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à enrichir l'épitaphe des Seigneurs de Lockhorft 1468. Itoit dans leur Chapelle dans l'Eglife de Saint

1470.

Pierre de Leyden, & en 1604 à Utrecht chez M. vanden Bogaert, gendre de M. van Lockhorst. Le dedans reprefente l'Agneau de l'Apocalypfe: Une multitude de figures bien difpofées, les phyfionomies nobles & gracieufes & la maniere délicate de fon pinceau, ont fait regarder ce Tableau comme fon chef-d'œuvre. Son génie le porta à faire une étude particuliere des mouvements de l'ame, qu'il a fçu exprimer dans chaque physionomie. Il fut regardé par les Maîtres du temps comme un des plus grands Peintres : Il mourut à Leyden en 1533, âgé de 65 ans.

ALBERT

DURER,

ELEVE DE MICHEL WOLGEMUT,

A
LBERT eft le premier Allemand qui ait
ofé réformer le mauvais goût dans fa Patrie.
Il nâquit à Nuremberg en 1470, & fut destiné
par fon pere, habile Örfévre, à fuivre la même
Profeffion; mais fon inclination le portoit à graver
& à deffiner. Il eut enfin le bonheur d'entrer chez
Hupfe Martin, Peintre & Grayeur : Il y fit de
grands progrès dans la Gravure, & commença à
peindre. Il entra peu de temps après chez Michel
Wolgemut: C'est chez ce dernier qu'il s'appliqua

plus

pas

plus particulierement à la Peinture & négligea quelque temps la Gravure. Ne fe contentant 1470, de la Peinture feule, il étudia la Perspective, l'Architecture civile & militaire, fur lefquelles il donna des Traités.

Avant d'avoir quitté l'Ecole, quelques Ouvrages difperfés le firent connoître à la Cour de l'Empereur Maximilien: Ce Monarque le fit demander pour l'exécution de quelques grands projets. Un jour en deffinant fur une muraille trop élevée, l'Empereur qui étoit prefent, dit à un Gentilhomme de fe pofer de façon que le Peintre put fe fervir de lui pour s'élever affez haut. Le Gentilhomme reprefenta humblement, qu'il étoit prêt à obéir, mais qu'il trouvoit cette pofition trop humiliante, & qu'on ne pouvoit guéres plus avilir la nobleffe, qu'en la faifant fervir de marche-pied. Ce Peintre (répondit l'Empereur) eft plus que noble par fes talents: Je peux d'un Payfan faire un Noble, mais d'un Noble je ne ferois jamais un tel Artife. Albert fut ennobii par ce Prince, qui lui donna pour armes trois écuffons d'argent, deux en chef & un en pointe, fur un champ d'azur.

L'Empereur Charles V. & Ferdinand Roy de Hongrie & de Boheme, eurent pour Albert la même estime. Il avoit une figure aimable, des manieres nobles, une converfation fpirituelle & enjouée: Il vivoit avec les Grands, fans méprifer les égaux. Accoutumé à louer les Artiftes, il en étoit adoré.

Quelques-uns de fes Ouvrages portés en Italie, lui ont mérité l'eftime de Raphaël. Albert lui envoya fon Portrait & quelques gravures de fa main: Il obțint en reconnoiffance plufieurs Deffeins avec

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le Portrait de Raphaël, qui, grand admirateur de 1470. la fineffe du burin d'Albert, fit voir ces Eftampes à fon Graveur Marc Antoine, ainfi qu'à Marc de Ravenne. Le premier fit plufieurs tentatives pour imiter notre Allemand; copia même les 36 morceaux de la Paffion, en y mettant la marque & le nom d'Albert Durer: Ce dernier fâché de se voir fi mal copié, fit exprès le voyage de Venise & porta fes plaintes au Senat, qui ordonna que fa marque feroit effacée, avec défenfes à tous Graveurs de copier les Ouvrages d'Albert. Il retourna chez lui avec cette légere fatisfaction, & commença de nouveau à peindre & graver.

