arriva devant Bude qu'il trouva abandonnée, il livra cette grande & riche ville au pillage à fon armée, & y fit mettre le feu; dans cette incendie périt cette fameufe Bibliotheque que le grand Roy Mathias, également recommandable & par les lettres & par les armes, avoit ramaffée de toutes les parties de la terre avec des frais immeufes. Cet Empereur ne fit épargner que le Palais Royal, dont il fit enlever les plus riches ornemens; entre autres deux fuperbes colonnes & trois ftatuës d'Apollon, de Diane & d'Hercules; chefs d'oeuvres de l'art qu'il fit conduire & placer à Conftantinople. Trophées illuftres. de fa victoire, & en même temps de la gloire du grand Mathias & de la puiffance du Royau-, mé. Ce fut alors qu'on prefenta à Soliman le portrait duRoy Louis, & le voyant fi jeune & fi beau, il ne put retenir ses larmes; iĺ plaignit le fort malheureux de ce Prince, & l'inconftance de la: condition humaine; il blâma la té nerité de ceux quravoient précipité ce Roy à fa perte; il protefta que fon intention n'étoit point de le dépouiller de fon Royaume,&que pour fatisfaction il fe feroit contenté de quelque tribut. On ne peut douter que ces fentimens ne fuffent fincéres; car après avoir exercé fa vengeance fur la haute & la baffe Hongrie, il en retira fes troupes & rentra dans fes Etats couvert de gloire, laiffant aux Hongrois la liberté de s'élire un autre maître. Pour ce fujet les Etats généraux furent convoquez à AlbeRoyale, le corps du Roy Loüis. y fut porté, felon l'ufage, on lui fit des funerailles avec toute " la pompe poffible, enfuite on loix & les privileges de la na- dre voltez contre la Nobleffe: il avoit envoyé couriers fur couriers au Roy Louis, pour lui diffuader de donner bataille, jufqu'à ce qu'il l'eût joint avec les bonnes. troupes qu'il lui conduifoit de Tranfilvanie: n.ais les autres Généraux, jaloux du commandement, ne voulurent pas l'attenle lui defferer : ne pas pour ne après la perte de cette funefte bataille, le Vaivode prit fon parti en Général habile; il fe campa avantageufement avec fes troupes, & mit la plus grande partie de la baffe Hongrie à couvert de la fureur des Turcs Ces confiderations lui donnérent la préference: il fut élû & proclamé Roy de Hongrie d'un confentement unanime: il fit de grands honneurs & de grands dons à ceux qui lui avoient attiré les fuffrages: il nomma Pauk Vardan, Archevêque de Strigo nie & Primat du Royaume, Emeric Cibaco Evêque de Varadin & le déclara Vaivode de Tranfilvanie Etienne Verbiest recommandable par fa naiffance, sa probité & fon fçavoir, fut fait grand Chancelier du Royaume. Peter Peren, le plus puiffant Seigneur de Hongrie, eut le gouvernement de la fortereffe de Vifgrad, le plus honorable du Royaume, étant dépofitaire de la Couronne, qui fe garde dans cette place. François Bode, un des plus grands hommes de guerre, & des plus vertueux de fon fiécle, fut déclaré Général des armées. Nous ne nommons que ceux-cy par la part qu'ils ont eu aux grands évenemens que nous verrons dans la fuite. Au temps indiqué pour le cou→ ronnement, les Etats fe raffemblerent dans un même lieu, fex lon les loix. Peter Peren, fui |