dont cependant ils avoient toujours été fi jaloux, ils devoient s'opposerà l'Ufurpateur,& se dé❤ clarer pour leur legitime Roy. Parmi les gens d'Eglife & dans les Communautéz Religieufes, il ajoûtoit à ces raifons le danger où étoit la foi Catholique que la Hongrie avoit toûjours inviolablement confervée, mais qui fous Ferdinand d'Autriche étoit en danger de fe perdre: que parmi fes troupes & fes Officiers, le plus grand nombre étoit infecté de l'herefie de Luther, que ce Prince ni l'Empereur fon frere, n'en avoient pû arrêter le progrès dans leurs propres Etats, à plus forte raifon dans la Hongrie, où il ne pouvoit fe maintenir fans le fecours de ces Heretiques; qu'ils avoient devant les yeux les défordres horribles que cette Secte nouvelle avoit caufé en Allemagne ; les Eglifes profanées, l'Episcopat & les autres dignitez éteintes, leurs biens ufurpez, les focietez Refigieufes & les vœux anéantis; que tous ces malheurs menaçoient la Hongrie, que leur zé÷ le ni leur capacité ne pourroient les détourner, s'ils n'étoient foùtenus par l'autorité d'un Roy auffi grand & auffi pieux que celui qu'ils avoient élu & reconnu ; qu'étant le premier Ordre de l'Etat ils devoient foûtenir leur Election, par tous les fentimens de Religion & de Juftice, & infpirer le même zele aux peuples. Ces reflexions juftes & folides, foûtenues par un homme d'un poids & d'un efprit fuperieurs, lui attirerent d'abord la veneration de tous les gens de bien & de bon fens, & lui meriterent enfuite leur confiance; il alla rendre compte au Roy des difpofitions où il avoit laiffé les efprits, & du penchant où ils étoient pour le déclarer en fa faveur. Ce Prince l'écouta avec une grande fatisfaction, & joignit de grands témoignages de reconnoiffance à ceux de l'estime qu'il avoit déja pour George. Il lui marqua par des affurances vives de n'oublier jamais fes fervices, & en même temps lui donna tous les pouvoirs pour retourner en Hongrie, agir & traiter en fon nom, avec les mieux intentionnez & les plus capables de foutenir fon parti. Ce que l'Abbé executa avec une diligence, une prudence & un fecret dont lui feul étoit capable : mais en même temps avec des peines & des fatigues incroyables, ayant fait à pied soutes ces courfes & tous ces voyages, fans que les incommoditez des mauvais chemins ni les injures de l'air fuffent ca pables de l'arrêter. Cependant Jerôme Laski ne fut pas moins heureux dans fa negociation à Conftantinople. Outre fa capacité à traiter les grandes affaires, il connoiffoit parfaitement le genie & les manieres des Turcs, il parloit leur langue comme la fienne propre; les prefens qu'il fit à propos aux Grands de la Porte & aux principales Sultanes, lui donnerent des accez agreables, & par la faveur d'Ibraim grand Vifir & favori de Soliman, il obtint une audience publique du Divan, que le Sultan voulut entendre d'un lieu fecret. Là il remontra avec toute la force & toute l'éloquence dignes de fon caracte» re. Combien il feroit glorieux à Sa Hauteffe, & avantageux à fon Empire, de proteger un Roy legitime, contre un injufte Ufurpateur; que la maison d'Au augmentant fa puiffance, triche 66 par l'acquifition d'un fi grand 68 Ce difcours animé, eut tour l'effet que Lafki en pouvoit attendre. Soliman avide de gloire en fut penetré ; fur le champ il |