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C. Eifen jnv.

1557.

ADAM

VAN O ORT,
ÉLEVE DE SON PERE.

EUX qui ont écrit la Vie des Peintres, ne parlent d'Adam van Oort, que pour lui reprocher fes excès. Il étoit originaire d'Amersfort, & nâquit à Anvers en 1557: Il fut Eleve de fon pere Lambert van Oort, affez diftingué dans la Peinture & l'Architecture, & admis parmi les Peintres d'Anvers en 1547.

Adam auroit eu le génie le plus heureux, s'il

avoit été plus modéré dans fes paffions. Il négligea les beautés de la nature, ou peut-être ne les a-t'il 1557. jamais connues. Cependant il eut une réputation confidérable & fit plufieurs grands Ouvrages, dont il fut bien payé. Il pouvoit encore, après fon mariage, se rendre un des plus grands Peintres de fon temps; mais il s'éloigna de toute focieté Sa brutalité le rendit dangereux & infuportable, & il perdit fes Amis & fes Eleves (du nombre desquels étoit Rubens.) Jacques Jordaëns fut le feul qui s'accommoda du génie de fon Maître, peut-être parce qu'il aimoit fa fille, qu'il époufa fort jeune.

:

Van Oort devint manieré & négligea la nature: Il ne regarda la Peinture que comme un moyen de s'enrichir. L'amour de fon Art diminua à mefure qu'il s'abrutit dans la débauche. Ses derniers Ouvrages n'ont d'autre mérite qu'une exécution facile & une bonne couleur. Dans fon bon temps il avoit compofé avec plus de choix & fon Deffein étoit plus correct. Rubens difoit que ce Peintre auroit furpaffé fes Contemporains, s'il avoit vu Rome & s'il avoit cherché à fe former fur les bons modeles. Malgré ces défauts, il fut bon Artifte, & fes Tableaux font vus avec plaisir dans plufieurs Eglifes de Flandres: Il mourut à Anvers en 1641, âgé de 84 ans.

Les principaux Eleves de ce Peintre, furent Rubens, Jacques Jordaëns, le Franck & Henri van Balen.

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1558.

HENRY GOLTZIUS

ELEVE DE SON PERE

JEAN GOLTZIUS.

G

OLTZIUS fortoit d'une Fa mille diftinguée dans les Arts: Ses grands Peres & fes Oncles étoient tous Sculpteurs ou Peintres, ainfi que Hubert dont il a été parlé cidevant Il nâquit au mois de Février de 1558, dans le Bourg de Mulbrack, près de Venloo dans le Duché de Juliers: Son Pere

peignoit

il

peignoit bien fur verre & donna les premiers principes du Deffein à fon fils, en qui il avoit reconnu 1558. un penchant decidé; dès l'âge de 7 ou 8 ans, traçoit toutes fortes de figures fur les murailles de la maison : On a vu des Deffeins de cet âgé qui ont furpris: Occupé à deffiner fur le Verre pour fon pere, il ne lui étoit guères poffible d'étudier, il en marqua du chagrin, & s'adonna de lui-même à la Gravure: Ayant fait plufieurs Deffeins pour Coornhert, celui-ci propofa au Pere de le prendre avec lui pour deux ans : Le jeune Henri ne voulut point s'engager, il étudia lui feul la Gravure, il fit de fi grands progrès, que Coornhert, furpris de fon talent, l'employa, non pas en Ecolier, mais en Maître. Il l'engagea lui & fa Famille à le fuivre en Hollande, & ils furent s'établir à Harlem.

Goltzius travailla pour Coornhert & pour Philippes Galle. Il époufa une veuve qui avoit un fils nommé Jacques Mathan, duquel il fit dans la fuite un habile Graveur.

Quelques reflexions un peu tardives fur fon état, fur ce qu'il fe trouvoit marié à l'âge de 21 ans, & dans la neceffité de renoncer au voyage d'Italie, chagrinerent fi fort Goltzius qu'il tomba dangereusement malade. Il cracha du fang pendant trois ans, & fut abandonné des Medecins: Cependant, quoique foible & languiffant, il fe détermina à voyager pour voir l'Antique, difant que, puifqu'il falloit perir, du moins il vouloit avant avoir la confolation de voir les beautés de Rome.

En 1590. il s'embarqua à Amfterdam pour Hambourg, accompagné d'un Domestique, & laiffant chez lui fes Eleves & fon Imprimeur. Il

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parcou

1558.

parcourut toutes les Villes d'Allemagne, & vifita
par-tout les Artistes fous le nom d'un Marchand
de Fromages. Quelquefois fon valet paffoit pour
le Maître, &, fous ces déguisements, il eut la
fatisfaction d'entendre parler librement de ses
Ouvrages, lui prefent, comme s'il n'y avoit point
été. Le changement d'air, la fatigue changerent
fon tempérament, & lui rendirent la fanté: Il
paffa par Venife, Bologne, Florence, & enfin
le 10 Janvier 1591 il vint à Rome, où il resta
long-temps fans vouloir être connu: Il s'y cacha
fous un habillement groffier & fous le nom d'Hen
ry
Bracht. Son admiration vis-à-vis tant de mer-
veilles fufpendit prefque toutes les fonctions ex-
terieures de fon ame, & l'abforba, il avoit l'air
d'un imbecille.

L'Italie étoit alors affligée par deux fleaux pref qu'inféparables, la famine & la mortalité: Il fembloit que de fes fens il ne fut refté à Goltzius que celui de fes yeux: On l'a vu plus d'une fois def finer l'Antique au milieu de cadavres corrompus, fans s'en appercevoir.

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Un amusement qu'il mit bien à profit dans fes heures perdues, fut de fe mêler fouvent avec ceux qui achetoient & vendoient des Eftampes. Il vit le cas particulier que l'on faifoit de fes Gravures, mais il entendoit ce qu'on y trouvoit à blâmer: Il profitoit & des louanges & des critiques. A la fin d'Avril de la même année il par tit pour Naples, mais fans fe faire connoitre, avec Jean Mathiffen Orfévre, & un Gentilhomme de Bruxelles, nommé Philippes van Winghen, fçavant antiquaire Ils fe mirent en route fort mal vêtus, dans la crainte d'être affaffinés par des Bri gands

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