évêques des diocefes d'Orient, de Pont, d'A- AN. 451. fie & de Thrace. A la droite étoient affis Diofcore d'Alexandrie, Juvenal de Jerufalem, Quintillus d'Heraclée en Macedoine, tenant la place d'Anastase de Theffalonique, Pierre de Corinthe, & les autres évêques des diocefes d'Egypte & d'Illyrie, avec ceux de Palestine ainfi tout le parti de Diofcore étoit de ce côté, qui étoit le moins honorable: l'évangile étoit au milieu. il II. acculé. L'évêque Pafcafin légat du pape parla le premier, & s'adreffant aux magiftrats, Diofcore dit: Nous avons des ordres du bienheureux évêque de Rome, chef de toutes les églifes, portant que Diofcore ne doit point s'affeoir dans le concile: donc s'il plaît à vôtre grandeur, qu'il forte, ou nous fortons. Pafcafin parla ainfi en latin, & fon difcours fut expliqué en Grec, par Beronicien fecretaire du confiftoire de l'empereur. Les magiftrats & les fenateurs dirent: Quelle plainte particuliere y a-t-il, contre le reverendiffime évêque Diofcore? Lucentius l'autre évêque légat dit Il doit rendre raifon de fon jugement car il a ufurpé l'autorité de juge, & ofé tenir un concile, fans l'autorité du S. fiége: ce qui ne s'eft jamais fait, & n'est pas permis. Pafcafin ajoûta: Nous ne pouvons contrevenir aux ordres du pape, ni aux canons de l'églife. Diofcore quitta donc fa place par ordre des magiftrats, & s'aflit au milieu de l'affemblée. Alors Eufebe évêque de Dorylée s'avança au milieu, & dit: Je vous conjure par la vie des maîtres du monde: faites lire ma requête. J'ai été maltraité par Diofcore, la foi a été bleffée, l'évéque Flavien a (ré tué: il AN. 451. nous a dépofez enfemble injuftement: faites lire ma requête. Les Magiftrats l'ordonerent, & firent affeoir Eufebe au milieu avec Diofcore. Le fecretaire Beronicien lut la requête adreffée à l'empereur Marcien par Eufebe tant pour lui, que pour la foi catholique, & pour la mémoire de Flavien. Elle chargeoit Diofcore d'avoir violé la foi , pour établir l'hérefie d'Eutychés, & d'avoir condamné Eufebe injuftement : & pour le faire voir, il demandoit la lecture des actes du faux con.98. D. cile d'Ephese. Les magiftrats ayant ordoné à Diofcore de fe défendre, il demanda auffi la lecture des actes; mais quand les magiftrats l'eurent ordoné, il changea d'avis, & demanda que l'on traitât premierement la queftion de la foi. Les magiftrats dirent: Il faut auparavant que vous répondiez à l'accufation. Souffrez donc que l'on faffe la lecture des actes, que vous avez demandée vousmême. Conftantin fecretaire du confiftoire comença la lecture par la lettre de Theodofe le jeune à Diofcore, pour la convocation du concile d'Ephefe. Comme elle portoit nomép. 102. B. ment défenfe à Theodoret d'y affifter; to 39. Sup. liv. XXVII. . 34. III. Theodoret admis au Concile. les magiftrets dirent: Que le reverendiffime évêque Theodoret entre auffi, pour avoir part au concile puifque le trés-faint archevêque Leon l'a rétabli dans Pépifcopat, & que le trés-pieux empereur a ordoné, qu'il assisteroit au faint concile. Theodoret entra donc : mais fi-tôt qu'il parut, les évêques d'Egypte, d'Illyrie & de Palestine, s'écrierent: Mifericorde: la foi eft perdue: les canons le chaffent: mettez-le dehors. Les évêques d'Orient, de Pont, d'ALe & de Thrace s'écrierent > au contraire: Nous Nous avons foufcrit en blanc on nous a fait AN. 451. foufcrire à coups de bâton chaffez les Manichéens: chaffez les ennemis de Flavien : chaffez les ennemis de la foi. Diofcore dit: pourquoi chaffe-t-on Cyrille, que celui-ci a anathématifé? Il vouloit dire, qu'en recevant Theodoret, on condamnoit la mémoi re de S. Cyrille. Les Orientaux & ceux de leur côtez s'écrierent: Chaffez le meurtrier Diofcore: qui ne fait les actions de Diofcore? les Egyptiens crierent: L'imperatrice a chaffé Neftorius: longues années à la princeffe orthodoxe: le concile ne reçoit point Theodoret voulant dire, qu'il étoit Neftorien. Theodoret s'avança au milieu, & dit: J'ai préfenté requête à l'empereur : j'ai expofé les cruautez que j'ai fouffertes: je