ufage, pour le conferver: La Vierge, l'Enfant 1450. Jefus, Sainte Catherine, Sainte Barbe & Saint Jean Baptiste, Saint Jean l'Evangélifte & des Anges qui jouent de différents inftruments, font bien representés fur ce Tableau : Sur l'un des volets on voit le martyre de Saint Jean Baptiste, & fur l'autre S. Jean l'Evangeliste dans l'Ifle de Patmos, écrivant fon Apocalypfe.

Dans la fale des Directeurs de l'Hôpital de S. Julien, en la même Ville, on voit un grand Tableau de Hemmelinck, reprefentant S. Chriftophe qui porte l'Enfant Jefus en paffant une riviere : Sur les deux volets qui renferment ce fujet, font peints les Portraits de quelques Freres Hofpita

liers.

Dans l'Eglife Paroiffiale de Saint Sauveur est le martyre d'un Saint écartelé par quatre chevaux. Chez M. Libouton on voit un Chrift, avec la Vierge & S. Jean au bas de la Croix.

Hemmelinck avoit un meilleur goût de Deffein que les Peintres de ce temps là : Il groupoit fes figures avec plus d'ordre; fes fujets font bien difpofés: Il y a une dégradation fenfible dans fes couleurs; il a fait un affez bon choix dans l'Architecture, & on apperçoit qu'il en fçavoit trèsbien les regles, ainfi que de la perspective. Cet Artiste a au moins égalé les Freres van Eyck, & dans quelques parties il les a furpaffés. On s'étonne que les Tableaux de ce Peintre ne foient qu'à l'eau d'œuf (a); fans doute qu'il étoit attaché,

par

(a) Le mêlange des couleurs, avant la découverte de l'u fage de peindre à l'huile, fe faifoit à la colle, à la gomme & communément avec une eau qui se tiroit du blanc d'œuf

par préjugé, à ce genre de Peinture, & qu'il faifoit peu de cas de la Peinture à l'huile, dont 1450. l'ufage étoit établi depuis 80 ans : Il ne pouvoit en ignorer le fecret trouvé dans la Ville où il faifoit fa demeure. D'ailleurs rien n'eft plus beau ni plus frais que ce qui nous refte de lui & que nous avons cité. On peut auffi ajouter que rien n'eft gardé avec plus de foin. Le Reliquaire de l'Hôpital de S. Jean eft enfermé dans une autre armoire deftinée à le conferver; on a fouvent offert une chaffe de la même grandeur en argent, & on a toujours refufé l'échange: Le Reliquaire eft ouvert tous les ans pendant l'Octave de Sainte Urfule. Il est peu de Tableaux à l'eau d'œuf qui foient mieux, & ce font autant de monuments précieux de la maniere dont on peignoit alors dans ce genre. On n'a rien fçu de la mort de Hemmelinck, ni du du lieu de fa fépulture.

GUERARD

VANDER

G

MEIR E.

UERARD nâquit à Gand & fut un des premiers Peintres à l'huile après van Eyck: Tous fes Ouvrages font d'un beau fini. On voyoit en Hollande, dans le cabinet de M. Jacques Ravart, une Lucréce peinte par vander Meire: Il colorioit bien & fon Deffein est affez correct.

JEAN

1450.

JEAN MANDYN.

M

ANDY N de la Ville d'Harlem, aimoit à peindre des fujets plaifants & grotesques, dans le goût de Jerôme Bos: Il est mort à Anvers, penfionné de la Ville.

V

VOLCKAERT.

OLCKAERT fils de Nicolas, nâquit à Harlem. La Maison de Ville poffede de lui plufieurs Ouvrages en détrempe d'une grande maniere: Il deffinoit dans le goût de l'Antique; il compofoit avec facilité; il a beaucoup deffiné pour les Peintres fur verre.

QUINTIN

QUINTIN

MESSIS.

L nâquit dans la Ville d'Anvers: On l'appelle quelquefois le Maré- 1450: chat d'Anvers, parce qu'il avoit exercé ce pénible métier jusqu'à l'âge de 20 ans. Une longue & dangereufe maladie le mit hors d'état pouvoir gagner fa vie & celle de fa mere, chez qui il demeuroit: Il s'en plaignoit à ceux qui venoient le vifiter. On rapporte qu'une proceffion anciennement établie pour les lépreux ou autres malades, dans laquelle on diftribuoit des images de Confréries, gravées en bois, lui donna lieu de

de

B connoître

:

connoître fon talent. Il lui tomba entre les mains 1450. une de ces images, qu'on lui conseilla de copier pour fe defennuyer; ce qu'il fit avec tant d'ardeur & de difpofition, qu'il continua depuis & devint bon Peintre. Cet échange du marteau contre le pinceau fe raconte encore autrement: Il devint, dit-on, amoureux d'une fille qui étoit destinée à un Peintre. Quintin en étoit aimé & défiroit de s'unir à elle par les liens du mariage; mais s'étant apperçu que fon métier étoit un obftacle à fes defirs, il le quitta & fe mit à étudier la Peinture avec une application extrême. L'amour fut fon maitre, & avec une difpofition naturelle il réuffit. Cette derniere hiftoire n'eft reçue & appuyée que fur les Vers que Lampfonius a mis au bas de fon Portrait La premiere eft plus communément adoptée, & fur-tout par van Mander son Historien. Je fouhaiterois que la derniere fut vraie, j'en fçaurois gré à l'amour.) Quoiqu'il en foit, il devint bon Peintre pour le fiécle où il vivoit. Un de fes plus beaux Tableaux, est une Descente de croix, qu'il fit pour le Corps des Menuifiers d'Anvers: Ce Tableau fut placé dans l'Eglife de Notre-Dame. Le Chrift eft fort beau, ainfi que les Marie Sur un des volets qui ferment ce Tableau, eft le martyre de S. Jean, dans une chaudiere d'huile bouillante; fur l'autre volet eft Hérodias, danfant devant Hérode : Pour le prix de la danse elle reçoit la tête de Saint Jean. Philippe II. Roy d'Efpagne, a fouvent offert de ce Tableau des fommes confidérables, fans pouvoir l'obtenir. Ce Corps de Métier, dans un befoin, l'exposa en vente en 1577; les Magiftrats l'acheterent, par le confeil de Martin Devos, 1500 florins. Quintin

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