Albert s'étoit marié fort jeune; fon talent pouvoit bien fuppléer aux dépenses de fa femme, mais tout fon efprit n'en pouvoit adoucir le caractere: Il s'en éloigna & paffa en Hollande. Il s'arrêta chez Lucas de Leyden: Ces deux grands hommes s'eftimerent, & une émulation digne d'exemple fit toute la douceur de leur commerce. Ils firent leurs Portraits alternativement, & fe féparerent avec regret,

:

Albert de retour à Nuremberg, fut nommé Membre du Confeil : Ces honneurs, ces richesses & l'eftime du Public, ne le dédommagerent point du malheur d'avoir une femme difficile Il en mourut de chagrin le 8 Avril 1528, à l'âge de 57 ans ; il fut enterré à Nuremberg, dans le Cimetiere de Saint Jean. On lit fur fa tombe cette inscription:

ME: AL: DU:

Quicquid Alberti Dureri mortale fuit, fub hoc Conditur tumulo. Emigravit VIII. idus Aprilis. M. D. XXVIII.

Le

Le mérite d'Albert est connu, non-seulement par l'éloge qu'en a fait Raphaël, mais par le nom- 1470. bre d'italiens qui ont fuivi fa maniere. Quelquesuns ont cru qu'il avoit étudié en Italie on s'eft trompé, le voyage de Venise n'eft point à citer: Il n'y refta pas allez de temps pour méditer fur les beautés de l'Antique. On le remarque d'ailleurs dans fes Ouvrages, puifqu'il lui manque, ce qui n'auroit point échappé à un génie comme le fien, s'il avoit vu Rome; Il devoit tout à son génie. Quoique fupérieur aux Peintres de fa nation, il ne put éviter entierement leurs défauts : Tels que la féchereffe (a) de fes contours, fes expreffions fans choix, fes draperies boudinées (b), nulle dégradation des couleurs; on ne trouve dans aucuns de fes Ouvrages, ni la Perf ective Aerienne (c), ni le Costume (d); mais auffi avoit - il

beaucoup

(a) Séchereffe. Défaut ordinaire de ce temps. On connoiffoit peu ces contours ondovants qui marquent fi bien les belles formes & l'infertion des mufcles; au contraire la nature paroiffoit roide ou décharnée.

(b) Draperies bondinées. Les belles formes du nud fe trouvoient cachées fous des plis, à l'infini, sans choix ni vérité.

(6) La Perspective Aërienne eft une dégradation des tons de couleurs, qui éloigne les différents plans, à mesure que le Peintre intelligent fçait y répandre de la vapeur; & par-là nous force en quelque façon de croire réel ce qui n'est qu'illufoire.

(4) Coftume. Le Peintre en reprefentant quelque trait de l'hiftoire, doit non-feulement être exact à fuivre le texte, mais il doit representer le lieu où l'action s'eft passee, soit à Rome ou à Athènes, &c. Si c'eft près d'un fleuve on fur les bords de la mer; dans un palais ou dans une campagne; dans un pays fertile ou aride; que les habillements & les ulages de chaque Peuple, foit en paix ou en guerre, distin guent les Grecs & les Romains, &c,

beaucoup d'élévation & de jugement dans fes 1470. compofitions. Il finifoit fes Tableaux avec une propreté furprenante, & jamais homme n'a plus produit. Les premiers Tableaux que nous connoutons de lui, font le Portrait de fa mere & celui qu'il a fair d'apres lui-même, à l'âge de 30 ans, peine en 1500: Il est placé dans la galerie de l'Empereur à Prague. On eftime beaucoup plufieurs Tableaux, tels que les Mages, la Vierge avec des Anges qui la couronnent de roses, Adam & Eve de grandeur naturelle, le fupplice de plufieurs Martyrs: Ce dernier Tableau est daté de 1508: Il s'y eft peint lui-même, tenant en petit drapeau, dans lequel on lit fon nom. Le plus beau Tableau qu'il ait fait, represente notre Seigneur fur la croix, environné d'une gloire; audefous & dans le bas on voit un grouppe de Papes, de Cardinaux & d'Empereurs, &c. Ily est auffi représenté tenant un petit tableau, sur lequel on lit: Albertus Durer Noricus faciebat anno de virginis Parta 1511. Tous ces Tableaux étoient dans le Cabinet de l'Empereur à Prague. On en remarquoit un, reprefentant notre Seigneur por tant fa croix. Les principaux du Confeil de Nuremberg y étoient peints, parce qu'ils en avoient fait préfent à l'Empereur. On vante encore de ce Peintre une Affomption qui rapportoit un grand profit aux Religieux de Francfort, qui exigeoient toujours quelque récompenfe pour ouvrir & fermer les volets du Tableau.

On voit encore de lui à Nuremberg, dans la Maison du Confeil, plufieurs Portraits d'Empereurs, quelques autres Tableaux & les douze Apôtres.

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Dans

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