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P. 416.

AN. 452. puter fur la foi, voici qui vous répondra, car je n'ai pas le loifir de vous entendre. Ainfi Theodofe s'en alla confus. Enfuite quand il eut ufurpé le fiege de Jerufalem, il envoya querir l'abbé Gelafe, & ufant de careffes & de menaces, il le fit entrer dans le fanctuaire, & lui dit, Anathématisez Juvenal. Gelafe lui dit fans s'étoner: Je ne conois point d'autre évêque de Jerufalem que Juvenal. Theodofe craignant que fon exem ple n'en attirât d'autres, le fit chaffer de l'églife. Les fchifmatiques le prirent, & mirent du bois au tour de lui, menaçant de le brûler mais quand il virent qu'il ne s'étonoit point, ils craignirent le foulevement du peuple, à caufe de fa grande réputation,

Ibid. p.410.

:

& le laifferent aller.

On conoît le défintereffement de l'abbé Gelafe par cer exemple. Il avoit un livre écrit en parchemin, "contenant l'ancien & le nouveau teftament, qui valoit dix-huit fols d'or,c'eft à dire 144. livres. Il l'avoit mis dans l'églife, afin que tous les freres le puffent lire. Un moine étranger le déroba, & le faint vieillard ne le pourfuivit point, quoiqu'il s'en fut aperçu. L'autre étant allé dans la ville, chercha à le vendre, & en demanda feize fols d'or. Celui qui vouloit l'acheter, lui demanda permiffion de l'examiner, & le porta pour cet effet à l'abbé Gelafe, qui lui dit: Achetez-le, il eft beau, & vaut bien ce prix. L'acheteur dit au vendeur: Je l'ai montré à l'abbé Gelafe, & il m'a dit que c'est trop cher, & qu'il ne vaut pas le prix que vous dites. Le vendeur lui dit: Ne vous a-t-il rien dit de plus? Non, répondit l'autre. Alors il répondit: Je ne le veux plus vendre ; & tou

ché

ché de repentir, il vint trouver Gelafe; & AN. 452. lui voulut rendre fon livre; mais il refufa de le reprendre. Le moine lui dit: Si vous ne le reprenez, je n'aurai point de repos. Il le reprit donc ; & le moine étranger converti par cette action, demeura avec lui jufqu'à fa mort.

rête Attila.

, 1. an. 412.

Chr Caffiod.

cod. an.

L'Occident cependant étoit troublé par XXXIX. les ravages d'Attila, qui ayant réparé fes S. Leon arpertes de l'année précedente, entra en Ita- Chr. Prof. lie par la Pannonie, & courut librement plu- Duchefn to. fieurs provinces. On craignoit pour Rome & il penfoit à l'attaquer mais les fiens l'en détournerent par l'exemple d'Alaric, qui n'avoit pas vécu long-tems aprés l'avoir pillée. L'empereur Valentinien & Aëtius même fongeoient à abandoner l'Italie; mais auparavant, on jugea à propos de tenter des propofitions de paix. On envoya à Attila le pape S. Leon avec Avenius confulaire, & Trygetius, qui avoit été préfet: Ils le trouverent dans la Venerie, en un lieu nomé Ambuleium au paffage du Menzo. Outre la ré- fornand p. putation de fes cruautez, fa figure feule 475. c. 42. étoit terrible. Il étoit de petite taille, mais Id. p. 471. il avoit la démarche fiere, la poitrine large, la tête groffe, les yeux petits, vifs, & toujours en mouvement, le nez plat, la barbe claire, les cheveux gris, le teint brun: marquant fon origine, & tel que font encore les Tartares. Quoiqu'il fût fort brave, il combattoir plus de la têre, que de la main : étant trés-habile pour les confeils. Il fe laiffoit Aléchir à ceux qui fe foumettoient ; & traitoit bien ceux à qui il avoit une fois doné fa parole. Comme il héfitoit s'il iroit à Rome cette ambaffade le détermina. Il eut tant de

joye

AN. 452. joye d'avoir vû S. Leon, qu'il écouta fave rablement fes propofitions: il arrêta les actes d'hoftilité, & fe retira au de-là du Danube, avec promeffe de faire la paix.

Novel. Va

L'empereur Valentinien étoit à Rome, où il lent tit. 12. fit une loi le dix-feptiéme des calendes de Mai, fous le confulat d'Herculan, c'est à dire le quinziéme d'Avril de cette année 452. qui reftraint la jurisdiction ecclefiaftique, & fes privileges des clercs. Elle porte, que l'on fe plaint fouvent des jugemens des évêques; & pour y remedier, elle déclare que l'évêque n'a pouvoir de juger, même les clercs, que de leur confentement, & en vertu d'un compromis. Parce qu'il eft certain que les évêques & les prêtres n'ont point de tribunal par les loix, & ne peuvent conoître que des caufes de religion, fuivant les ordonances d'Arcade & d'Honorius, inferées dans le Code Theodofien. Les clercs font obligez à répondre devant les juges, foit pour le civil, foit pour le criminel: feulement les évêques & les prêtres auront le privilege de fe défendre par procureur en matiere criminelle. Aucun efclave, ou ferf, de quelque qualité que ce foit, ne pourra embraffer la clericature, ou la vie monaftique, pour s'exempter des charges de fa condition. Les clercs ne pourront exercer aucun trafic, s'ils veulent jouir de leurs privileges, & ne fe mêleront que des fonctions ecclefiaftiques.

