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ane vallée, fur le paffage des ennemis, qui An. 430, s'attendoient à les furprendre, S. Germain avertit les fiens de faire tous le même cri dont il duneroit le fignal.Il cria trois fois Alleluia: toute l'armé fit à même tems le même cri, qui étant multiplié par les échos des monta gnes, fit un bruit fi terrible, que les barbares en furent épouvantez. Ils jetterent leurs ar mes, s'enfuirent en confusion, abandonerent leur bagage, & plufieurs fe noyerent en paffant une riviere. Ainfi les faints évêques ayant délivré la Bretagne des Pelagiens & des Saxons, repafferent en Gaule, & retournerent chez eux. Pour affûrer encore plus la religion dans cette Iile, le pape S. Celeftin y renvoya le diacre Pallade, qu'il avoit ordoné évéque pour les Scots ou Ecoffois ; & ce fut le premier évêque de cette nation, qui jufques-là Profp. 1. avoit été trés-barbare. S. Jerôme témoigue conc. coll. 6, qu'ils n'avoient point de mariages reglez, & 41. qu'ils mangeoient la chair humaine, jusques Hier. ep 83. a couper les mammelles des femmes, & les ad Ocean. autres partie charnues de ceux qu'ils trou- 2. in Jovoient à l'écart. S. Pallade fut envoyé évêque en écoffe fous le Confulat de Baffus, & d'An- Profp. chr. tiochus : c'eft à dire l'an 431.

vin.c.

Lettre de

S. Cyrille ayant reçu par le diacre Poffido- XIX. nius les lettres du pape S. Celeftin, les envoya à ceux à qui elles étoient adreffées, & Jean d'Anaccompagna de fes lettres celles qui étoient rioche à Pour Jean d'Antioche, & pour Juvenal de Je- Neftorius. rufalem, qui avoit fuccedé à Prayle, depuis trois ou quatre ans. Il exhorte Jean à fe déterminer; déclarant que pour lui, il est réfolu de fuivre le jugement du pape & des évêques d'Occident, pour conferver leur comunion. Il dit à Juvenal qu'il faut écrire à l'em

p. conc. Eph.c..2

C. 24a

pe

AN. 430. pereur ; afin qu'il prenne l'interêt de la religion, & délivre l'églife de ce faux pasteur. I marque à l'un & à l'autre, qu'il a fait fon poffible , pour ramener Neftorius à la raison. Jean d'Antioche étoit ami de Neftorius, qui avoit été tiré de fon clergé. Ainfi fur la lettre de S. Cyrille, il lui écrivit, lui en envoyant la copie, & de celle du pape S. Celeftin. Je vous exhorte, dit-il, à les lire de telle forte qu'il ne s'éleve aucun trouble dans vô1p. com. tre efprit: puifque c'eft de-là que viennent ph. c. 15. fouvent les difputes, & l'opiniâtreté pernicieufe: Mais auffi, dit-il, ne méprifez pas cette affaire; car le démon fait pouffer fi loint par l'orgueil celles qui ne font pas bonnes, qu'il n'y a plus de remede. Lifez ces lettres avec aplication, & apellez à cet examen quelques-uns de vos amis, à qui vous laiffiez la liberté de vous doner des confeils utiles plûtôt qu'agréables. Encore que le terme de dix jours marqué par la lettre du trés-faint évêque Celeftin, foit trés-court, vous pouvez faire la chofe en un jour, méme en peu d'heures Car il cft facile en parlant de l'incarnation de notre Seigneur, de fe fervir d'un terine convenable, ufité pa plufieurs des peres, & qui exprime véritablement fa naiffance de la Vierge. Vous ne devez ni rejetter ce terme comme dangereux, ni penfer qu'il ne faut pas vous dédire.. Si vous êtes dans les mêmes fentimens que les peres & les docteurs de l'églife, comme nous avons apris par plufeurs amis comuns; quelle peine avez-vous à déclarer vôtre faine doctrine, principalement dans ce grand trouble, qui s'est élevé à vô

e fujer? Car fachez que cette queftion eft agitée auprés & au lain: toute l'église en eft

émûë, & par tout les fidéles en font tous les AN. 430. jours aux mains. Vous le verrez clairement par la chofe même. L'Occident, l'Egypte, & peut-être la Macedoine, ont réfolu de rompre l'union que Dieu a accordée à fon églife par les travaux de tant d'évéques, & principalement du grand Acace. I entend Acace de Berée, & parle de l'union qui finit le fchif me d'Antioche du tems de l'évêque Alexandre, & du pape S. innocent.

