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laquelle le Roy joignit la fienne, & lui témoigna la reconnoiffance qu'il fentoit au fond du cœur de la magnanimité & de la juftice de Sa Hautefle d'être venu en perfonne à fon fecours; qu'il en garderoit un fouvenir éternel & un attachement inviolable. Soliman, fe dépouillant de cette fierté ordinaire aux Sultans, traita Jean en Roy & & en ami; il lui dit, qu'il ne « devoit pas douter que fes armes « juftes toujours victorieufes, ne«. fiffent la conquête de la Hon- «< grie, & qu'il lui donnoit fa« parole Royale de lui rendre genereufement ce Royaume. Enfuite Jean fut conduit dans un quartier preparé pour lui & pour toute la Cour, il fut logé fous de riches pavillons & fervi avec pompe.

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Quelques jours après, Soliman étant en marche, Paul Var

dan Archevêque de Strigonie,' fe rendit à fon camp, ayant parole d'en être favorablement reçû. La crainte avoit faifi ce Primat à l'aproche de cette armée formidable; il avoit imploré la protection du Sultan pour le reconcilier avec le Roy, dont il avoit quitté le parti pour celui de Ferdinand. L'Empereur Turc crût qu'il étoit de fa grandeur d'être favorable au grand Pontife des Chrétiens,c'eft ainfi qu'il' appella cet Archevêque, qui vcnoit reconnoître la juftice de fes armes & implorer fa clemence. Après une audience tranquille, le Sultan lui promit d'obtenir fon pardon, & lui fit marquer un quartier dans fon armée pour la fuivre, avec ordre qu'on lui fournît en abondance, tout ce qu'il pouvoit fouhaiter pour lui & fa fuite.

Soliman étant arrivé devant

Bude,

I

Bude, les Magiftrats lui porterent les clefs, la feule fortereffe refufa de fe rendre; elle étoit défenduë par fept cens Allemans, commandez par le Comte Nadafti. Ce Commandant, outre fon grand cœur, avoit interêt de ne point tomber entre les mains du Sultan, étant du nombre de ceux qui fuivoient le parti de Ferdinand, quoique d'origine Hongrois. Les Turcs battirent la citadelle avec furie, ils y donnerent un affaut, où ayant été repouffez, ils firent jouer une mine dont l'effet fut fi grand qu'elle fit fauter une partie des fortifications, ce qui fit perdre courage à la garnifon. Les Allemans voulurent obliger leur Commandant à fe rendre, mais Nadafti leur reprefenta qu'ils pouvoient encore tenir avec gloire; que ce feroit une lâcheté de capituler, pouvant encore le déD

fendre avec avantage; qu'il étoit preft de mourir à leur tête, plûtôt que d'en venir à une capitulation honteuse. Mais ces lâches fe mutinent, mettent leur Commandant en prison, & fe rendent vie & bagues fauves. Après leur fortie les Turcs trouyerent Nadafti enfermé qui s'étant fait connoître, fut conduit à Soliman, auquel il raconta fa difgrace & la lâcheté de fa garuifon. Cet Empereur irrité d'avoir traité avec des traîtres détacha un gros de Janiffaires pour les tailler en pieces, ce qui fut executé prefque à l'entrée de Poffon, qui étoit le lieu de leur retraite. Un Hiftorien a dit que Soliman ordonna de jetter Nadafti dans le Danube, un autre de le conduire prifonnier à Conftantinople; mais qu'ayant été mis dans un bâtiment fur cette riviere, il avoit rencontré, par

bonheur un batteau vuide, qu'il s'étoit jetté dedans, & étoit paffé, malgré fes gardes, de l'autre côté du Danube, où le Roy Jean étoit campé, & que s'étant jetté aux pieds de ce Prince, il en avoit obtenu grace. Mais il y a bien plus d'apparence, comme d'autres l'ont écrit, que Soliman le remit à la difcretion du Roy, comme fon fujet, & que ce bon Prince le voyant à fes pieds, lui avoit genereusement pardonné ce qui obligea Nadafti à lui être toûjours fidéle.

Soliman maître de Bude, pour ne pas manquer à fon ferment, fit marcher fon armée en Autriche; il ne trouva de refistance qu'à Altembourg, qui fut emportée d'affaut; mais les pluyes & les mauvais chemins ayant retardé la marche de cette groffe armée, ou plûtôt, comme quelques Hiftoriens l'ont écrit, avec

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