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PLANCHE ONZIÈME.

Le succin est plus connu sous le nom d'ambre; ce nom lui a été donné parce que, lorsqu'il est échauffé ou approché du feu, il répand une odeur agréable. Nous devons renvoyer à la page 232 du chapitre XLV de notre traduction, pour éviter une vaine répétition; nous ajouterons seulement que les savans ne sont encore nullement d'accord sur la nature du succin; qu'il n'est pas encore décidé s'il appartient au règne végétal ou au règne minéral; que la chimie, qui a fait des progrès si remarquables, n'a pu encore le classer, et que nous ne sommes pas plus instruits sur la nature de cette production singulière, qu'aux temps de Pline et de Tacite.

Le succin avait aussi beaucoup exercé l'imagination des poètes: suivant Sophocle il était formé par les larmes des sœurs de Méléagre, métamorphosées en oiseaux ; suivant Ovide, par les larmes des sœurs de Phaéton, changées en peupliers.

La médecine lui a attribué long-temps d'admirables vertus.

Le nom de succin lui fut donné parce qu'on le considérait comme un suc végétal. Les Germains l'appelaient gless, qui signifie verre, et les Arabes l'ont nommé karabé.

Les chimistes l'ont soumis à de nombreuses expériences, et en ont extrait un acide connu sous le nom d'acide karabique.

En 1731 on découvrit une mine de succin en Saxe, à une assez grande profondeur, sous des couches de sable et de terre noire. Cette découverte porterait à le classer parmi les minéraux, mais les nombreux insectes qu'il renferme et qui se présentent encore intacts dans leurs parties les plus délicates, prouvent que le succin a été dans l'état de la plus grande liquidité avant de se durcir. Il paraît qu'on doit encore en revenir ici à l'opinion de Tacite, qui le regarde comme le produit des sucs de certains arbres placés au bord de la mer, et qui pense que ces sucs arrêtent et enferment, dans leur liquidité, des insectes ailés ou terrestres; que ces sucs tombent dans la mer ou y sont entraînés par les vents; qu'ils s'y durcissent, et sont ensuite portés vers les bords opposés où ils sont recueillis.

La mine de karabé découverte en 1731, dans la Saxe, prouverait seulement qu'à une époque très-reculée, la mer s'avançait vers ces parties du globe; que là ont été apportés par les vents une grande quantité de morceaux d'ambre, que la mer en se retirant a laissés sur ces bords, et que les attérissemens ont recouverts successivement.

La figure première représente un morceau de succin d'un jaune foncé.

La figure seconde un morceau d'un jaune plus doux
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La troisième et la quatrième diverses portions de collier et d'ornement.

Les cinquième et sixième des insectes terrestres ou aîlés renfermés dans le centre de morceaux d'ambre tirés du cabinet du Jardin du roi.

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PLANCHE DOUZIÈME.

PARMI le grand nombre de cartes qui ont été publiées sur la géographie ancienne, il n'en avait pas encore été tracé une spéciale pour l'ouvrage de Tacite sur la Germanie. Ce célèbre historien a donné avec la plus exacte précision tous les détails qu'il put alors recueillir sur les peuples qui habitaient cette contrée, et sur les limites qui les séparaient. Ses documens précieux serviront à jamais de base à tous les géographes qui voudront parler de l'ancienne Germanie. Nous avons déjà remarqué qu'il avait su saisir ces traits caractéristiques qui forment la physionomie d'un peuple, et qui se reconnaissent encore aujourd'hui. Son esprit sage a su rejeter toutes les fables admises par tant d'autres historiens de l'antiquité; il a dû comparer avec soin tous les récits que l'on faisait alors de ces contrées merveilleuses, qui étaient un nouveau monde pour les Romains, et il n'a admis que ceux que la raison et la multiplicité des rapports rendaient authentiques. J'ai reconnu la justesse de la plupart des observations de Tacite en consultant les géographes qui ont publié les notions les plus étendues sur cette partie de la géographie ancienne, et j'ai confirmé ces observations par des notes empruntées aux savans Mentelle, Barbier-du-Bocage, Letronne, Malte-Brun, Pinkerton, Joly, etc.

Le texte de Tacite et les notes qui y sont jointes ont servi de base pour la nouvelle carte de la Germanie, qui a été dressée par M. Amb. Tardieu; il s'est aidé de plus des cartes de Danville, Reichard et d'une carte nouvelle de Dufour dressée pour l'histoire de Marc-Aurèle avec beaucoup de soins et de jugement, et il n'a rien admis qu'après la critique la plus sévère et la conviction intime qu'il adoptait l'opinion la mieux fondée.

La nécessité de restreindre cette carte dans un cadre donné n'a pas empêché d'y tracer tous les lieux cités dans Tacite et dans les notes jointes au nouveau commentaire.

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