TIAV. J. FRON- ment les plus fameufes Ecoles étoient dans les Monafteres, & obtint un Arrêt en faveur de fa Congrégation. Après avoir paffé tranquillement quelques années, occupé uniquement de fes études, il eut quelques chagrins à effuyer à l'occafion des cinq Propofitions condamnées par les Papes Innocent X. & Alexandre VII. Ayant été foupçonné de favorifer le parti des difciples de Fanfenius, & de croire qu'on ne pouvoit figner le Formulaire fans diftinguer le fait d'avec le droit, il quitta la regence en 1654. & accepta le Prieuré conventuel de Benay dans le Diocéfe d'Angers. Il n'y fit pas cependant une réfidence continuelle, il exerça toûjours les fonctions de Chancelier de l'Univerfité de Paris, & ne laiffa pas d'aller prêcher dans quelques Eglifes Cathedrales. Etant allé en 1661. à fon Prieuré de Benay, pour y prêcher le Carême, fon Géneral reçut ordre de la Cour de lui enjoindre d'y demeurer jufqu'à ce qu'on le rappellât. L'approbation qu'il avoit donnée à la traduction Françoife du Miffel de M. Voifin, & pas qu'il n'avoit pas voulu révoquer fut J. FRON Sur cela fon General eut permif- Aprés avoir fait fes fonctions pen J. FRON- dant le refte de la femaine & les Fê TEAU. tes de Pâques avec beaucoup d'ardeur & le zéle, il tomba malade le Mardi & mourut le Dimanche 17 Avril 1662. âgé de 48 ans. » Il avoit joint l'érudition Eccle fiaftique & profane à une éloquen» ce vive & naturelle. Il prêchoit & parloit facilement, avec agrément » & avec fuccès. Il s'étoit acquis beaucoup de réputation par les Pancgyriques qu'il prononçoit en don"nant le Bonnet de Maître-ès-Arts aux Actes de l'Univerfité, fonction qu'il a exercée pendant quinze ans. » Il fçavoit neuf Langues, l'Hebraï» que, la Chaldaïque, la Syriaque, l'Arabe, la Greque, la Latine, l'Italienne, l'Espagnole, & la Françoife, comme il le fit voir à une Thefe dédiée au Cardinal Mazarin, » dans laquelle il fit paroître ces neuf Langues, comme neuf Mufes &neuf Sœurs, pour expliquer chacune dans fon idiome le nom de » Mazarin. Il avoit de grandes liai» fons, non - feulemert avec tous les gens fçavans, mais encore avec les plus grands du Royaume, & les » perfonnes les plus confiderables de J. FRON » la Robe, qui l'honoroient de leur TEAU. amitié. Il fçavoit unir dans fes ou»vrages le profane avec l'Ecclefiaftique, & égayoit toûjours fa matiere par quelques paffages des Peres, & » des Auteurs Grecs & Latins ou par quelques traits curieux de l'Hi» ftoire. Il ne s'attachoit pas à traiter » les matieres à fond, mais à faire de » nouvelles découvertes, à donner » des remarques curieufes, & à four , nir des idées & des conjectures » toutes neuves, & d'un tour nou`veau. C'eft le caractere que M. Dụ Pin fait de cet Auteur. J'ajoute que c'est lui qui a commencé à former la Bibliotheque de Saime Genevieve, laquelle s'eft augmentée depuis par les foins de ceux qui en ont eu la direction, à un tel point,qu'il en eft peu qui puiffe lui & tre comparée, foit pour le nombre des volumes, foit pour les livres rares & curieux qu'elle renferme. Catalogue de fes Ouvrages. 1. Summa totius Philofophia è D. Thoma Aquinatis doctrina. Parif. 1640. in-fol. Cet Ouvrage eft de Cofme A TEAU. J. FRON- lamanni, Jefuite de Milan, qui en publia la premiere partie à Pavie l'an 1618. in-4°. Le P. Fronteau, qui étoit fort attaché à la doctrine de S. Thomas, des ouvrages duquel ce Livre n'eft qu'un précis, crut devoir le faire connoître en France par une nou velle édition, à laquelle il joignit quelques fupplémens. Mais il n'eft guéres plus connu pour cela, qu'il ne l'étoit auparavant; les principes qu'on fuit dans la Philofophie, ayant fi fort changé depuis, qu'il eft tombé entierement dans l'oubli. 2. Thomas à Kempis vindicatus per unum è Canonicis Regularibus Congre gationis Gallicana. Parif. 1641. in-8°. Le P. Fronteau compofa cet Ouvrage pour rendre à Thomas à Kempis le Livre de l'Imitation, que François Val grave, Benedictin Anglois, avoit fait imprimer à Paris en 1638. fous le nom de Jean Gerfen, qu'il qualifioit Abbé de Verceil, avec des Notes Apologetiques fur le titre de ce Livre. Il en donna une feconde édition en 1649. à Paris, in-8°. dans laquelle il ajoûta la Relation de M. Nandé touchant les manufcrits de l'Imitation, |