Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 430. rité: mais puifqu'il s'agit de la foi, & que tou tes les églifes ont été fcandalifées : que pou vons-nous faire, nous à qui Dieu a confié la prédication de ses myfteres, & fur qui feront jugez ceux que nous aurons inftruits? Car ils diront au jour du jugement, qu'ils ont gardé la foi telle qu'ils l'ont reçûe de nous. Chacun des laïques rendra compte de fa vie : nous rendrons compte de tous ceux qui croyent en J.C. Je ne fais point d'état des injures & des ca lomnies. Je les oublie volontiers, Dicu en fera juftice; fauvons feulement la foi ; & je ne cederai à perfone en amitié pour Neftorius. Je le dis devant Dieu, je fouhaite qu'il foit plein de gloire en J.C.qu'il efface les taches du paffé, & qu'il montre que ce n'étoit que calomnie: si'l nous eft ordonné d'aimer nos ennemis combien plus devons-nous aimer nos freres & collegues? Mais fi quelqu'un trahit la foi,nous fommes bien réfolus de ne point trahir nos ames, quand il nous en devroit coûter la vie ; autrement de quel front oferions-nous faire devant le peuple les éloges des Martyrs?

[ocr errors]

lettre de

Merc.

Neftorius ayant reçû la feconde lettre de S. Seconde Cyrille, y répondit plus amplement, mais auffi Neftorius plus aigrement. II l'exhorte à lire avec plus à S.Cyrille: d'application les écrits des anciens, & l'accufe Conc. Eph. d'avoir dit que le Verbe divin fût paffible,quoi1.1.9. que S. Cyrille l'eût nié formellement. Il femble admettre l'unité de perfones en difant, que le nom de Chrift fignifie la fubftance impaffible, en une perfone finguliere & paffible en monadicô profópo, & que les deux natures font liées en une perfone, eis henós profópou fynáphpeian. Mais par ces mots il n'entendoit, comme il fait voir ailleurs, qu'une union de volonté & de dignité, forte que le Dieu & l'homme fiflent un mê

Garn.p.57.

me perfonnage, une union morale & non pas AN. 430, une union réelle. C'est pourquoi il n'ufe pas du mot d'hypotafe; mais de profoton, qui en grec fignifie moins qu'en latîn, celui de perfone: il employe auffi le mot de fynapheia, connexion : & non celui de henofis, union. Il foûtient que la fainte Vierge ne doit être apelée que mere de Chrift Chriftotocos, & non pas mere de Dieu, Theotocos: parce qu'encore que le corps de J. C. foit le temple de la divinité ; on ne peut attribuer à la divinité les propriétez de la chair, comme d'être né, d'avoir foufert, d'être mort, fans tomber dans les erreurs des payens, d'Apollinaire,d'Arius & des autres héretiques. En quoi il impofe continuellement àS. Cyrille, lui faifant dire que la divinité étoit née de Marie, ou étoit morte; au lieu qu'il difoit que le Verbe divin eft né & mortfelon l'humanité qu'il a prife.

a

1. 167

Je vous fai bon gré, ajoûte-t-il, du foin que vous prenez de ceux qui font fcandalifez chés nous: mais fachez que Vous êtes trompé par ceux que le S. concile à dépofez ici comme Manichéens,& par vos propres clercs; car pour ce qui regarde nôtre églife, elle profite de jour en jour, le peuple avance dans la conoiffance de Dieu; la maifon royale eft dans une extrême joye, de ce que la doctrine eft éclaircie, & que la foi catholiqueprévaut fur toutes les héréfics. Le concile dont parle ici Neftorius, paroît avoir été tenu à C. P. en 429. Les Manichéens prétendus, que l'on y avoit condamnez, étoient v. Garner. peut-être Mercator& les autres catholiques ze- not. hic. lez contre les Pelagiens. Car fur la remontrance de Mercator, Celeftius, Julien, & les Felagiens furent chaffez de C. P. & nous avons Encore une lettre de consolation écrite par Ne

autres

[ocr errors]

Commonit.

tit.

AN. 430. ftorius à Celeftius.Or le reproche ordinaire des ap Garn. Pelagiens contre les catholiques, étoit de les pag.71. accufer de Maniche ïfme. C'eft aparemment à Commonit. ce concile que fut apellé le prêtre Philippe de Poffid. C. P. un de ceux qui avoit été proposé pour en

Cyr. ad

être évêque. Comme il reprenoit les erreurs de Neftorius, & ne vouloit plus comuniquer avec lui, il le fit accufer par Čeleftius d'etre Manichéen. Enfuite il l'apella au concile : Philippe y vint prêt à fe défendre, mais Celeftius n'y comparut point. Neftorius prit donc un autre prétexte pour le condamner: qui étoit d'avoir tenu des affemblées particulieres, & celebré l'oblation dans fa maison, quoi que prefque tout le clergé témoignât qu'ils en ufoient ainfi dans les occafions. On attribue avec vraifemblance à ce même concile un canon fauffement attribué au concile d'Ephese qui porte Anathème à qui dira que l'ame d'Adam part.p.63. mourut par le peché, puifque le diable n'entre point dans le cœur de l'homme. Ce canon étoit Pelagien.

Greg. lib. VI. epift.

31. v.

Garn. 2.

