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Trai fujet de fa lettre en continuant ainfi : AN. 429. Delà vient qu'ayant auffi trouvé en cette ville une altération confiderable de la vraye dotrine en quelques-uns, nous employons tous les jours pour les guérir la rigueur & la douceur. C'eft une maladie aprochante de celle d'Apollinaire & d'Arius. Ils réduifent l'incarnation du Seigneur à une espece de confufion, difant que le DieuVerbe confubftantiel au pere a été édifié avec fon temple, & enfeveli avec fa chair, comme s'il avoit pris fon origine de la Vierge mere de Chrift Chriftotocos; & ils difent que la même chair n'eft pas demeurée aprés la réfurrection, mais qu'elle a paflé dans la nature de la divinité. Ils ne craignent pas de nomer la Vierge Théotocos; quoi que les peres de Nicée ayent dit feulement que N.S.J.C. s'eft incarné du S. Efprit, & de la Vierge Marie fans parler des écritures, qui la noment par tout mere de Chrift & non du Dieu Verte. Je croi que vôtre fainteté aura déja apris par la renomée les combats que nous avons foutenus fur ce fujet, & qui n'ont pas été inutiles: car plufieurs fe font corrigez, & ont pris de nous, que l'enfant doit être confubftantiel à fa mere: qu'il n'y a aucun mélange du Dieu Verbe avec l'homme ; mais une union de la créature & de l'humanité du Seigneur ; jointe à Dieu, & tirée de la Vierge par le S. Elprit. Que fi quelqu'un employe le nom de Theotocos à caufe de l'humanité jointe au Verbe, & non à caufe de celle qui la enfantéc e Ous difons que ce mot ne lui convient pas, tar une vraye mere doit être de la même nature que ce qui eft né d'elle. On peut toutefois le foufrir à caufe que le temple du Verbe,inféparable de lui,eft tiré d'ellt:pon qu'elle

AN

43.0.

Calcft epift.

foit mere du Verbe ; car une perfone ne peut enfanter celui qui eft plus ancien qu'elle. Avec ad cler.c.P. cette lettre,Neftorius envoya au pape fes écrits. fur l'incarnation, foufcrits de fa main, par un homme de qualité nomé Antiochus.

VIII. Seconde

Nekorius.

Vers ce tems-là S. Cyrille écrivit fa dixlettre de S. huitième lettre pafcale pour l'année 430. où la Cyrille à pâque étoit le 4. de Pharmouthi, c'est à dire le 30. de Mars. Il y traite de l'incarnation, & réfute au long les erreurs de Neftorius. Enfuite il reçut des lettres de fes clercs réfidan's à C. P. particulierement du diacre Martyrius qui y faifoit les affaires de l'églife d'Alexandrie. Ils envoyerent à S.Cyrille la réponse que le prêtre Photius avoit faite à fa lettre aux folitaires, & quelques nouveaux fermons de Neftorius. Ils lui aprirent auffi qui étoient ceux qui répandoient contre lui des calomnies à C. P. & que les fectateurs de Neftorius parloient de paix & de reconciliation. Sur ces avis S. Cyrille écrivit une feconde lettre à Neftorius, au mois de Mechir, indiction 13. c'eft à dire vers Chale, Ad. le comencement de Fevrier 430. peut-être dans 1. p. 158. le concile qui fe tenoit, felon la coûtume, avant le Carême.

'Conc.

ap. Mer.

Garn. n.

.45.

Conc. Eph. Dans cette lettre S. Cyrille marque d'abord p.1.8. qu'il eft averti des calomnies que l'on répand contre lui, & qu'il en connoît les auteurs: mais fans s'y arrêter il vient à Neftorius, & l'exhorte comme fon frere à corriger fa doctrine, & à faire ceffer le fcandale, en s'attachant à la doArino des peres. Il entre enfuite dans l'explication du myftere de l'Incarnation, & dit, qu'il faut admettre dans le même J. C. les deux génerations, l'éternelle par laquelle il procede de fon pere, la temporelle par laquelle left né de fa mere: que quand nous difons

qu'il a foufert, & qu'il eft réfufcité, nous ne AN. 430. difons pas que le Dieu Verbe ait foufert en fa propre nature; car la divinité eft impaffible: mais parce que le corps qui lui a été propre, a foufert, on dit auffi qu'il a foufert luimême; nous difons ainfi qu'il eft mort. Le Verbe divin eft immortel de fa nature, il est la vie même : mais parce que fon propre corps foufert la mort, on dit que lui-même est mort pour nous. Ainfi fa chair étant refuscitée, on lui attribue la réfurrection. Nous ne difons pas que nous adorons l'homme avec le Verbe; de peur que le mot avec ne donne quelque idée de divifion: mais nous l'adorons comme une feule & méme perfonne; parce que le corps du Verbe ne lui eft pas étranger. Et enfuite: C'eft ainfi que les peres out ofé nomer la fainte Vierge mere de Dieu, non que la nature du Verbe,ou fa divinité ait pris de la fainte Vierge le comencement de fon être : mais parce qu'en elle a été formé & animé d'une ame raisonnable le facré corps auquel le Verbe s'eft uni felon l'hypoftafe, ce qui fait dire qu'il eft né felon la chair. Il repete plufieurs fois dans cette lettre ces mots d'union felon l'hypoftafe, & ne fe contente pas du mot grec Profoon, que nous rendons ordinairement par celui de perfonne, & qui n'étoit pas affez expreffif pour l'unité.C'eft la premiere fois que je trouve cette expreffion d'union hypoftatique; & cette lettre eft la plus celebre de celles que S. Cyrille écrivit à Neftorius.