Il continue à exhorter fortement Nestorius d'employer le mot de mere de Dieu Theo

tocos puifqu'aucun des docteurs de l'église ne l'a jamais rejetté, & que plufieurs s'en font fervi, fans être repris par ceux qui ne s'en fervoient pas. Il montre que l'on ne peut rejetter la fignification de ce mot, fans tomber dans des erreurs dangereufes; puifqu'il s'enfuivra, contre l'autorité manifefte de l'écriture; que ce n'eft pas Dieu qui s'eft incarné & anéanti, en prenant la forme d'esclave. Il ajoûte: Si avant ces lettres plufieurs étoient

fi

emportez contre nous, que ne feront - ils point maintenant qu'elles leur donnent une fi grande autorité? Je vous écris ceci, non pas feul, mais avec plufieurs évêques de vos amis, qui fe font trouvez préfens, quand on m'a rendu ces malheureufes lettres : favoir, Archelaus, Apringius, Theodoret, Heliade, Melece,& Macaire, qui vient d'ètre ordoné êvêque de Laodicée. Il ne marque le fige que de celui-ci, parce que Neftorius conoiffoit les autres. Jean d'Antioche écrivit en même tems au comte Irenée ami comun, & aux évêques Mufée & Helladius.

Sup lir XXI n 7.

XX.

Neftorius ayant vâ toutes ces lettres, re- Réponse de pondit à Jean d'une maniere honête; mais Neftorius.

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Synodic.
Balu ad

coll. Chr.

Lup. c. 3•

AN. 430. au fonds, il demeura toûjours opiniâtre dans fon erreur. J'aurois cru, dit-il, être expofé à toute autre calomnie, que d'errer contre la foi moi, qui ai tant combattu jufques à prefent contre tous les héretiques: & enfuite: J'ai trouvé ici l'églife divifée : les uns apelfoient la fainte Vierge feulement mere de Dieu Theotocos, les autres feulement d'un home Antropotocos pour les réünir, je l'ai nomée mere de Chrift, Chriftotocos nom qui fignifie clairement Fun & Pautre, le Dieu & Phomme. Soyez donc en repos fur cette affaire ; & perfuadé que j'ai toûjours les mêmes fentimens fur la vraye foi. Si nous nous voyons dans le concile que nous efperons avoir, nous reglerons toutes chofes fans fcandale, & avec union. Vour devez vous étoner moins que perfone de la préfomption ordinaire de l'Egyptien, dont vous avez tant d'exemples. Bientôt, s'il plaît à Dieu, on louera notre conduite. Telle fut la réponse de Nefto

XXI.

Cy ille à

Neltorius.

rius.

Cependant S. Cyrille, en execution de la Derniere comiffion du pape affembla un concile à Alebettie de S. xandrie peut-etre le concile ordinaire du mois d'octobre, de tous les évêques de la province d'Egypte, & au nom de ce concile il écri vit à Neftorius une lettre fynodale, pour fervir de troifiéme & derniere monition: lui déclarant que, fi dans le terme marqué par le pape, c'est à dire, dans dix jours aprés la réception de cette lettre, il ne renonce à fes er. conc. reurs, ils ne veulent plus avoir de comunion Eph. c. 26. avec lui, & ne le tiendront plus pour évêque ; & que deflors ils comuniquent avec tous les clercs & les laïques qu'il a dépofez ou excomuniez. Au refte, ajoûtent-ils, il ne fu

Ara pas que vous profeffiez le fymbole de Ni- AN. 430. cées car vous favez y doner des interprétations violentes : il faut confeffer par écrit & vec ferment, que vous anathématisez vos dogmes impies, & que vous croirez & enfeignerez ce que nous croyons tous, nous & tous les évéques d'Occident & d'Orient, & tous ceux qui conduisent les peuples. Car le S. concile de Rome, & nous tous fommes convenus que les lettres qui vous ont été écrites par Féglife d'Alexandrie, font orthodoxes, & fans erreur.

La lettre fynodale contient enfuite la profeffion de foi. Premierement, le fymbole de Nicée, puis une explication ample & exacte du mystère de l'incarcation, conforme à ce que S. Cyrille en avoit déja dit dans fes autres lettres. Il y répond aux principales objections de Neftorius, & tire un argument de l'eucharistie en ces termes : Nous anonçons la mort de J. C. & nous confeflons fa réfurrection, & fon afcenfion, en célebrant dans les églifes le facrifice non fanglant. Ainfi nous nous aprochons des eulogies myftiques, & nous fommes fanctifiez, participant à la chair facrée & au précieux fang de N. S. J. C. & nous ne la recevons pas comme une chair comune, à Dieu ne plaife, ni comme la chair d'un homme fan&ifié & conjoint au Verbe par une union de dignité, ou en qui la divinité ait habité: mais comme vravment vivifiante & propre au Verbe. Car lui qui est vie de fa nature tomme Dieu, étant devenu un avec sa chair, il l'a renduë vivifian-` te: autrement, comment la chair d'un homme feroit-elle vivifiante de fa nature? Cette lettre finit par douze anathêmes, qui en ren

fer

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