XL.

Julien de Co, qui refidoit pour le pape à Aëtius ar C. P. lui écrivit une lettre, où il témoignoit chidiacre compâtir à fes peines & aux maux qu'avoit foufert l'Italie par l'incurfion des barbares. Leo. epift. En méme cems il lui done avis d'une nou86. al. 56. velle entreprife d'Anatolius, qui avoit ôté de

de C. P maltraité.

fa

Ta place l'archidiacre Aëtius, toujours catho- AN. 452. lique, & opofé aux Neftoriens & aux Eutychiens, & l'avoit ordoné prêtre de l'église "d'un cimetiere, pour faire archidiacre un nomé André ami d'Eutychés, & accufateur de Flavien. S. Leon en écrivit à Marcien & à Pul- Epift.84.85. querie, fe plaignant qu'Anatolius avoit dé- al. 57. 58. gradé Aëtius, fous pretexte de lui faire honneur. Car n'ayant rien à lui reprocher, pour la foi, ni pour les mœurs : il lui avoit ôté la fonction d'archidiacre, qui donoit une grande autorité parce qu'elle comprenoit l'adminiftration de toutes les affaires de l'église : pour Sup. liv. le condamner à une espece d'exil, en l'atta- XXVII, n, chant à un cimetiere hors de la ville, & en un lieu écarté ; & cela, parce qu'Aëtius avoit toujours été attaché à S. Flavien, & à la foi catholique. Ainfi Anatolius fe rendoit fufpect, de n'avoir pas renoncé de bon cœur aux erreurs d'Eutychés. Il avoit même violé la tradition apoftolique, en faifant cette ordination un vendredi, au lieu de la faire la nuit du famedi au dimanche.

33.

S. Leon prie l'empereur & l'imperatrice de l'obliger à changer de conduite ; & en même tems il leur recomande Julien de Co, qu'il déclare avoir établi fon légat, pour pourfuivre à leur tour tout ce qui regardera la foi & la paix de l'églife, contre les héretiques du tems. C'est le comencement des légats du pape, réfidans à C. P. que l'on noma depuis apocrifiaires ou correfpondans, comme on nomoit déja ceux que les évêques d'Alexandrie & d'Antioche y tenoient pour V. Quefn. les affaires de leurs églises. Mais ceux du not. 6. ad pape y étoient pour les affaires generales, epif. 84, pour maintenir la foi & la discipline, obfer

Yes

AN. 453. ver de prés les évêques de C. P. & empêcher qu'eux, ni les autres patriarches d'Orient n'entrepriffent rien au préjudice de l'églife univerfelle. Ces lettres font du dixiéme & de l'onziéme de Mars, fous le confulat d'Opilion, c'est à dire en 453.

Epift. 86.

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S. Leon écrivit en même tems à Julien fur le même fujet, le priant auffi de l'inftruire de ce qui avoit excité les moines de Palesti ne à faire du défordre. Si c'étoit pour le parti d'Eutychés, ou par un zele indifcret contre Juvenal de Jerufalem, qui l'avoit favorifé. Il lui demande auffi des nouvelles des moines d'Egypte, & de l'église d'Alexandrie; marquant qu'il avoit écrit au nouvel évêque. Il lui recomande de lui envoyer les actes du concile de Calcedoine, exactement traduits en latin, & recueillis en un volume.

Il aprit peu de jours aprés le fujet du tumulte de Palestine, & ce que l'empereur avoit fait pour le reprimer. Les abbez & les moines de Jerufalem, & des environs, adrefferent une requête à l'imperatrice Pulquerie, prétendant juftifier leur conduite, & rejetter les excès, qui avoient été commis fur les habitans de Jerufalem & fur des étrangers. Par. le confeil de l'évêque Juvenal, qui étoit à C. P. l'empereur Marcien leur écrivit une lettre, où il dit: qu'ils devoient fe tenir en repos, & demeurer foumis aux évêques, fans s'ingerer à enfeigner. Il marque enfuite, qu'il a été bien informé, par des actes autenti ques, de tout ce qui s'eft paffé à Jerufalem, & aprés avoir raconté leurs violences: Vous n'avez pas fait cela, dit-il, pour la défense de la foi, mais pour ufurper les prélatures,

dont

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