demande qu'on l'examine. Les magiftrats dirent: L'évêque Theodoret ayant reçu fon rang de l'archevêque de Rome, eft entré maintenant en qualité d'accufateur: fouffrez donc, pour ne pas faire de confufion, que l'on acheve ce qui a été comencé. La préfence de Theodoret ne portera préjudice à perfone: tous les droits, que vous pourriez avoir contre lui, & lui contre vous feront confervez; vû principalement que lé'vêque d'Antioche rend témoignage, qu'il eft orthodoxe. Ils firent donc affeoir Theodoret au milieu, comme Eufebe de Dorylée. Alors les Orientaux s'écrierent: Il en eft digne les Egyptiens crierent: Ne le nomez pas évêque, il n'eft pas évêque : chaffez l'ennemi de Dieu chaffez le Juif. Les Orientaux crierent L'orthodoxe dans le concile, chaffez les féditieux, chaffez les meurtriers. p. 103. 8. O&ob. AN. 451. Ils continuerent quelque tems à crier ainfi de part & d'autre enfin les magistrats dirent : Ces cris populaires ne convienent point à des évêques, & ne fervent de rien aux parties foufrez donc que l'on fasse la lecture de tout. Les Egyptiens crierent: Chaffez ce feul homme, & nous écoutons tous: nous crions pour la foi catholique. Les magiftrats dirent: Ecoutez plutôt, & permettez qu'on life tout par ordre. IV. Plaintes contre Diofcore. p. 111. Les fecretaires Conftantin & Beronicien continuerent de lire les lettres, concernant la convocation du concile d'Ephefe, & Beronicien ayant dit, que l'empereur Theodofe avoit écrit à Juvenal de Jerufalem, comme à Diofcore d'Alexandrie, Diofcore dit : Vous voyez, que ce n'eft pas à moi feul, que l'empereur a commis ce jugement: il a doné auffi à l'évêque Juvenal, & à l'évêque Thalaffius l'autorité dans le concile. Nous avons jugé ce qui eft jugé & tout le concile l'a aprouvé de vive voix & par écrit. On en a fait le raport à l'empereur Theodose d'heureufe mémoire ; & il l'a confirmé par une loi generale. : Alors les Orientaux s'écrierent: Perfone n'y a confenti: on nous a forcez on nous a frapez. Nous avons foufcrit un papier blanc. On nous a menacez d'exil: des foldats nous ont preffez avec des bâtons & des épées: Quel concile avec des épées & des bâtons? Diofcore avoit pris exprés les fol. dats. Chaffez le meurtrier. Les foldats out dépofé Flavien. Les Egyptiens crierent: Ils ont foufcrit les premiers. Pourquoi laisse-ton crier des clercs? mettez dehors les gens inutiles que ceux qui ont foufcrit s'avan avez à reçu Tent. Nous avons foufcrit aprés vous. AN. 451, Etienne évêque d'Ephefe dit : Quand j'eus reçu ma communion l'évêque Eufebe, & quelques autres, comme Elpide, Euloge: les foldats & les moines d'Eutychés vinrent à l'évêché, au nombre d'environ trois cent perfones, & me vouloient tuer, en difant : Vous les ennemis de l'empereur, vous êtes fon ennemi. Je leur dis: J'exerce l'hofpitalité ; je ne prens point de part à l'affaire je n'ai pu refufer la communion à ceux qui n'en font point exclus. Ainfi tout s'eft paffé par force & par violence. Les magiftrats dirent: Diofcore vous a-t-il fait violence? Etienne évêque d'Ephefe répondit: On ne m'a pas laif- p. 14. fe fortir de l'églife, que je n'euffe foufcrit à la fentence de Diofcore, de Juvenal, de Thalaffius, & des autres évêques à qui les lettres de l'empereur étoient adreffées. Thalaffius évêque de Cefarée dit: Il eft vrai que j'ai été compris dant la lettre de l'empereur, je ne ne fai comment: toutefois quand on a fait quelque chofe ; j'ai voulu l'empêcher & faire furfeoir : j'en ai des témoins. Theodore évêque de Claudiopolis en Ifaurie, dit: Diofcore, Juvenal, & tous ceux qui ont foufcrit les premiers, qui avoient commiffion de l'empereur, pour décider de la foi, aprés avoir malicieufement concerté entre eux nous ont engagez à juger nous qui étions affis fimplement fans conoiffance de l'affaire. On lifoit les actes: on louoit Flavien d'heureuse mémoire nous ne difions mot, trouvant que la chofe alloit bien. Aprés cela, pour nous épouvanter, ils s'écrierent: Coupez en deux ceux qui parlent de deux natures: divifez ceux qui divifent : ô , |