S. Cyrille écrivit en même tems, comme IX. l'on croit, & par la même occafion, à fes clers Autres letréfidans à C.P. fur les propofitions de paix tres de S. que l'on faifoit de la part de Neftorius. J'ai Conc. Epb. li, dit-il, le memoire que vous m'avez envoïé p. 1. c. sa.

par

Cyrille.

Merc.

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AN. 430. par où j'ai vu que le prêtre Anaftafe vous a , faifant femblant de chercher la paix, & parlé, Garn. p.49. vous a dit: nôtre croyance eft conforme à ce qu'il a écrit aux folitaires.Enfuite allant à fon but, il a ajoûté : il a dit lui-même que le concile de Nicée n'a point fait de mention de ce mot de Theotocos. J'ai écrit, que le concile a bien fait de n'en point faire mention; parce qu'on ne remuoit pas alors cette question : mais il dit en effet que Marie eft mere de Dieu, puifqu'il dit que le méme qui eft engendré du pere,s'eft incarné & a foufert. Enfuite parlant d'un écrit de Neftorius: Il s'éforce, dit-il, de montrer que c'eft le corps qui a foufert, & non pas le Dieu verbe, comme fi quelqu'un difoit, que le Verbe impaffible, eft paffible. Il n'y a perfone fiinfenfe. Son corps ayant foufert, on dit qu'il a foufert lui-même comme on die que l'ame de l'homme foufre, quand fon corps foufre, quoiqu'elle ne foufre point en fa propre nature. Mais leur but eft de dire, deux Chrifts & deux fils; l'un proprement homme, l'autre proprement Dieu, & de faire feule ment une union de perfonnes, Profopon, & c'eft pour cela qu'ils chicanent.

:

Il raporte enfuite ce que difoit Neftorius ;. qu'il ne trouvoit pas fon peuple inftruit, & que c'étoit la faute de fes prédeceffeurs. Quoi donc, dit S. Cyrille, eft-il plus éloquent que Jean, ou plus habile que le bienheureux Atticus? Que n'avoue-t-il plûtôt franchement qu'il introduit une doctrine nouvelle ? Si l'on m'accufe, ajoûte-t-il ; je ne refuferai pas de faire un voyage, & de me défendre dans un concile mais qu'il ne s'attende à être mon juge je le recuferai, & s'il plaît à Dieu,il aura lui-même à se défendre des blafphêmes. Il

:

pas

fe

fe plaint que le mot de Theotocos eft extraordi- AN. 430. naire, & que ni l'écriture, ni le concile ne l'a employé, mais où a-t-il trouvé dans l'écriture les mots de Chriftotocos, ou de Theorocos. Enfin, dit-il, quelque ofenfé que je fois, dites leur que la paix fera faite, quand il ceffera d'enfeigner Garn.p. 1a. ainfi, & qu'il profeffera la vraye foi. S'il dé- n. 20. 21. fire la paix ; qu'il écrive une confeffion de foi catholique & fincere, & qu'il l'envoye à Alexandrie, j'écrirai de mon côté, qu'il ne faut point fatiguer nos confreres les éveques, parce que nous favons que fes paroles ont un toa fens. Mais s'il demeure dans fa préfumption, il ne nous refte que de nous y opofer de toutes nos forces.

J'ai lu la requête que vous m'avez envoyée rd. p.ss. comme devant être préfentée à l'empereur ; mais parce qu'elle est pleine d'invectives contre notre frere; je l'ai`retenuë, & j'en ai dicté une autre, où je le recufe pour juge, & je demande que cette caufe foit portée à un autre tribunal: vous la préfenterez, s'il eft befoin. Si Vous voyez qu'il continue à m'attaquer, écri vez-le moi foigneufement, & je choifirai des hommes fages & pieux, des évêques, & des moines, pour envoyer à la première occafion. Agiffez donc vigoureufement; car je vais écrire ce qu'il faut, & à qui il faut : je fuis réfolu de ne me point doner de repos, & de tout foufrir pour la foi de J. C.

S. Cyrille écrivit en effet plufieurs autres . p. com. lettres fur ce fujet. Il y en a une à un ami co-ph.c. 11. mun de lui & de Neftorius, que l'on croit être Acace de Melitine, où il parle ainfi : S'il ne s'agiffoit que de la perte de mon bien, pour faire ceffer le chagrin de mon frere, j'aurois monué que rien ne m'eft plus précieux que la cha

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