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qui quelque tems après * composa fa Table des Probabilités de la vie, en fe fervant des Regîtres Mortuaires de Breslau en Silefie. Il en déduit plufieurs ufages, entr'autres tous les différens paris qu'on peut faire fur les probabilités de la vie de quelqu'un, & la maniere de déterminer la valeur des Rentes purement viageres. Mais il n'a rien dit des Tontines, ni des Rentes qui font en partie Tontines, & en partie viageres fimples, ni de quelques autres manieres de faire des Rentes à vie. D'ailleurs fon Mémoire eft écrit en Anglois, & n'eft connu en France que de quelques Sçavans; & il eft écrit d'une maniere fi concife, que quand on le traduiroit en François, peu de gens pourroient l'entendre. Il est pourtant nécessaire à bien des perfonnes, de connoître le principe des Rentes viageres de toute efpece.

Les Ministres en ont befoin pour fçavoir ce qu'ils doivent donner aux Rentiers de chaque âge, lorfque l'Etat a befoin d'argent; & les Rentiers doivent fçavoir ce qu'on leur doit équitablement donner de rente felon leur âge.

Le Public a toujours cru que l'Etat gagnoit à faire des Rentes viageres, parce qu'on ne fait *Tranfactions Philofophiques, 1693.

jamais attention qu'à ceux qui meurent, & à ce qu'ils laiffent. D'où fuit la raison pour laquelle il y a fouvent eu des emprunts, tant en Viagers fimples qu'en Tontine, qui n'ont pas été remplis; le monde s'imaginant qu'on ne leur donnoit pas autant de rente qu'ils en devoient avoir : ce qui eft prefque toujours arrivé aux Claffes des bas âges, dont peu ont été remplies felon l'état de création, quoiqu'on leur donnât plus qu'on ne devoit ; & au contraire les Claffes des Vieillards ont toujours été remplies & au-delà, quoiqu'on ne leur ait pas toujours donné autant qu'ils

auroient dû avoir.

Ceux qui prennent des fonds pour en payer des rentes viageres, & ceux qui constituent, ne font pas les feuls qui aient befoin de connoître les probabilités de la vie. Ceux qui achetent des maisons ou d'autres biens à vie, & ceux qui les vendent, doivent partir du même principe, ainfi que ceux qui font bâtir fur le terrain d'autrui fous les mêmes conditions. Les Seigneurs & autres gens riches qui font des pensions à leurs domestiques ou à d'autres perfonnes, verront quel fonds ils leur donnent ; & pourront partir de là pour se déterminer à donner plutôt l'un que l'autre, ou d'une rente, ou d'une fomme. une fois payée. E iij

Le Docteur Hallei choifit le peuple de Breslau en Silefie pour composer fa Table des probabilités de la vie, par la raison, dit-il, qu'il fort peu de monde de cette Ville, & qu'il y vient peu d'étrangers; & ces conditions font absolument néceffaires, comme on le verra ci-après, lorsqu'on veut fe fervir des Regîtres ou Extraits mortuaires.

M. de Moivre a parlé des Rentes viageres dans fon Traité des Chances : mais il n'a fait aucune recherche fur l'ordre de mortalité du genre humain; il s'eft contenté de fuivre l'ordre établi par M. Hallei.

M. Simpson a fait imprimer à Londres en 1742, un Ouvrage fur la même matiere, c'està-dire, fur les Rentes viageres. Il rapporte une Table, dont il fe fert, faite par M. Smart pour l'ordre de mortalité des habitans de Londres, qui vivent moins, dit-il, que ceux de Breslau. Cette Table a été dressée d'après les Regîtres mortuaires de Londres, pris pendant dix ans, fans expliquer la méthode qu'on a fuivie. Il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, qu'on puisse établir un ordre de mortalité approchant du vrai, par le moyen des Regîtres d'une ville comme celle de Londres, à cause de la quantité prodigieufe d'étrangers qui vont s'y établir & mourir. Auffi

M. Simpson a-t-il jugé à propos d'y faire quelques corrections, fans trop dire comment. On verra dans la fuite par la comparaison qu'on fera de cette Table, avec quelques autres, fi on peut beaucoup y compter, malgré la correction. Voici les raifons pour lefquelles les Regîtres mortuaires des grandes Villes, ne paroiffent pas pouvoir fervir à établir un ordre de mortalité approchant du vrai.

1o. Si on ne prenoit du Regître mortuaire que ceux qui font nés dans l'endroit même, il arriveroit qu'on auroit plus de morts dans les bas âges, qu'on ne devroit en avoir à proportion de ce qu'on en auroit pour les autres âges, si les enfans étoient nourris dans l'endroit même, parce que de tout ce qui naît dans l'endroit, on a tout ce qui meurt en bas âge : au lieu que de ceux qui échappent aux mortalités de l'enfance ou du bas âge, une partie affez confidérable va mourir dans d'autres pays, ou dans les Troupes. Mais dans les grandes Villes, au moins en France, tout le menu peuple envoye les enfans en nourrice à fix lieues, huit lieues, dix lieues, &c. d'où on ne les retire qu'à l'âge de trois ou quatre ans, & alors la grande mortalité eft prefque paffée: dans ce cas-là on

n'aura pas la mortalité de l'enfance telle qu'on devroit l'avoir, à proportion de ce qu'elle fera pour les autres âges. On voit que fi on avoit égard à ceux qui meurent en nourrice, on tomberoit dans le défaut ci-deffus.

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D'ailleurs les enfans nés dans les grandes Villes, ne paroiffent pas devoir servir à regler la mortalité du genre humain ; parce qu'il meurt beaucoup plus d'enfans de ceux qui font nés dans les grandes Villes, que de ceux qui naissent dans les petites Villes, Bourgs & Campagnes: foit parce que la plupart des enfans n'y font pas nourris de leur lait naturel, comle font les enfans nés dans les campagnes : foit que les femmes qui ne nourriffent pas leurs enfans redeviennent plutôt groffes que celles qui les nourriffent, & leur tempérament n'ayant pas eu le tems de se rétablir des fatigues de la groffeffe, des couches, & des accidens caufés par le lait, les enfans s'en reffentent assez communément; & ce d'autant plus que les meres redeviennent plutôt groffes: foit que les Nourrices en général n'en ont pas autant de soin que de leurs propres enfans. Une partie de ceux qui échappent à cette mortalité occasionnée par la foibleffe de leur tempérament, ou par le man

que

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