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par les troupes que Ferdinand tenoit dans les places für les frontieres de Pologne, pour fermer à Jean l'entrée de la Hongrie, & le combattre en cas que ce Prince voulût l'entreprendre: Ces troupes fe rendirent à point nommé au rendez-vous que l'Abbé George leur avoit marqué. Pour lors le Roy fut pleinement convaincu que George étoit également habile pour le confeil & pour l'execution, & dans la fuite il fut l'ame des affaires.

Cependant ces mouvemens ne pûrent fe faire fi fecretement que le bruit n'en vint aux oreilles des Generaux de Ferdinand. Etienne Ravaio General de fa Cavalerie, & Thomas Liteftan de fon Infanterie, fe mettent en campagne, pour diffiper cette troupe. Ils s'étoient imaginez que ce n'étoit que des gens ramaffez dans les bois & dans les monta

gnes, mal armez & mal difciplinez, & qui tout au plus ne pouvoient être que trois à quatre mille.Le Roy Jean avoit donné le commandement de fa Cavalerie au Capitaine Gotardo, dont il connoiffoit l'experience & la valeur, & celui de fon Infanterie à Simon, dit le Lettré, Athenien de nation, également recommandable par fon fçavoir & par fon courage. Ces deux Generaux mirent leur armée en bataille, & la trouvant de bonne volonté, ils jugerent à propos d'aller au devant des ennemis; ils informerent le Roy de leur réfolution, qui en confera avec P'Abbé, & comme l'un & l'autre avoient le cœur grand, ils loücrent le deffein de ces Commandans. Ils fe mirent auffi-tôt en marche & rencontrerent 1 armée ennemie près de Caffovie & quoique fort fuperieure, ils

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la chargerent avec tant de prom ptitude & de valeur, qu'ils la rompirent du premiet choc, font main baffe & paffent fur le ventre à tout ce qui refifte ; la Cavalerie ennemie abandonne fes chevaux, & l'Infanterie fes armes pour le fauver plus facilement au travers des bois & des rivieres, & ces fuyards vont porter la terreur à Caffovie, à Efperies, & dans tous les autres lieux où ils purent fe refugier à demi

morts.

Les deux Generaux yistorieux maîtres des étendars, du canon, des armes & des bagages des ennemis, portent au Roy ces trophées de leur victoire, qu'il reçut comme un heureux augure de fon rétabliffement. Ce Prince Religieux alla, fur le champ, en rendre graces à Dieu dans la grande Eglife de Tarnove, où il fit conftruire une Chapelle ma

gnifique, en memoire de fon exil & de fa victoire. Il embraf fa fon ami & fon hôte Tarnovifki, avec tous les témoignages poffibles d'eftime & dereconnoiffance, il marqua à l'Abbé George, qu'après la protection du Ciel, c'étoit à fes fages négociations qu'il devoit de fi heureux commencemens, mais que fi Dieu permettoit qu'il remontât fur fon Trône, il lui donneroit toute fa confiance & ne se conduiroit que par fes confeils,

Enfuite ce Roy à la tête de fon armée victorieuse, se rendit à Lipe pour attendre l'arrivée de Soliman. Là le concours des Grands & des peuples, qui vinrent le feliciter de fa victoire & marcher fous fes enfeignes, lui firent fentir le plaifir de connoître que fi Ferdinand occupoit les principales places de fon Royaume, il avoit l'avantage de

regner fur le cœur de ses sujets. Pour lors il fut plus vivement penetré des obligations qu'il avoit à la capacité & à la conduite de l'Abbé George, il fut infiniment fenfible aux importans fervices qu'il lui avoit rendu, & comprit bien ceux qu'il étoit capable de lui rendre. Ce Prince cependant remporta de grands avantages, qu'il auroit pouffe plus loin s'il n'eut été obligé d'aller joindre Soliman arrivé dans la plaine de Mo-.

hacs.

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Le Roy partit de Lipé avec fon armée, & arriva au camp des Turcs; il y fut reçû par les principaux Officiers & conduit avec de grands honneurs à la tente du Sultan , accompagné d'une groffe fuite de Seigneurs Hongrois. Soliman le reçût fur un Trône & fous un dais : cet Empereur lui tendit la main, à

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