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dre des Chaffes en grand, que Charles V. aimoit beaucoup & récompenfoit de même ; Il fit en- 149°. tr'autres la forêt de Soignies, avec les plus belles yues des environs, où ce Prince étoit représenté avec les principaux de fa Cour. C'est d'après ce Tableau & quelques-autres cartons de van Orley, que les belles Tapifleries ont été faites pour l'Empereur, pour les Princes de la Maifon d'Autriche & pour la Ducheffe de Parme. Il fit dans ce temps-là à Anvers ce beau Tableau du Jugement dernier, que l'on voit dans la Chapelle des Aumôniers: C'eft dans ce Tableau où il a cherché les beaux transparents, qui ont fi bien réuffi dans fon ciel. Pour y parvenir, il fit dorer fon panneau, & c'eft de ce fonds qu'il a tiré les tons chauds & brillants que l'on y voit. Il peignit un autre Tableau pour la Societé des Peintres de Malines: Il repréfente S. Luc faifant le Portrait de la SainteVierge. Michel Coxcis a peint les volets qu'on y a ajoutés pour le conferver.

Ce grand homme fit depuis pour le Prince de Naffau, Prince d'Orange, feize cartons ou modelles, qui ont été exécutés en tapifferies, pour fervir d'ornements au Château de Breda. L'or & l'argent y étoient artistement mêlés avec la foie. On craint que la plus grande partie ne foit confondue avec les vols confidérables que la fille du Concierge de ce Château a faits. Chaque carton compofoit deux figures, un Cavalier & une Dame à cheval, repréfentant les Defcendants de la Famille de Nassau Le Deffein étoit d'une grande correction & d'une fierté digne de l'Ecole dont il fortoit. Ce Prince qui en connoiffoit la beauté &qui craignoit de les perdre, donna ordre à Hans C4 (Jean)

(Jean) Jordaens d'Anvers, Peintre à Delft, de les copier à l'huile, afin de les conserver pour la Poftérité.

¥493.

K

CORNILLE

KUNST.

UNST nåquit à Leyden en 1493 : Il étoit fils & Eleve de Cornille Engelbrechifen. Il reçut en naiffant les difpolitions propres à devenir un grand Peintre; Auffi Eleve n'a jamais fait plus d'honneur à fon Maître. De fon temps il fut regardé comme un des premiers Peintres de fa Patrie. Les troubles ayant en partie ruiné la Ville de Leyden, il alloit quelquefois à Bruges, pour lors Ville des plus riches par fon Commerce; les Arts y étoient recherchés & bien payés ; Il fit quantité de beaux Tableaux, qui lui rapporterent beaucoup d'argent & le mirent fort à fon aife. Il en fit auffi à Leyden un grand nombre, chez M. van Sonnevelt, entr'autres notre Seigneur portant fa croix au Calvaire, fuivi des Larrons & d'une foule de Soldats & de Peuple : Les expreffions font belles & touchantes; le Tableau eft bien peint & paffe pour un de fes plus beaux. On a auffi de lui une Defcente de croix, morceau chaud de couleur & bien rendu, felon le fujet. Il fit encore plufieurs Tableaux pour le Couvent de Leyderdorp, proche de Leyden; mais ils ont été détruits ou enlevés pendant la Guerre. Il s'en trouve dans les Cabinets de la même Ville, une quantité, foit à l'huile

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ou en détrempe, principalement chez Jacques Vermy. Van Mander a vu chez la fille de Cornille 1493, Kunft, le Portrait de ce Peintre, affis dans son jardin avec fes deux femmes ; & dans le fond on voit la Ville & la Porte aux Vaches, le tout bien rendu d'après nature: Ce Peintre eft mort en 1544, âgé de 51 ans,

CORNILLE,

DIT LE CUISINIER,

ELEVE DE SON PERE,

CORNILLE ENGHELBRECHTSEN.

