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DES TERRES AUSTRALES

Coiffé comme les Suèves et peint de rouge et de noir comme les Aries, peuple de la Germanie.

PLANCHE HUITIÈME.

Tous les peuples sauvages offrent des rapprochemens remarquables; c'est chez eux que le philosophe peut étudier la nature humaine dans toute son ingénuité. La première pensée de l'homme sauvage dans toutes les contrées est de se munir d'armes offensives et défensives, parce que partout il est entouré d'ennemis et de rivaux. La sagaye, la framée, le bouclier se retrouvent aux îles de la mer du Sud, dans l'Amérique, dans l'Afrique, aux deux pôles, et les Romains en virent armés les peuples de la Germanie. La coquetterie chez les femmes, et le besoin de se distinguer par des tatouages et des habillemens singuliers, existent de la même manière chez toutes les nations les plus policées et chez celles qui sont encore dans l'enfance. Les dames des grandes villes de l'Europe se peignent de fard qui imite la couleur de la rose et rappelle un incarnat qu'elles ont à jamais perdu; les femmes de la Nouvelle-Hollande se barbouillent de charbon de bois brûlé, et croyent s'assurer un nouveau triomphe par ce fard inconnu aux autres peuples. On a vu en France des abbés, pour plaire et séduire, se farder de ces couleurs roses réservées au sexe féminin. Les guerriers des terres australes se barbouillent de noir et de rouge afin de répandre l'épouvante; comme les Aries, peuple de la Germanie, se frottaient le visage et le corps de couleur noire; leurs armes étaient aussi couvertes de cette couleur; ils choisissaient les nuits les plus obscures et venaient fondre à l'improviste sur leurs ennemis surpris: l'aspect affreux de cette sombre et lugubre armée frappait de ter reur. Tels apparaissent quelquefois encore, dans le nord de l'Amérique, au Canada, des hordes de sauvages qui, peints de noir et de rouge, ressemblent plus des diables qu'à des hommes, et massacrent sans pitié leurs victimes épouvantées. Voyez chap. XLIII, page 218, etc.

Le besoin de se singulariser, d'attirer l'attention, d'étonner, de mériter des suffrages, semble inné chez l'homme : ce besoin se manifeste chez l'homme sauvage plus vivement et plus simplement que chez l'homme civilisé. On ferait une longue et curieuse énumération de toutes les inventions créées par le génie humain pour défigurer les traits de la nature et se représenter autrement qu'elle ne nous a faits. Nous sommes étonnés des tatouages, des oreilles allongées, des lèvres fendues, des dents arrachées, des coiffures élevées des peuples sauvages; ils ne le seraient pas avec moins de raison de nos perruques à marteaux et à la Louis xiv, de nos talons rouges, de nos habits de mille formes et diaprés de mille couleurs, de nos bonnets de houzzards, des bonnets d'ours et des moustaches à crochets ou pendantes; et si l'on pouvait voir réunis les guerriers de la Nouvelle-Hollande, à la coiffure relevée, le corps tatoué et barbouillé, le Germain Suève, à la coiffure tressée et exhaussée sur le front, et nos guerriers ou nos petits-maîtres, il serait sans doute difficile de décider lequel est le plus extraordinaire dans son costume et le plus loin de la nature.

La chevelure est l'ornement le plus naturel de l'homme et de la femme beaucoup de peuples l'ont négligée. Les Romains coupaient leurs cheveux presque ras, et ils laissaient leurs esclaves seuls porter de longs cheveux. Beaucoup de peuples germains coupaient aussi leurs cheveux, mais les Suèves les laissaient dans toute leur longueur, les tressaient et en formaient une touffe relevée au-dessus du front; c'est ainsi qu'ils se distinguaient des autres Germains, et même de leurs esclaves. Cette longue chevelure était un insigne honneur; elle fut la prérogative du sang royal. Cette touffe de cheveux servait de diadême. Clovis est appelé le beau, le chevelu, l'illustre roi des Francs. La plus grande insulte etait ae couper les cheveux, et les rois chassés du trone perdaient à la fois leur chevelure et leur puissance royale. Cet ornement naturel pare et distingue encore les Caffres, les Canadiens et les sauvages des terres australes, dont nous avons emprunté ici une représentation au Voyage de l'illustre Perron. Voyez chap. XXXVIII,

P. 190 et suiv.

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GUERRIER DES TERRES AUSTRALES,

Coiffé comme les Sueves, et peint de rouge et de noir les Aries, peuple de la Germanie.

comme

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