pour détourner de fa patrie les armes des Infidéles il fit representer à Soliman les veritables motifs qui faifoient agir la Reine, laquelle n'écoutoit que des flateurs, & « les bas fentimens de fa jaloufie ; « fans attention à fes veritables. رو " interêts, à ceux du Roy fon fils " & de la Province: que fi Sa Hauteffe vouloit aprofondir le fujet de fes plaintes, elle les » trouveroit trop legeres pour être portées jufqu'à fon Trô»ne : que les finances qu'on l'ac» cufoit d'avoir diverties à fon profit, avoient été envoyées dans fon Trésor, dans fes der» nieres expeditions en Hongrie; » & qu'enfin il efperoit de fa juftice, qu'il le connoîtroit par les fuites, Sujet fidéle & Miniftre defintereffé. رو " رو Tandis que Martinufius juftifioit ainfi fa conduite, en homme de tête & de cœur, il prenoit fes mefures pour ne pas fe laiffer furprendre il appella fes amis auprès de lui, gens de merite & de valeur : il prit à fa folde quatre mille Sekels, qui font les peuples les plus belliqueux de la nation, qui lui étoient dévoüez, mais, à qui il ne laiffa pas de fe faire prêter ferment. Il fit la levée d'autres bonnes troupes, & commença à fe faire redouter. La Reine ne douta point qu'il ne fùt bien informé de ce qu'elle méditoit pour le perdre; Elle crût qu'elle ne devoit point lui donner le temps de fe rendre plus fort elle écrivit au Bacha de Bude & aux deux Vaivodes que felon les ordres du Grand Seigneur, ils ne perdiffent pas de temps à venir à fon fecours & ces Géneraux fe mirent en mouvement pour se rendre en Tranfilvanie. Petrovicft infpiroit tous ces fentimens à la Reine. Il étoit parent du Roy, & par cette confideration, comme nous l'avons dit, Soliman l'avoit pourvû du Gouvernement de la ville & Comté de Temefvard, le plus grand & le plus important de la haute Hongre, fur la frontiere de la Tranfilvanie: il étoit le confident de la Reine, non par fa capacité, ni par fon experience, mais il entroit dans fa jaloufie contre le crédit & l'autorité du Régent. Martinufius qui ne confideroit que le merite en faifoit peu d'eftime: Il ne le connoiffoit capable que de prendre le mauvais parti, fans avoir ni la prévoyance ni le courage pour le foûtenir. En un mot le mépris qu'il avoit pour ce Seigneur & pour fes femblables, qu'on a voulu attribuer à fon orgueil , pendant fa vie, a été après la mort fa une preuve de fon difcernement à bien juger ducaractere des hom mes. Ce fut donc Petroviest qui infpira à la Reine d'implorer le secours des Turcs, & en l'attendant de lever des troupes pour s'emparer des forterefles que le |