XI.

aux prin

P. I. conc.

S. Cyrille voyant par la lettre de Neftorius S.Cyrille é outre ce qu'il en pouvoit favoir d'ailleurs,qu'il crit à l'em- étoit apuyé de la cour, & que fon herefie faipereur & foit progrès à C. P. écrivit à l'empereur Theocefies. dofe & aux princeffes fes fœurs, de grandes lettres ; ou plutôt des traitez fur la foi. Dans celui qu'il adreffa à l'empereur il marque les Eph. c. 3. diverfes hérefies contre l'incarnation: de Manés, de Cerinte, de Photin, d'Apollinaire, & enfin de Neftorius; mais fans nomer personne ; il refute chacune de ces hérefies, & s'arrêtant fur Apollinaire, il marque qu'il nioit en J. C. l'ame raisonable: craignant de le divifer en deux, s'il y reconnoiffoit la nature humaine #25. &c. toute entiere. Enfin il refute amplement Ne

#.7.8.&c.

8. 17.

fto

n. 36.

forius, par les mêmes preuves qu'il avoit en- AN. 439. voyées dans la lettre aux folitaires, y en ajoûtant quelques autres. Il infifte fur ces paroles du Père éternel: Celui-ci est mon fils bien-aimé.Remarquez, dit S. Cyrille, qu'il ne dit pas : Matth. En celui-ci est mon fils, afin que l'on entende XVI. 5. que ce n'eft qu'un. Il infifte aussi sur l'Eucha~ *. 38. riftie, & dit: J. C. nous done la vie comme Dieu, non feulement par la participation du S. Efprit, mais en nous donant sa chair à manger. Il s'étend encore plus dans le traité adreslé aux princeffes fœurs de l'empereur, c'est

| à dire Pulcherie, Arcadie, & Marine, toutes p. 1. coned trois vierges confacrées à Dieu. Il y raporte Eph. c. 4. les paffages de plufieurs peres, pour montrer ”. 10. 9. qu'ils ont ufé du mot de Theotoros, & reconu f'unité de J. C. favoir S. Athanase, Atticus de C.P. Anthiochus de Phenicie, Amphiloque, Ammon d'Andrinople, S. Jean Chryfoftome, Severien de Gabales, Vital, Theophile d'Alexandric. Il eft remarquable qu'il cite S. Chryfoftome, aprés tout ce qui s'étoit pafflé. En- 13 fuite il raporte plufieurs paffages choifis du Rouveau Teftament, pour prouver la divinité de J. C. & l'union du Verbe avec l'humanité.S. Cyrille conoiffoit le grand efprit, & la haute pieté de ces princeffes, particulierement de fainte Pulcherie: c'eft pourquoi il prenoit soin de les inftruire à fonds fur cette matiere, Il écrivit auffi au pape S. Celestin une lettre il lui rend compte de tout ce qui s'étoit S.Cyrille é paffé, de fa lettre aux folitaires, de fes deux crit au palettres à Neftorius, & de la neceffité qui l'a- 1. p. cone. voit engagé à s'opofer à lui. Il déclare qu'il Eph. c. 14. a'a encore écrit de cette affaire à aucun aune évêque, & marque ainfi l'état de C. P. Maintenant les peuples ne s'aflemblent point

XIT.

pe, &c.

24

lui

AN. 430. avec lui,c'eft à dire,avec Neftorius,fi non quel que peu des plus legers&de fes flateurs: prefque tous les monafteres & leurs archimandrites, & plufieurs du Sénat ne vont point aux affemblées, craignant de bleffer la foi, & enfuite : Votre fainteté doit favoir que tous les évéques d'Orient font d'accord avec nous, que tous font choqués & afligez principalement les évêques de Macedoine. Et enfuite: Je n'ai pas voulu rompre ouvertement la comunion avec de de avant que tout ceci. part vous avoir doné Ayez donc la bonté de déclarer vôtre fentiment s'il faut encore comuniquer avec lui, ou lui dénoncer nettement que tout le monde l'abandonera, s'il perfifte dans ces opinions. Vôtre avis fur ce fujet doit être déclaré par écrit aux évêques de Macedoine & d'Orient. Et afin de mieux inftruire vôtre fainteté de fes fentimens & de ceux des peres : j'envoye les livres, où les paffages font marquez, & je Baluz.nov. les ai fait traduire comme on a pû à Alexanll. p.308. drie. Je vous envoye auffi les lettres que j'ai écrites. Cette lettre au pape fut portée par le diacre Poffidonius, qui fut auffi chargé d'une inftruction contenant en abregé la doctrine de Neftorius, & la maniere dont il avoit dépofé le prêtre Philippe.

Sup. liv.

XVIII. n.

S. Cyrille écrivit en même tems à Acace de Berée, un des plus anciens & des plus illuftres évêques de Syrie, ordonné par S. Eusebe de Samofate environ cinquante ans aupara vant. S. Cyrille lui témoigne combien il est afligé de ce fcandale, infiftant principalement fur l'anathême prononcé par Dorothée contre ceux qui nomeroient la Vierge mere de Dieu & fur ce que plufieurs nioient ouIbid. 23. veftement la divinité de J. C. Acace dans fa

46. IP
Conc. Eph.

c: 22,

« AnteriorContinuar »