I

L étoit frere de Cornille Kunft, de la même Ville, tous deux Eleves & Héritiers des talents de Cornille Enghelbrechtsen, leur pere. Il est furnommé le Cuifinier, parce qu'étant chargé d'une nombreufe famille, & étant peu occupé à la Peinture, pendant la Guerre, il fut obligé d'être alternativement Peintre & Cuifinier; mais il n'en étoit

pas moins bon Peintre. Il prit enfin le parti de quitter Leyden, fur la réputation du goût de Henry VIII. Roy d'Angleterre, pour la Peinture Il paffa à fa Cour avec fa femme & huir enfants. On n'a depuis rien appris de lui, fi ce n'eft qu'on a vu un de fes Tableaux, qui a été raporté d'Angleterre chez le fieur Jean de Hertogh. Il y avoit beaucoup de fes Ouvrages dans Leyden,` chez le fieur Knotter, Peintre & amateur; plufieurs

morceaux

morceaux en détrempe & à l'huile, bien compofés 1493. & coloriés, fur tout un petit Tableau, repréfentant la Femme adultére. Chez Jacques Vermy, on en voyoit auffi plufieurs en détrempe. Lorsque le Duc de Leicester fut nommé Gouverneur de ce Pays, les Seigneurs Anglois de fa fuite, chercherent avec empreffement fes Ouvrages, qui étoient fort eftimés en Angleterre.

1494..

LUCAS

DE LEYDEN,

ELEVE DE SON PERE HUGUES JACOBS.

A Nature a fouvent fait des miracles, Lucas de Leyden en eft une preuve. A peine étoitil né dans la Ville de Leyden, à la fin de Mai ou au commencement de Juin 1494, qu'on le vit peindre & graver. Il reçut les principes de fon pere Hugues Jacobs, qui étoit felon van Mander habile Peintre: Depuis il eut pour Maître Cornille Enghelbrechtsen. Sa plus tendre enfance fut confacrée à une étude opiniâtre ; & malgré les foins que fa mere prenoit pour l'en détourner, il paffoit les nuits à étudier. Îl copioit la nature en tout, & fon jugement lui fervoit de guide. Il ne voyoit d'autres camarades que ceux qui avoient sa même inclination. Avec des difpofitions fi heureuses, on fera moins étonné d'apprendre qu'il ait mis au jour des fujets compofés à l'âge de neuf ans. Tous les genres de Peinture lui étoient familiers, fur verre,

en

détrempe & à l'huile; le Portrait & le Payfage, il faifoit tout également bien : Mais il étonna les 1494. Artiftes, lorfqu'âgé de douze ans, il peignit en détrempe l'hiftoire de S. Hubert, pour Monfieur Lochorft, qui lui donna pour récompense autant de pieces d'or qu'il avoit d'années. Il grava à 14 ans Mahomet yvre qui égorge un Religieux : Cette eftampe eft datée de 1508. Il grava l'année fuivante neuf fujets de la Paffion, en rond, bien compofés; une Tentation de S. Antoine, où le Démon, fous la figure d'une jolie femme, cherche à le féduire : Le fond eft bien entendu & le burin d'une grande intelligence. Dans la même année on vit paroître de lui une Converfion de S. Paul, conduit à Damas: Ce morceau eft d'une expreffion vraie, les ajustements de toutes fes figures font extraordinaires, ainfi que leurs coeffures, qui paroiffent convenables au fujet. Auffi Kassary le met, en bien des chofes, au-deffus d'Albert Durer: » Lucas, dit-il, peut être égalé à ceux qui ont » manié le burin avec fuccès; fes fujets d'hiftoires >> font d'une grande vérité : Il a sçu éviter la con>>fufion. Auffi a-t'il furpaffé Albert dans la com>>pofition; il avoit plus que lui approfondi les regles » de l'Art. A peine la Peinture pouroit-elle par >> fes tons de couleur, faire plus valoir la Perfpec»tive aërienne: Les Peintres y ont puifé les principes de leur Art. « Ce font les termes de Vaffary. Il ajoute cependant que le Deffein d'Albert Durer eft plus correct. En 1510, à l'âge de 16 ans, il finit un Ecce Homo. On voit dans cet Ouvrage une multitude de Peuple; les attitudes en font bien variées, les ajustements convenables & les draperies bien jettées ; l'Architecture en eft disposée felon

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